Une propagande médiatique en faveur de la soumission à des prescriptions religieuses
Sur France-info par exemple, on explique en direct que « 80 % des 5 à 6 millions de pratiquants feront ce mois de jeûne » ou encorequ’ils seraient de plus en plus nombreux à « le respecter » introduisant une notion de respect qui n’est pas sans participer d’intimider celui qui oserait ne pas le faire. On reprend le terme de « fidèles » pour parler de ceux qui le font, un terme religieux par opposition à « infidèles » qui n’est pas sans poser problème.
Sur le site de la radio ce 10 août on peut lire cette affirmation pour le moins surprenante : « Pendant 30 jours de 5 à 6 millions de musulmans vont jeûner du lever au coucher du soleil », une information redoublant les propos du Conseil Français du Culte Musulmans (CFCM) laissant penser que ce serait donc la quasi-totalité des musulmans qui le pratiqueraient, ce qui est évidemment faux et loin de la réalité. Aussi, pourquoi reprendre ici sans nuances des informations issues directement d’un organisme religieux qui entend imposer son influence à travers cette pratique entre autres du jeûne ? Que cherche-t-on derrière ces exagérations, cette orientation complaisante du propos envers cette religion ?
On parle concernant les chiffres les plus élevés de 70% des musulmans qui seraient censés le pratiquer selon une étude de l’Ifop de 2009. Mais cette étude révélait aussi que seulement 25% des personnes ayant pour origine un pays musulman se disaient aujourd’hui « d’origine musulmane ».
On sait la mode qui favorise derrière ce genre de discours incitatif la pratique du Ramadan, amenant le musulman à se déclarer le faisant, qu’il le pratique ou pas dans cette lourde atmosphère pro-identitaire. On sait aussi que nombreux sont ceux qui au bout de quelques jours de jeûne s’arrêtent, font les choses partiellement ou donnent même simplement le change pour ne pas être inquiétés et passer pour de bons croyants.
On peut se demander comment il est possible qu’en France, les médias aillent dans ce sens alors qu’en ce moment même, en Algérie et au Maroc, deux mouvements de la société civile ont lancé le débat sur la liberté de ne pas jeûner durant le mois de ramadan. Au Maroc, où le fait de rompre le jeûne en public est passible d’une peine d’emprisonnement, le Mouvement marocain alternatif pour les libertés individuelles, plus connu sous le nom Mali, a relancé le débat sur la liberté de ne pas jeûner au nom de "la liberté de conscience et de religion". En Algérie, le collectif SOS LIBERTES, a appelé au respect des libertés de conscience dénonçant le fait que les non-pratiquants risquent, une nouvelle fois, d’être la cible des forces de sécurité, transformées pour la circonstance en bras armé de l’inquisition.
Pourquoi cette volonté très médiatique de grossir le trait et ce manque pour le moins de nuances, y compris même à travers l’importance donnée à cette information qui la sacralise donnant l’impression qu’être un bon musulman en France, c’est pratiquer le Ramadan ? Pourquoi le travail d’information de certains journalistes conduit-il à encourager ce genre de jugement ? Une façon d’envisager les choses qui n’est pas sans risques pour les libertés des musulmans quant à leur souhait de fréquenter ou pas la mosquée, qui contribue à faire pression pour qu’ils s’en rapprochent. Cette façon de faire de l’information participe d’un prosélytisme pour le moins déplacé de la part d’une radio censée agir dans le cadre d’un service public ! Elle devrait plutôt jouer son rôle d’information concernant les mouvements courageux pour la liberté de conscience en Algérie ou au Maroc ! Encore une fois, quel gage entend-t-on donner par-là, pourquoi et à qui ?
La religion, véritable identité de ceux d’origine immigrée ? Un mythe médiatique et politique dangereux.
Libération qui n’est pas en reste sur la question a carrément fait du Ramadan son principal événement le 10 août dernier, veille de son déclenchement avec comme sous-titre en une « Le mois de jeûne commence pour les musulmans. Une pratique de plus en plus respectée et acceptée, malgré la stigmatisation de l’immigration par le gouvernement » Autant dire que les musulmans eux-mêmes ne pouvait faire acte plus pieux de propagande religieuse. On trouve à l’intérieur un titre de ce dossier des plus provocateurs : « La France fait place au jeûne »…
On feint au passage une opposition entre cette posture de propagande du Ramadan à des fins identitaires et le gouvernement. Façon de se donner bonne figure en faisant passer cette posture journalistique pour une cause de gauche, alors qu’il n’y a pas plus favorable à cette démarche qu’un Nicolas Sarkozy qui a créé le CFCM et fait de l’accroissement de la place des religions dans la société le cheval de Troie de la discrimination positive. Sur ce sujet, droite et gauche même combat !
Force est de constater, qu’il y a dans les médias français un mouvement qui entend donner le sentiment que l’accroissement de la pratique du Ramadan irait dans le bon sens. Mais qu’est-ce à dire ? On connaît le thème politique que sous-tend ce climat idéologique : La volonté que l’intégration des populations d’origine immigrée se fasse par l’aspect identitaire d’une origine rapportée à l’islam et opposée à l’Occident, à la France ex-colonisatrice pour permettre à celles-ci de retrouver une soi-disant dignité mise à mal par l’histoire.
On sent poindre derrière cette vision l’influence d’un modèle anglo-saxon cynique qui, au nom de la reconnaissance des identités, organise la division du peuple afin de faire place nette des résistances à une mondialisation libérale qui n’a que faire de l’intérêt général et entend effacer la place et le rôle des nations dans l’histoire. Un modèle que bien des journalistes ont épousé de longue date en se donnant la bonne conscience de jouer un rôle qui consisterait à donner toute leur place aux populations issues de l’immigration à travers la valorisation d’une religion, ce qui est un mythe dangereux.
Le ressentiment anti-français, vecteur d’une dynamique identitaire qui sert la division du peuple
On sait aussi que la pratique du Ramadan concerne avant tout, des générations qui sont nées sur le sol français et sont de la deuxième ou de la troisième génération. Il s’agit donc pour eux plus d’un mythe historique que d’une réalité vécue lorsqu’ils parlent de la colonisation, encore plus quant ils en rendent responsable une France d’aujourd’hui qui n’y a rien à voir.
La religion ne joue t-elle pas précisément par l’entremise d’une dynamique du ressentiment sur ce genre de confusion mentale crée par les divisions identitaires, que veulent les tenants de la mondialisation ? Leur but, que soit rejeter l’intégration républicaine en redonnant au temple du pouvoir sur des populations qui s’en étaient largement émancipées, invitée à les réencadrer sur le mode de l’opium du peuple !
Lorsqu’on parle des croyants d’une religion dans les médias, on relève fréquemment la même démarche que celle des religions en suivant le principe selon lequel, ceux qui sont nées là où elles rayonnent où sont dans la filiation de parents dont c’est l’origine, leurs appartiennent. C’est exactement l’écho que l’on entend lorsque la plupart des grands médias s’expriment à propos du Ramadan, suggérant, l’air de ne pas y toucher, que tous devraient le pratiquer. Ils créent les conditions que les musulmans soient sous une pression idéologique qui les contraint de plus en plus à ne pas pouvoir faire le choix de ne pas le faire !
Mais les choses aujourd’hui se jouent-t-elles bien pour les musulmans autour de la question du respect stricte du Ramadan ou plutôt dans le fait qu’ils s’impliquent dans la dynamique collective qui porte au-dessus des différences le bien commun, ce que l’on a à mettre ensemble pour bâtir une société du mélange, de la mixité et de la reconnaissance sans complexe ni racisme ? Car rien ne nous protège plus contre ce dernier que la laïcité, qui fait de l’intérêt général la première des valeurs en même temps qu’elle garantit à chacun le droit de croire ou de ne pas croire comme le libre exercice du culte, en exorcisant les mises à part.
Une valorisation dangereuse de la religion au service de l’ultra-conservatisme.
Mais le problème crucial posé ici, n’est-il pas précisément celui du choix d’une pratique de la religion respectueuse des droits et libertés parce que s’émancipant d’un pouvoir du religieux qui veut peser sur les choix politiques des citoyens en mettant à mal notre démocratie ?
Ces fameux médias induisent qu’être croyant c’est se soumettre aux rites inscrits dans les règles et les commandements d’un coran ou d’une bible sur le mode d’une lecture littérale qui est des plus régressives, ce qui pourtant relève de l’intégrisme dont c’est la définition même ! C’est valider un processus de repli identitaire dont le port du voile est directement l’effet.
Dans l’idée de « respect » du Ramadan ou du port du voile, il y a une connotation du bon croyant qui est de l’ordre de la vertu en regard de ceux qui sont en dehors. Derrière la vertu il y a une notion de la pureté qui interdit de se mélanger où c’est la souillure. Un principe de pureté religieuse qui a d’autres exemples dans l’histoire qui peut conduire aux pires horreurs.
C’est exactement sur ce genre de principe que chez nous catholiques et protestants se sont étripés, dans un sens littéral du terme pendant des siècles, en commettant les pires atrocités les uns envers les autres ! C’est au nom de ce principe que le mythe de l’aryen a accouché du monstre du nazisme avec sa solution finale et ses 50 millions de morts pour une seule guerre.
D’ailleurs, comment est-il possible qu’une famille musulmane pratiquante considère le mélange interdit et que ces mêmes médias, qui font leurs choux gras de la dénonciation des discriminations en tous genres concernant l’immigration, n’y réagissent nullement ? Ils crieraient pourtant au loup sans délais si des familles françaises d’origine européenne se mettait à exclure de leurs futures brus ou gendres ceux qui sont de religion musulmane !
Mais pourquoi alors trouvent-ils cela normal chez les musulmans pratiquants ? Parce que la religion en ces temps de crise morale est présentée comme intouchable en regard du rôle de cohésion sociale qu’on entend lui faire jouer pour conduire le troupeau au service d’un système qui casse toutes les autres solidarités. On voit comment derrière une démarche qui passe pour progressiste en surmédiatisant le ramadan on mène, en réalité, une opération ultra-conservatrice et dangereuse pour notre vivre ensemble !
La promotion d’une pratique vertueuse qui s’en prend directement aux droits des femmes et à l’intégration
N’est-ce pas en raison du climat médiatique en faveur de cette logique de la vertu que les musulmans ont tendance à ne pas savoir différencier l’intégrisme, l’islamisme, d’une pratique laïque de leur religion et ainsi avoir tendance à soutenir tout ce qui a à voir sans distinction avec elle, y compris des crimes qui sont quotidiens sous le régime des Républiques islamiques ? On ne s’autorise pas dans les grands médias à critiquer le fait que le CFCM, par exemple, ne condamne pas la lapidation, cette monstruosité ou encore, le terrorisme du Hamas ou du Hezbollah en reflet du soutien qu’il reçoit de l’Organisation de la conférence islamique (OCI)organisation religieuse supranationalequi a pignon sur rue à l’ONU.
Pourquoi ces médias qui trouvent toutes les vertus à la pratique de l’islam en France ne font pas leur travail en oubliant de faire le lien entre le développement du communautarisme, la burqa qui devient de plus en plus visible dans notre société, et les pratiques barbares issues du tribalisme patriarcal du type de celui dont la revue le Time rend compte en ce moment à sa « Une ». On y voitla photo d’une jeune femme mutilée par un taliban parce qu’elle a osé quitter son mari et sa belle-famille qui la battaient : ce criminel abject lui a coupé le nez et les oreilles. Faut-il encore évoquer le sort de cette iranienne, Sakineh Mohammadi-Ashtiani, jeune veuve iranienne de 43 ans, accusée d’adultère et de complicité de meurtre de son mari, qui risque la lapidation suite à des « aveux » télévisés... Une confession qui, selon ses avocats, a été tout simplement arrachée sous la torture ! C’est le journal « ELLE » qui vient de lancer un appel pour empêcher ce nouveau crime : « Il faut sauver Sakineh ! ». Soutenez-le !
Pourquoi les grands médias français ne dénoncent-ils pas qu’aucune autorité représentant l’islam en France n’intervient en la faveur de cette femme ! Pour ne pas gêner le bon déroulement du Ramadan sans doute ! Pour ne pas avoir à souligner l’évidence que cette religion fabrique des hommes « tout-puissant » face à des femmes que le dieu de ceux-ci a décrétées inférieures, ce qui n’est pas sans conséquences en regard même de l’intégration ! Un sujet qui est quasiment tabou ! Liberté de religion de l’immigré victimisé et respect des traditions obligent encore une fois…
Il y a tout un discours identitaire, largement relayé sous prétexte de respect des origines s’affirmant au nom d’une pseudo-revanche sur le colonialisme devenue sans objet aujourd’hui, qui conduit directement à la mise en état de soumission par cette religion des femmes. Il conduit aussi à laisser les mains libres à la religion envers une population donnée et combien de quartiers de banlieue qui en conséquence se communautarisent.
Pas plus, ces grands médias ne dénoncent le fait qu’en France, une large majeure partie des imams qui en ce moment même prêchent dans les mosquées en plein Ramadan, est directement financée par des fonds venus de pays étrangers qui ne se cachent nullement, si on prête un peu l’oreille, de vouloir qu’on applique ici même, dans notre pays, la charia. Ils ont bien failli l’obtenir, il n’y a pas si longtemps au Canada, par la mise en place de tribunaux islamiques. C’est la mobilisation internationale qui a seul permis d’y mettre un coup d’arrêt !
L’absence d’une véritable critique de l’islam dans le débat public qui soit constructive pour sa modernisation est un problème qui fait incidence sur la société française tout entière. Les musulmans en sont les premières victimes qui méritent mieux que le sort auquel ils sont laissés, celui du retour de la tradition et d’un conformisme religieux qui tournent le dos à l‘évolution des mentalités et les éloigne des valeurs de la société française.
Croyants pratiquants ou non, incroyants même combat contre la mondialisation et la domination de l’argent roi !
Le fait que les musulmans fassent ou non le Ramadan ne pose pas de problèmes tant qu’il s’agit d’une pratique religieuse personnelle et discrète. Mais si cette pratique se veut tonitruante pour servir au pouvoir d’une religion et sa faculté à étendre son influence sur la société pour peser à travers des traditions d’un autre âge sur notre mode de vie, notre libre pensée, notre démocratie jusque contre notre laïcité républicaine, là il faut savoir dire non ! Il ne faut pas transiger sur ces valeurs d’émancipation que nous tenons de la rupture du pouvoir politique avec le religieux obtenues de hautes luttes, liberté-égalité et fraternité, qui caractérisent le progrès. Des valeurs qui sont en filiation avec les penseurs des Lumières dont la Révolution française et ses Droits de l’homme et du citoyen, références universelles, directement découlent.
Il ne faut pas laisser s’insinuer d’intermédiaire aux intérêts partisans entre le citoyen et la nation, surtout pas ceux des religions, on sait ce qu’il en est à l’arrivée, partout et toujours la dictature, l’oppression. C’est un enjeu politique sans aucun doute de première importance, car c’est aussi aller contre le modèle de société que la mondialisation entend promouvoir, celui d’un peuple fracturé en une multitude de communautés ethniques et religieuses aux intérêts concurrents, lorsque l’heure est au contraire à s’unir contre les méfaits d’une économie hyper individualiste, égoïste et par essence injuste qui ne connaît ni frontières ni complexes ni morale.
Il faut aider les musulmans à une mutation idéologique qui consiste à sortir d’une vision qui assimile la démocratie à l’ennemi qui les aurait opprimés en les poussant à l’exil via les effets de la colonisation et de l’économie de marché. Car c’est bien ce qu’on le leur explique dans les mosquées de ces pays d’où ils viennent où l’islam est religion officielle, voire dans leurs livres d’histoire jusque dans certains médias français. Il faut pouvoir mener le débat sur ce sujet en sortant du sacré et de la sur-médiatisation de la vertu religieuse qui l’accompagne pour qu’un nouveau regard sur la démocratie puisse naître dans la mesure où elle leur confère un statut précieux de citoyen. Mais aussi, on doit inciter à ce qu’ils prennent en compte les valeurs dominantes d’une société dans laquelle ils ont décidé de vivre sans avoir à se renier, parce qu’elles correspondent à des lois et une identité communes, à une histoire qui doit s’écrire ensemble, à une même nation.
Rejeter le repli identitaire et la logique des minorités c’est préserver toutes ses chances au peuple de France, croyants pratiquants ou non de toutes religions et incroyants confondus, de défendre l’intérêt général, les biens publics qui le soutiennent tels le droit au travail ou au logement, à l’école laïque, tel notre modèle social à l’usage de tous, contre les méfaits du marché et de la loi du plus riche et du plus fort. Quel plus beau programme et des plus vertueux que celui-là ! Que dans les mass-médias, grands pourvoyeurs d’informations et d’idées qui veillent si bien sur nos consciences, on se le dise !
Guylain Chevrier.