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Accueil du site > Actualités > Religions > Le conclave : mode d’emploi

Le conclave : mode d’emploi

C’est donc au jour et à l’heure fixée par Benoit XVI, à savoir le 28 février à 20 heures que commencera le processus de désignation du nouveau chef de l’église catholique… le calendrier voulu par l’ex Saint Père devrait aboutir avant Pâques, avant la semaine Sainte, le 24 mars, tout un symbole. Ce qui n’est pas innocent de la part d’un homme qui s’est manifesté tout au long de sa vie comme très attaché à la tradition et aux rituels.

Les cardinaux devraient se réunir, d’ici là, pour préparer le conclave. Au cours de cette réunion, chaque cardinal, est tenu de s’exprimer sur l’état du monde et de l’église, ceci pour fournir aux électeurs du futur conclave quelques indications sur le profil de chacun d’entre eux. Le Saint Père continuera à exercer ses fonctions jusqu’à cette date, et ensuite prendra sa retraite dans un monastère au cœur du Vatican. De fait, cette démission crée un vide, car la Constitution apostolique ne prévoit pas ce cas de figure, en conséquence aucun rôle n’a été prévu pour un Pape démissionnaire. C’est le cardinal Tarcisio Bertone qui administrera les affaires courantes durant le conclave.

Définition.

Le conclave, du latin « clave », signifiant « à clef » (selon Wikipedia) désigne à la fois le lieu où sont enfermés les cardinaux et l’assemblée de ces mêmes cardinaux chargés d’élire le nouveau Pape. Ceux-ci y travaillent sous l’égide du Saint Esprit qui dicte leur choix. Depuis le XVIème siècle le conclave se tient dans la chapelle Sixtine au Vatican. Ils y sont enfermés durant toute la période de leur vote. Une fumée blanche s’élèvera au-dessus des toits pour signifier l’avènement d’un nouveau pape, une fumée noire signifiant que le choix n’est pas encore fait.

Cette procédure, monacale et stricte provient des difficultés à élire un Pape. En 1271 l’élection de Grégoire X avait duré 3 longues années. Dans l’impossibilité de proclamer un nouvel élu, les autorités de l’époque avaient fait murer les portes et fenêtre, ôté le toit pour les affamer et les pousser à se décider. Le procédé était un peu radical, mais efficace, Grégoire X promulgua le décret Ubi pericculum pour en maintenir le principe. Il se perpétue aujourd’hui sous un format plus symbolique. En effet s’il siège dans la chapelle Sixtine, ils sont hébergés dans la Maison Sainte Marthe, résidence hôtelière de la Cité du Vatican.

Les règles.

C’est Jean-Paul II qui fixa les règles actuelles par la constitution apostolique Universi dominici gregis, afin de définir le fonctionnement intérimaire et les règles du conclave.

Toutefois ce processus a été modifié par Benoit XVI, le 11 juin 2007, l‘article 75 de cette constitution a été repris, la règle qui prévoyait une élection à la majorité simple après 30 tours de scrutin infructueux a été supprimé, le Pape a souhaité, tradition oblige, revenir aux principes du Concile III de Latran (1179) pour revenir à la règle impérative des deux tiers de voix.

Seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent y participer et leur nombre ne saurait excéder 120, représentant 1,2 milliard de catholiques dans le monde. C’est le doyen du Collège des cardinaux (Collège cardinalice) qui préside le conclave, et consacre le nouveau Pape à l’issu du vote, il porte le titre d’évêque d’Ostie, le protodiacre prend charge tous les aspects liés à la cérémonie et en particulier proclame le fameux Habemus papam, nous avons un pape, du haut du balcon de la basilique Saint Pierre et en livre le nom en latin à la foule.

Le conclave.

Le conclave s’ouvre sur une messe, afin de solliciter l’Esprit Saint, suivi dans l’après midi du 1er vote. Chaque jour le conclave peut comprendre au maximum 4 votes.

Aujourd’hui il se compose d’environ 117 cardinaux. Les agences de presse ont procédé à un décompte, encore approximatif, mais qui donne toute de même 61 cardinaux européens, contre 11 africains, 11 asiatiques, 14 Nord-Américains, 19 Latino-Américains et seulement 4 français. La présence des Italiens qui ont préempté la fonction papale durant de nombreux siècle sont encore au nombre de 21. Cette composition apporte un début de réponse sur qui sera le prochain Pape. Car si l’on sait que le catholicisme prospère particulièrement, en Afrique ou en Amérique latine, cela ne s’est pas traduit en nombre de Sièges. La vielle Europe qui perd chaque année de nombreux catholique garde encore la majorité au sein du conclave, donc le pouvoir de choisir le Chef suprême.

Pour se donner une idée de l’éventuel poids de Benoit XVI, celui-ci a nommé 67 cardinaux, les 50 restants étant liés à son prédécesseur.

Y a-t-il des favoris ?

Il faut savoir que les favoris des conclaves précédents ont été à chaque fois éliminés. Le statut de favori représente donc un handicap réel.

Les deux plus cités sont donc mal partis, il s’agit du cardinal Angelo Scola, brillant prélat, archevêque de Milan, très proche de Benoit XVI et du cardinal québécois Marc Quellet, le très influent préfet de la Congrégation pour les évêques. Outre qu’ils sont donnés favoris, ce sont tout de même deux personnalités que l’on pourrait qualifier d’intellectuel et sans le charme pastoral que pouvait avoir un Jean-Paul II. Le Vatican vient de donner pendant huit longues années dans un pontificat intellectuel, il risque d’oser le changement ou du moins de revenir aux sources du pasteur, celui qui guide les fidèles.

Pour le continent Nord-Américain, Timothy Dolan, le cardinal de New York a le look d’un prélat conservateur, tout en étant moderne et particulièrement médiatique, mais pas toujours très adroit.

Les Africains pèsent peu en nombre, mais leur place est symbolique. On imagine le choc d’un Pape noir sur le trône de Saint Pierre. Ceux-ci, contre l’idée toute faite qui circule, sont plutôt très conservateurs et proches du pape sortant. Citons tout de même le ghanéen Peter Turkson, leader du conseil pontifical « Justice et Paix » et le nigérian John Onaiyekan qui œuvre pour le rapprochement des chrétiens et des musulmans.

C’est le continent d’Amérique Latine qui pèse le plus lourd en nombre de catholiques avec le Brésil, meilleur élève de la classe, on cite les noms de Claudio Hummes et João Braz de Aviz, ce dernier étant sans doute handicapé par le fait qu’il représente un courant progressiste proche des thèses des théologiens de la libération.

Enfin il faut citer le cardinal de Manille Luis Antonio Tagle, jeune, très charismatique, avec l’avantage de ses 55 ans.

Bref n’oublions pas que ce collège sort tout droit des mains de Benoit XVI et accessoirement de Jean-Paul II, dont on ne peut les soupçonner d’avoir œuvré pour des choix révolutionnaires au sein de l’église catholiques. Tablons sur un nouveau Pape, conservateur, une fois de plus, et capable de réformer à petits pas.


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8 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 13 février 2013 11:42

    Bonjour, Jean.

    Deux fictions cinématographiques illustrent le fonctionnement du conclave. La première, « Les rois maudits », sous la forme de l’interminable conclave de Lyon, finalement forcé, qui a abouti à l’élection de Jean XXII en 1316. La seconde, « Hanemus papam », où un formidable Michel Piccoli, dirigé par Nanni Moretti, incarne un pape qui ne supporte pas le poids de la charge.

    Cordialement.


    • Pelletier Jean Pelletier Jean 13 février 2013 14:35

      Bonjour Fergus,

      Oui j’ai beaucoup aimé la série sur les roi Maudit er le film de Moretti est splendide.
      Ma pensée errante est allé uajord’hui du côté de la poèsie, cela va te plaire...

      http://jmpelletier52.over-blog.com/.


    • jullien 13 février 2013 14:36

      revenir aux principes du Concile III de Latran (1179)
      Il faut écrire « troisième concile du Latran » ou « concile de Latran III » mais mélanger les deux formules me paraît bizarre. Sinon, très bon article.


      • Pelletier Jean Pelletier Jean 13 février 2013 14:37

        Merci Julien de bien veiller à la typographie avec autant de célérité...

        http://jmpelletier52.over-blog.com/


      • ctadirke 13 février 2013 16:31

        Jusqu’à cette date deux camps dirigés chacun par un cardinal ambitieux essayaient de manipuler en profitant de sa relative faiblesse ce pape conservateur

        Mais quoiqu’il en soit , pour l’avenir proche une question se pose effectivement : si c’est le Saint-Esprit qui va inspirer aux cardinaux (tenus par le secret du conclave) le nom du successeur de cette encore influente, sinon puissante, mais agonisante institution, par qui auront été inspirés ceux qui ne voteront pas pour l’élu ? Le Diable ? Des hommes ?

        Si, existant, il était dans le coup, il se serait vraiment beaucoup trompé ou il aurait fait preuve d’une grande inefficacité depuis le début.

        Ras le bol de « notre » anthropomorphisation de Notre Source et de notre Finalité qui ne pouvait que nous faire libre de progresser ou non en amour de Ses créatures pensantes tout particulièrement, de préférence hors de toute « secte qui a réussi » ou non chapelle et ses travers humains inévitables.


        • Roger le Suisse 13 février 2013 21:00

          Ah, c’est un bon business le Vatican ! Ces gens qui prônent la foi et le désintéressement vivent mieux que des Princes. Ils ne servent à rien et ne méritent même pas l’encre (virtuelle) qu’ils génèrent. Croire en Dieu, chacun fait comme il veut. Mais voir ses businessmen rouler sur l’or en ces temps troubles me donne la nausée.


          • DocteurGy 13 février 2013 21:07

            Le plus frappant dans cette histoire de pape du Tiers Monde, quel que soit le continent, c’est l’insistance des non-catholiques à s’immiscer dans ce choix en disant que la Curie serait bien inspirée de nommer un pape noir ou asiatique. La propagande est lancée à coups de gros titres et on essaie de nous imposer un Sri-lankais ou un Ghanéen avant même l’envoi des lettres de convocation. Il s’agit visiblement moins, dans l’esprit des journalistes, de souhaiter à la Communauté catholique, qu’ils dédaignent pour la plupart, le meilleur chef possible, le plus efficace, le plus solide, que de lui souhaiter le chef qui convient à l’esprit du temps, en d’autres termes un fier représentant de la « diversité » obligatoire selon le marketing politique à l’américaine, et pourquoi pas, tant qu’on y est, un pape nommé au nom de la discrimination positive, même s’il n’a rien d’un génie, on s’en fiche, l’essentiel est qu’il soit noir ou jaune. C ’est là que les Cathos disent non merci, si vous voulez bien, on va rester entre nous pour faire cela selon nos règles, et les commentateurs de télé, les journalistes de la presse écrite seraient bien inspirés de les respecter, au lieu de nous imposer les leurs, pour élire le représentant d’une religion qu’ils passent leur temps à débiner.


            • Pyrathome Pyrathome 14 février 2013 00:44

              La machine va t-elle mieux marcher ?
              Sûrement, avec un pape et un soupape......

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