Religions : Quesaco ?
Au 21ème siècle, les religions sont omniprésentes sur toute la planète et ont toujours existé depuis que notre espèce est passée du statut animal à celui d’être humain : mais en fait, que sont les religions ?
La religion, n’étant pas une chose naturelle, correspond donc à une construction humaine : comment cela a-t-il pu commencer ?
Par rapport à nos cousins animaux, notre spécificité se caractérise par notre faculté de penser mais par contre, nous partageons avec eux, entre autres, le difficile sujet du pouvoir au sein du groupe.
Notre faculté de penser a pour redoutable effet de ne pas pouvoir avoir de réponses aux éventuelles questions que nous nous posons sur les raisons de notre présence terrestre : ce questionnement métaphysique est encore plus viscéral quant aux interrogations que nous avons tous vis-à-vis de la mort et de l’éventuelle survivance de notre esprit quand notre corps cesse de vivre (rappelons que les rites funéraires font partie des premiers signes culturels de nos ancêtres préhistoriques).
Cette faculté de penser ne peut être aussi qu’interpellée par rapport à la beauté et à la diversité de « Dame Nature » ou impressionnée par la puissance de certains phénomènes (orage, tempête, etc.) et ce, même si au fil des millénaires et à travers le développement de la recherche scientifique, nous comprenons de mieux en mieux notre environnement naturel.
Tout cela serait-il le résultat d’une création par un être supérieur ? Peut-être…
L’observation de l’organisation sociale des mammifères (dont nous faisons partie) permet de comprendre que le pouvoir au sein d’un groupe est toujours géré de la même manière : le plus fort physiquement s’impose sur les autres membres qui reconnaissent sa domination.
A ce sujet, notre espèce a également évolué en développant parallèlement à la « loi du plus fort physique » un second instrument de pouvoir instantané, à savoir la « loi du plus fort verbal » qui permet, à l’instar du premier, de prendre rapidement le dessus au sein d’un groupe uniquement par la faculté de discourir.
On peut donc imaginer que la religion serait née de la conjonction de ces diverses caractéristiques : un individu malingre et intelligent mais aussi charismatique et manipulateur, brûlant d’exercer son pouvoir sur les autres mais ne pouvant y parvenir par la force physique, aurait inventé un début de mythologie lui permettant de s’imposer vis-à-vis de ses congénères ; lui seul (et ses adeptes dans un second temps) étant à la fois dépositaire et en charge de la transmission de ce savoir inconnu jusqu’alors et transmis par une « puissance supérieure ».
Bien évidemment, cette méthode a fait de nombreux émules et au fil des siècles, le système est devenu de plus en plus sophistiqué pour aboutir à ce que nous connaissons aujourd’hui.
Du point de vue de l’organisation de la Cité, les deux protagonistes du pouvoir temporel (le chef et le prêtre) ont très vite compris tout l’intérêt qu’ils auraient à s’allier afin de dominer le reste de la population car on peut noter que le totalitarisme religieux est parfois initiateur, souvent complice et quasiment toujours complaisant vis-à-vis du totalitarisme politique ou financier (à l’exception notoire du malheureux exemple des pays dits communistes).
Il est également à noter que ce mode de gouvernance de la Cité est universel et se retrouve sur tous les continents et quasiment dans toutes les civilisations (de la plus primitive à la plus « évoluée »).
Les religions ont donc manifestement participé fortement à la construction de l’organisation de la Cité : ce sont donc des idéologies éminemment politiques.
Depuis deux millénaires, l’Europe est essentiellement concernée par les trois branches d’une doctrine dont les précurseurs ont inventé des systèmes d’organisation sociale totalisants basés sur la soumission, la frustration et le patriarcat à partir d’idées et discours de personnages charismatiques ; les règles en ont été plus ou moins codifiées dans des livres et, à côté de quelques grands principes intéressants qu’on peut qualifier d’humanistes, on y trouve nombre de récits légendaires, une foultitude d’interdits superstitieux (particulièrement en relation avec l’alimentation) et une relation névrotique au sexe et donc à la femme (lire sur ces deux derniers sujets l’excellent ouvrage « Mon Dieu, pourquoi tous ces interdits » édité par les éditions Corlet dans la collection « Panoramiques »).
La branche la plus ancienne est sans conteste le judaïsme dont la création remonterait à environ 3 800 ans ; sa présence en Europe est ancienne mais modeste et remonte à l’Antiquité.
Deux personnages, « Abraham » et « Moïse », seraient les initiateurs de ce mouvement mais aucune preuve concrète ne permet de l’attester ; ces noms apparaissent dans une « saga » intitulée « la Bible » dont les divers épisodes ont été écrits au fil du temps par les tenants de la codification juridique de la doctrine.
Cette religion a pour particularité d’être basée sur un principe à connotation raciste, à savoir l’existence d’un peuple soi-disant « élu » et donc supérieur au reste de l’humanité.
Les adeptes sont astreints à un arsenal d’interdits dans la vie courante (et particulièrement au niveau alimentaire) dont certains relèvent plutôt de la maniaquerie (voire de la psychiatrie).
Sociétalement, deux points sont à remarquer : la quasi-absence de prosélytisme et une volonté assez forte de communautarisme (certainement liée au nombre peu important d’adeptes et au principe « raciste » cité précédemment).
Dans un second temps, est apparu le christianisme il y a environ deux mille ans.
Un personnage charismatique dont l’existence est avérée, Jésus, est à la base de cette doctrine ; catalogué juif à la naissance mais homme apparemment fortement intéressé par l’amélioration pacifique des relations entre les êtres humains, il n’a toutefois pas eu le temps de mettre par écrit ses pensées car, trop dérangeant pour l’époque, il a rapidement été éliminé physiquement par ses adversaires et ce sont ses partisans qui, tout en ne rejetant pas les textes juifs initiaux, leur ont adjoint de nouvelles et nombreuses annexes.
On note que pour les chefs religieux chrétiens, les juifs ont longtemps été responsables de la mort de Jésus et de ce fait la relation entre les deux communautés n’a jamais vraiment été harmonieuse.
Les chrétiens ont rapidement dominé l’Europe ; la chrétienté a pour particularité d’avoir abandonné très vite la majeure partie des interdits relatifs à la vie quotidienne pour se concentrer de manière obsédante sur la sexualité et sur la repentance (tout du moins pour le catholicisme).
A l’inverse des juifs, les chrétiens veulent imposer leur foi au monde entier et l’ont d’ailleurs fait (parfois avec violence) avec plus ou moins de succès sur tous les continents de notre planète.
En dernier est apparu l’islam il y a environ 1 400 ans.
Comme pour le christianisme, un personnage charismatique, Mahomet, est à l’origine de cette idéologie ; homme de pouvoir temporel, il a imaginé un système beaucoup plus abouti qui régit juridiquement toute la vie des adeptes mais aussi la société ; à nouveau, ce n’est pas l’initiateur du dogme qui a mis par écrit ses pensées mais ses adeptes qui ont rédigé les textes d’un recueil intitulé « Coran ».
Cette doctrine, tout en ne niant pas une filiation avec le judaïsme et le christianisme, a pour particularité de s’être construite contre eux et de nombreux articles de son règlement intérieur prônent quasiment la guerre contre ces idéologies cousines.
Malgré de nombreuses relations culturelles, commerciales et guerrières au fil des siècles, la présence musulmane n’a jamais été réellement importante en Europe (à l’exception de l’épisode « ibérique » à la fois long dans le temps mais géographiquement restreint) mais s’est nettement amplifiée dans les trente dernières années du fait de l’immigration.
Les interdits (particulièrement alimentaires) présentent des similitudes avec ceux des juifs (raisons historiques et géographiques).
On note également que tout en n’étant pas raciste au sens premier du terme, l’islam classifie les individus en ne leur accordant pas juridiquement la même place dans la société selon leur appartenance religieuse et leur sexe.
Comme les chrétiens, les musulmans sont très prosélytes et veulent imposer leur foi au monde entier (également par la force si nécessaire) ; dans un contexte géographique où ils ne sont pas majoritaires, on constate également une propension au communautarisme fortement encouragé par les chefs religieux quand ces derniers prennent « pignon sur rue » ; le contexte « guerrier » historique et décliné concrètement dans de nombreux articles du « Coran » pose également question quand tout le monde est réuni sur un même territoire.
Il ne s’agit donc pas de trois religions fondamentalement différentes mais d’une simple histoire de famille.
Toutes trois ont d’ailleurs pour particularité d’embrigader les enfants dès leur plus jeune âge (parfois en les marquant dans leur chair de manière indélébile) afin d’assigner les individus à une résidence communautaire supposée (ce qui s’apparente à un fonctionnement sectaire) et de disposer de règlements intérieurs rédigés il y fort longtemps sans apparente possibilité de mise à jour (tant par rapport au contexte historique qu’au niveau de l’adaptation géographique).
Et c’est certainement sur ce dernier point que le bât blesse et pose énormément de problèmes dans nos sociétés occidentales où dès le 16ème siècle, un formidable travail d’émancipation a été mis en œuvre et où la raison et l’instruction rationnelle ont peu à peu pris le pas sur la superstition et l’aliénation.
Le but premier des religions étant la structuration de la vie temporelle dans la Cité, on peut entendre que les chefs de ces époques lointaines aient eu recours à nombre de mythes, légendes et superstitions pour impressionner leurs contemporains ignares et crédules mais il serait grand temps qu’ils dépassent ce modèle d’organisation et s’adaptent à nos époque et territoire.
Prenons par exemple, les dix commandements attribués à Moïse et que ces trois religions respectent ou reconnaissent :
- Les quatre premiers (unicité, idole, juron, repos) concernent la relation avec Dieu : ils apparaissent maintenant bien infantiles même si le quatrième (repos) reste d’actualité puisqu’il rejoint les préoccupations des travailleurs face aux diverses forces d’exploitation de l’Homme
- Les six derniers (respect des parents, meurtre, adultère, vol, faux témoignage, convoitise) concernent la relation entre êtres humains : ils restent fondamentalement importants pour organiser une société apaisée (même si le septième – adultère - doit être appréhendé sans pruderie car concernant prioritairement la vie personnelle du couple et le dixième – convoitise - nécessite d’être expurgé des connotations patriarcale et esclavagiste de son contenu)
A travers ces commentaires rapides, on perçoit bien les modifications qu’il serait facile d’effectuer pour adapter ce texte « fondamental » à notre époque.
Il suffirait donc que les prêtres de tout poil fassent ce travail d’inventaire sur la totalité des textes religieux en abrogeant les articles anachroniques, archaïques, infantilisants et liberticides pour qu’enfin, ils soient positivement utiles à notre société et encouragent le respect entre êtres vivants (humains et autres). Et quel formidable challenge pour ceux qui, depuis notre pays, pourraient être le « fer de lance » de la nécessaire et indispensable réforme religieuse mondiale.
Petit clin d’œil : pourquoi ne s’inspireraient-ils pas du message universel d’un autre conte plus récent, « Le Seigneur des Anneaux », ode au combat et à la victoire du bien contre le mal et à la rencontre entre races différentes toujours prêtes à festoyer ensemble sans aucun interdit ou tabou imbécile (tout cela en l’absence totale d’un quelconque être supérieur en permanence courroucé…).
Quant aux responsables politiques élus démocratiquement, qu’ils arrêtent de flatter la bêtise et la schizophrénie liées à des pratiques religieuses complétement décalées pour notre époque, et ce particulièrement dans un pays comme la France qui a eu l’honneur de concevoir le concept de laïcité, par lequel il faut entendre non seulement un ensemble de textes juridiques concernant l’enseignement public et la séparation entre les églises et l’Etat mais surtout un état d’esprit émancipateur qui privilégie la réflexion raisonnée sur la croyance superstitieuse.
En aucune manière, il ne s’agit d’interdire à quiconque de croire en n’importe quoi, mais parallèlement il ne peut non plus s’agir de s’interdire de dire que c’est n’importe quoi… Il faudrait simplement faire en sorte que les règles irrationnelles des idéologies politico-religieuses ne reprennent le pas dans l’espace public.
Utopie ? Peut-être… En tout cas, certainement une des seules possibilités si on veut éviter que le 21ème siècle soit au diapason des précédents, c’est-à-dire guerrier et sanglant…
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