Selon l’usage
L’AFP nous apprend qu’à l’occasion du décès de « quatre personnes d’origine marocaine [...] dans l’incendie de leur pavillon mardi à Mantes-la-Jolie (Yvelines) [...] Le maire, le sous-préfet et le commissaire de police de la ville [sont] « venus présenter leurs condoléances aux autorités religieuses, comme il est d’usage dans la communauté musulmane » » (source)
Manifestement, dans les Yvelines, la République, reconnaît une religion et se plie à ses us et coutumes. Nous orientons-nous vers un amendement de la Constitution de 1958 qui, à ce jour, à la prétention de constituer la France comme « une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » ?
Sur ce cas particulier, pris en considération le fait que les défunts n’étaient pas célèbres, que leur mort est survenue de manière accidentelle sans dimension exceptionnelle, est-il selon l’usage de la République qu’un sous-préfet et un commissaire de police présentent leurs condoléances ? Si tel est le cas, est-il judicieux d’adresser de telles condoléances « aux autorités religieuses » en non pas, tout simplement, aux proches des défunts ? Est-ce un travers de la dépêche AFP ou bien était-ce véritablement l’intention de ces représentants de la République que de prendre en compte la croyance plutôt que le citoyen notamment croyant ?
Et s’il n’est pas de l’usage de la République que ses autorités se déplacent dans de telles circonstances, doit-on comprendre que ce n’est pas même de rapport à la laïcité dont il est question, mais de rapport à la « communauté musulmane ». Les ressortissants de cette « communauté » sont-ils des citoyens d’un intérêt supérieur pour la Nation, y a-t-il, désormais, inégalité d’attention fondée sur une distinction de religion et, indirectement, d’origine ? Cette dernière hypothèse, la plus fâcheuse, serait, d’ailleurs, tout aussi pertinente au cas où il serait bien de l’usage de la République que ses autorités se déplacent en ces circonstances mais que l’adresse des condoléances aux autorités religieuses -qui n’ont théoriquement aucun caractère d’autorité au yeux de la République- plutôt qu’aux citoyens soit motivée par l’usage de cette « communauté ».
L’expression « comme il est d’usage dans la communauté musulmane » contenue dans cette dépêche a priori anodine est lourde d’implications. Il serait du plus intéressant de connaître son origine exacte.
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