Zoroastre : sa Révolution Théologique
Thème : Religions
Cet article fait suite à l'Article "Zoroastre : son Pays et sa Vie" : lien en (17)
« Au total, c'était une magnifique religion, bien moins guerrière et sanguinaire, moins chargée d’idolâtrie et de superstitions que les autres religions de l'époque ; vraiment elle ne méritait pas de mourir si vite. » (3) « Zarathoustra est un Prophète moderne dont la doctrine était rationnelle, simple, en contact étroit avec la nature. » (5)
Nous évoquons ici la Révolution Théologique de Zoroastre, avant d'aborder sa remarquable Eschatologie dans un autre article.
( Evocation de l'émergence du monothéisme dans la Montagne - Fleur de Chardon )
« Zarathoustra est un Prophète sans visage, comme Ahura Mazda fut un Dieu sans statue » (1) En effet, cette religion Perse est dématérialisée, abstraite, spiritualisée, philosophique. Point de vénération d'idoles ! (16)
Hérodote (Ve siècle avant JC) disait : « Pour les usages des Perses, voici ce que j'en connais : statues des dieux, temples et autels sont choses qu'ils n'ont pas coutume de construire ; et même les peuples qui en construisent se font accuser par eux de folie ; c'est, je pense, qu'ils n'ont jamais, comme les Grecs, attribué aux dieux une nature humaine. »
Cette abstraction est une difficulté à surmonter pour cette nouvelle religion qui entre dans un monde qui avait toujours fonctionné avec des rituels magiques et des dieux très humains. L'abstraction est une difficile exigence. C'est pourquoi il est quand même arrivé que le Dieu Ahura Mazda ( = Seigneur Sage) été représenté par quelque roi, sur son tombeau par exemple, pour rehausser son image de roi.
La religion conçue par Zoroastre est une réforme hardie du mazdéisme polythéiste. C'est une vraie révolution au sens de Condorcet (= dont le but est la liberté).
>>> LE DÉFI DE ZOROASTRE
Le premier défi que Zoroastre savait devoir affronter au pied de la montagne était la religion en place. Il combina donc trois éléments :
1 – Concevoir une doctrine qui semble à priori familière. Il le fit en utilisant les noms de dieux mazdéens pour désigner les attributs qualitatifs du Dieu unique. Ces attributs sont les sept « Saints Immortels », les ''archanges'' du zoroastrisme. Ce sont : Sagesse, Bonne Pensée, Ordre Juste, Royaume de Dieu, Dévotion, Santé, et Immortalité . Sagesse étant le plus souvent associé avec l'un des six autres.
Chacun dans son domaine, les ''archanges'' veillent plus particulièrement sur certains aspects spécifiques : sur la vie animale, sur l'ordre cosmique, sur les métaux, sur la terre comme principe féminin et fécondateur, sur l'eau, sur la flore, ....
Les Gâthâs utilisent la forme poétique des Hymnes mazdéens, mais le contenu s'oppose violemment à la religion et aux usages en place.
2 – Établir initialement une entente entre le Pouvoir et la Foi. Il ne s'agit pas d'une ''complicité'' entre ces deux entités, comme on l'a si souvent observé avec d'autres religions. Il s'agit de trouver un souverain dont la vertu soit naturellement compatible avec la Foi, car « la royauté ne vaut rien sans la croyance ». Le roi du petit royaume de Vishtaspa près de Samarcande/ Bactriane fut ce premier bon roi.
3 – Former des groupes de disciples qui vivent humblement, se déplacent en ''troupes'' (armés, sinon ils n'auraient pu survivre à l'époque) pour prêcher le message de Zoroastre toujours plus loin.
La foi de Zoroastre s'est ainsi répandue au rythme des victoires remportées sur les souverains ''méchants'' et, selon l'adage, se répandit ''dans tous les royaumes''.
>>> LA RÉVOLUTION THÉOLOGIQUE
Sur la montagne, Zoroastre avait questionné sans cesse le Seigneur. D'abord sur le « monde primitif » (= la Genèse), sur le Bien et le Mal, et sur mille autres sujets. Petit extraits en (13).
Au final Zoroastre élabora une mystique rationnelle qui détermina l'éthique existentielle qui lui correspond.
La grande œuvre de Zoroastre a été de transformer une religion traditionnelle polythéiste centrée sur les sacrifices rituels d'animaux en une religion sans rites axée sur des préoccupations éthiques.
Il convient aussi, pour interpréter les textes de Zoroastre, de toujours avoir présent à l'esprit la clef qui ouvre les arcanes de la pensée zoroastrienne : LA TRILOGIE SACRÉE des pensées pures, des paroles pures et des actions pures : « Humata, Hûkhta, Hvarshta. Clef aussi indispensable que celle d'une portée de solfège, sans laquelle on interprète faussement la pensée du Prophète. » (1) En outre, Zoroastre insiste sur l'importance des actions (ne pas ses contenter d'invocations ou d'intentions).
« Un nouveau, un immense pas en avant s'accomplit dans la religion, lorsque les intérêts de l'homme se concentrèrent autour des grandes puissances de la nature et se placèrent sous leur dépendance. » (10)
>>> UN MONOTHÉISME ABSOLU ET UNIVERSEL
Le zoroastrisme est la plus ancienne des grandes religions monothéistes (si l'on met à part le mithraïsme qui l'a précédé (et lui a survécu) de quelques siècles, ainsi que l'éphémère culte du Disque solaire d'Akhenaton, vers -1330 avant J.C.). Cette antériorité sera étudiée plus loin.
Il convient de rappeler que nombre de Peuples Premiers Animistes mentionnent eux aussi une Création très ancienne, au début des Temps, par un Dieu Créateur qui se retira ensuite dans un lieu éloigné (souvent une montagne). Ces idées similaires sont nées indépendamment sur différents continents, à des époques probablement très anciennes.
Rappelons que la définition de la Divinité de Zoroastre, citée par Eusèbe de Césarée ne laisse aucun doute ni espace pour contester le point du monothéisme : « Dieu est le premier des incorruptibles, éternel, non engendré. Il n'est point composé de parties. Il n'y a rien de semblable ni d'égal à lui. Il est auteur de tout bien, désintéressé, le plus excellent de tous les Êtres excellents, et la plus sage de toutes les intelligences, le père de la justice et des bonnes lois, instruit par lui seul, suffisant à lui-même, et premier producteur de la Nature. » (11)
La lecture des antiques Gâthâs et des Yashts (Hymnes et Cantiques) montre une parfaite cohérence avec cette définition.
Dieu est un Être essentiellement bon. Il abhorre le mensonge.
Le Zoroastrisme rompt avec l'approche traditionnelle de Dieux dédiés à des intérêts particuliers, ou attachés à un peuple ou à une nation. Zoroastre souligne que son message est universel. Il affirme « Celui qui appartient à une autre religion, et de ce fait est un hérétique, peut être accueilli dans la maison du juste et être considéré comme un juste. » Il ajoutait que toutes les races ont des justes, et que même des Touraniens (pillards nomades) peuvent être reconnus saints, s'ils font prospérer la vertu.
>>> UNE RELIGION DE LIBERTÉ
« Les Gâthâs s'adressent à la conscience de l'homme : elles lui enseignent la droiture, la justice et la loyauté ; elles le placent devant ses responsabilités et le laissent vivre et agir à sa guise, librement et sans contrainte, comme doit vivre et agir un être intelligent, doué de raison et jouissant du libre arbitre. » (6)
Une conséquence fondamentale de cette vision est la place primordiale donnée à la responsabilité individuelle de chacun, et signifie en même temps une rupture nette avec l'antique responsabilité collective si commune dans les structures sociales archaïques de l'époque.
>>> UNE RELIGION ÉTHIQUE
« L'action morale précède la réforme socio-économique qui ne vaut rien sans elle. »(1)
Que ce soit avant ou après Zoroastre, la plupart des grandes religions monothéistes s'imposèrent davantage au plan de la souveraineté de leur divinité que de sa position éthique. Là aussi, Zoroastre innove, et est très moderne, même encore de nos jours !
Zoroastre affirme que la vérité de la religion réside dans sa signification morale. C'est pourquoi, on l'a vu, Zoroastre romps avec les représentations divines (statues) qui depuis toujours représentaient les Dieux sous des traits anthropomorphiques ou zoomorphes. Il les remplace par une ascèse philosophique à valeur universelle. Zoroastre lui-même s'efface derrière son message. Là aussi, c'est toujours une approche innovante, encore de nos jours.
Cependant, « L'emprise de l'abstrait ne fit pas perdre à Zoroastre le sens du concret. » (6)
> Dignité pour l'être humain
Avant Zoroastre, les femmes des peuples ''Aryas'' étaient de véritables esclaves. Certains peuples Aryas -les Kafirs-, qui sont restés à l'écart de la réforme de Zoroastre, ont conservé les usages anciens. (14)
La soumission ou l'esclavage de l'humain sont totalement rejetés dans les Gâthâs. Là aussi, c'est une innovation de Zoroastre. L'égalité des sexes a aussi été souligné à maintes reprises par Zoroastre. ( quelques exemples en (12) )
Sur ces deux points, les textes d'autres monothéismes ne sont pas toujours explicites, c'est le moins que l'on puisse dire...
> Dignité pour l'animal
A la lecture des Textes, on comprend vite que, pour Zoroastre, les animaux ne sont pas seulement des ''êtres sensibles'', mais aussi des êtres à part entière et à ce titre-là dignes de respect. Zoroastre révèle que la capacité de choix exista dès la première créature créée par Dieu. Par ailleurs, tout comme l'homme, les animaux sont dotés d'une âme. Pour Zoroastre, la responsabilité du choix (bon ou mauvais) reste attachée à chaque âme après la mort, et est directement proportionnelle à l'éveil de conscience de l'individu. Les animaux ayant un éveil de conscience très largement inférieur à l'homme, ils ne peuvent donc être tenus pour responsables de leurs actions.
Cette dernière considération de Zoroastre porte quatre conséquences importantes :
(A) tout d'abord, contrairement au mazdéisme, il ne peut y avoir des animaux bons et des animaux mauvais. L'éthique de Zoroastre est celle du respect universel de la vie. Certains animaux peuvent cependant nuire gravement à l'homme. Zoroastre reconnaît que l'on peut être amené, par choix, à les tuer, tout en regrettant sincèrement de devoir faire ce geste. Ce conflit intérieur a aussi été présent dans l'esprit de la lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains. (9)
(B) Ensuite, il est de notre devoir de protéger les animaux. Albert Schweitzer disait « La conception du respect de la vie est un mysticisme éthique. » (7).
Zoroastre rappelle que Dieu créa d'abord les plantes et les animaux. Il créa ensuite l'homme et le plaça comme protecteur de la nature animale. Dieu instaura donc une ALLIANCE entre l'homme et l'animal que Zoroastre rappelle régulièrement. (15) Seule une Vision spirituelle qui inscrit l'homme dans une unité vitale commune avec la biosphère peut engendrer un authentique sentiment de respect de la vie.
Ce concept de respect de la Vie, mis en œuvre par la mission protectrice de l'homme, est une innovation de Zoroastre (donc dès avant le VII ième siècle). Mahavira le Jaïn et Bouddha Gautama suivirent la même voie au VI ième siècle. Depuis, le concept a été plutôt délaissé par les grandes religions.
Avec Zoroastre, « prions pour nos âmes, pour les âmes des animaux sauvages et pour celles des animaux domestiques. »
(C) Zoroastre rejette et condamne avec virulence les sacrifices d'animaux dans de nombreux écrits. « Le sacrifice relève d'un ordre opposé à l'éthique, celui de l'offrande à une divinité anthropomorphe, d'une victime sacralisée à la seule fin de rachat et d'expiation » (1) Les sacrifices sont aussi des moyens pour le clergé mazdéen de s'interposer entre les dieux et les hommes, afin d'absoudre ces derniers de leurs fautes, au nom des dieux.
Néanmoins, du temps de Zoroastre, les sacrifices se poursuivirent souvent, car l'ancienne traditionnelle idée que « c'est pécher que de manger de la chair non consacrée » (8) était fortement imprégnée dans les cultures des sociétés de l'époque.
Zoroastre avait pressenti la difficulté de mise en œuvre du principe, car il cite l'âme du bœuf qui s'adresse au Créateur : « Où est l'homme dont tu disais : je le créerai pour qu'il prêche la sollicitude pour les êtres ? » . Plus loin, Zoroastre cite l 'âme de la vache, les pattes liées, livrée aux sacrificateurs, qui « dit sa peine aux Saints Immortels, leur demande quel est le sens de son existence, quel est le rôle de l'homme à qui pourrait la lier un pacte de services réciproques, et leur demande de remplir comme il convient leur tâche de berger. »
(D) En cohérence, Zoroastre prône un régime alimentaire où la consommation de viande se réduise progressivement. Jeune, déjà, il ne consommait que des végétaux et des fromages. Il a conservé cette alimentation dans sa ''retraite'' dans la montagne, et l'a maintenue par la suite.
>>> PROFOND REJET DES CROYANCES A RITUEL MAGIQUE
Les rituels mazdéens sont souvent basés sur des invocations, des incantations. Mais, pour Zoroastre, « le monde ne peut changer seulement par les prières et les bonnes intentions, encore moins par les sacrifices. » (1) En effet, dans le mazdéisme, les offrandes et les sacrifices faits ici-bas sont une forme de négociation avec les dieux, destinées à ''acheter'' en quelque sorte leur bienveillance et à déculpabiliser les pécheurs.
Pour Zoroastre, c'est très différent : le reflet de Dieu n'est présent ici-bas que dans la mesure où les hommes agissent en cohérence avec la Bonne Pensée. « Chacune de nos bonnes pensées, paroles et actions, purifie le monde et y introduit un peu de la nature divine. » (1)
JPCiron
§§§§§§§§§§§§§§ NOTES §§§§§§§§§§§§§§
..... (1) - Zarathoustra et la transfiguration du monde – Paul du BREUIL– 1978
..... (2) - Zoroastre – J. DUCHESNE-GUILLEMIN – 1948
..... (3) - Histoire de la Civilisation – Will DURANT – 1946
..... (4) - La Civilisation iranienne – Georges DUMEZIL – 1968
..... (5) - A Modern Zoroastrian – Samuel LAING – 1887
..... (6) - Monde et parole de Zarathoustra – Amir Mehdi BADI' – 1961
..... (7) - Ma vie et ma pensée - Albert SCHWEITZER – 1960
..... (8) - Orthodoxie zoroastrienne – Marijan MOLE – 1953
..... (9) - Au chapitre 7, Saint Paul dit en substance « Je ne fais pas le bien que je veux et je commets le mal que je ne veux pas ».
..... (10) - Origines et histoire des religions – John MURPHY – 1951
..... (11) - Cité par Andrew Michael de RAMSAY (Voyages de Cyrus – Discours sur la Théologie et la Mythologie des Payens – p. 4 – 1730 – Bettenham Londres - avec ref. Préparation Évangélique, Livre I p.42 Edition Paris - Eusèbe de Césarée (265 - 339 après J.C.), historien et évêque chrétien en Palestine).
..... (12) - Woman in the Gathas and in the later Avesta – Ali A. JAFAREY – 1989
Femme dirigeante : "May a good ruler, man or woman, rule over us in both the (mental and physical) existences." (H 7 - Y 41, st 2).
Choix d'une religion : "Hear the best with your ears and ponder with a bright mind. Then each man and woman, for his or her self, select either of the two (the better and bad mentalities). Awaken to this Doctrine of ours before the Great Event (of Choice)'' (Gathas Song 3 = Yasna 30, stanza 2)
Responsabilité des choix : "Wise God, whoever, man or woman, shall give me what You know to be best in life — rewards for righteousness, power through good mind — I shall accompany him and her in glorifying such as You are, and shall, with them all, cross over the sorting bridge." (Gathas Song 11 = Yasna 46, stanza 10).
Egalité devant Dieu : "The Wise God knows best any person of mine for his or her veneration done in according with righteousness. I shall, on my part, venerate such persons, passed away or living, by their names, and shall lovingly encircle them." (S 16 = Y, st 22) Aussi traduit ainsi : "The Wise God knows better every man and woman among the living for his or her veneration done in accordance with righteousness. We, on our part, venerate such men and women."
Education, pratique et prêche : Advocating learning, practicing, and preaching, it says : "The more a man or woman knows the truth, the better. He or she should zealously practice it and preach it to others so that they practice it accordingly." (H 1 = Y 35, st 6).
..... (13) - AVESTA – Charles Joseph de HARLEZ – 1881 Paris Maisonneuve (p. 346) :
« Je te le demande, dis-le moi en vérité, ô Ahura ! Quelle a été l'origine du paradis ? Etc... » (Gatha 44.2)
« Je te le demande, dis-le moi en vérité, ô Ahura ! Qui fut le procréateur premier, le père de la sainteté ? Qui a établi le soleil et les étoiles dans leur voie ? Quel est celui par qui la lune grandit et diminue ? De toi, ô Mazda, je désire savoir ces choses et d'autres encore. » (Gatha 44.3)
« Je te le demande, dis-le moi en vérité, ô Ahura ! Qui soutient la terre et les nues là-haut ? Et les préserve de toute chute ? Qui a fait les plantes et les eaux ? Etc » (Gatha 44.4)
« Je veux te le demander, dis-moi, en vérité, ô Ahura. Quel artisan parfait a constitué la lumière ? Et les ténèbres ? Quel artisan parfait a formé le sommeil et la veille ? Quel est celui par qui l'aurore, le plein jour et la nuit existent ? Etc » (Gatha 44.5)
..... (14) - La Famille iranienne aux temps anté-islamiques – Aly MAHAZERI – 1938 (P. 88 – 108)
..... (15) - Par son questionnement, Zoroastre constate l'étendue du chemin à parcourir : Y 51.4 - Où est le gardien de la Création ? où est la miséricorde et le pardon ? où trouver la justice ? où la sainte obéissance ? où est la Bonne Pensée ? Où est ton royaume, Mazda ?... (Traductions proposées par Amir Mehdi BADI')
..... (16) - « The teaching of Zoroaster » - Shapurji Aspaniarji KAPADIA - 2012
..... (17) – Article "Zoroastre : son Pays et sa Vie" :
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-son-pays-et-sa-vie-210393
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Mithra sacrifiant le Taureau (Photo Serge Ottaviani - Source Wikipedia)
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