Alzheimer : malades abandonnés au nom de la « rationalité économique »
La sécurité sociale doit-elle arrêter de rembourser les médicaments contre la maladie d’Alzheimer ? Jugés officiellement peu efficaces par les autorités sanitaires (qui ont surtout reçu pour consigne de faire baisser les dépenses de santé), ils devraient sous peu être déclassés comme "médicaments de confort". Et tant pis pour les 400.000 malades sacrifiés au nom de la rationalité économique.
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Dans la France Sarkozyenne, les malades sont devenus une variable d’ajustement des politiques de santé… charge à leurs proches de se substituer au désengagement de l’Etat ! Un constat particulièrement vrai pour les malades atteints d’Alzheimer qui voient leur autonomie diminuer comme peau de chagrin à mesure que le mal progresse.
S’il n’existe pas de traitement miracle contre la maladie, la famille de médicaments prescrits depuis une quinzaine d’années (Aricept, Exelon, Reminyl et Exiba) permet de freiner de quelques mois l’avancée de la maladie et surtout d’offrir un peu de répit aux accompagnants, ces victimes collatérales trop souvent oubliées.
"Si ces médicaments n’enrayent pas l’évolution de la maladie, ils agissent sur les symptômes et sur la qualité de vie des patients. Bien que modeste, leur efficacité est réelle. Il y a danger à ne se fonder que sur la seule rationalité économique", déplore le professeur Bruno Dubois, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Des considérations qui ne semblent pas émouvoir le gouvernement tant la guerre aux déficits est un enjeu crucial pour la droite en vue de la présidentielle de 2012. Paradoxalement, Xavier Bertrand avait beaucoup moins de mal lorsqu’il s’agissait de laisser sur le marché le Mediator de son ami Jacques Servier !
Quel serait l’impact d’un déremboursement en matière de finances publiques ? Anecdotique tout au plus dans la mesure où l’arrêt du remboursement des 400.000 malades aujourd’hui traités, constituerait une économie de 300 millions d’euros pour la sécurité sociale… Une goutte d’eau au regard des déficits abyssaux de la sécu, mais un déremboursement lourd de sens pour les malades dont le prix du traitement est estimé à environ 1.000 euros par mois !
Comme l’essentiel des médecins, le professeur Jean-Pierre Olié, psychiatre en chef à l’hôpital Saint-Anne, juge ce déremboursement « inacceptable, voire scandaleux ». C’est que la question du déremboursement d’un médicament pour absence de résultats curatifs pose des questions éthiques qu’il faudra bien se poser un jour.
Après Alzheimer, le gouvernement choisira-t-il de dérembourser les traitements des cancers incurables ? Ira-t-il jusqu’à ne plus payer pour les soins de santé des personnes en fin de vie ? La médecine ne peut pas se plier aux simples exigences de la rentabilité et de la « rationnalité économique » sous peine d’y perdre son âme.
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