Attention au cancer, les enfants.
De plus en plus d’enfants sont touchés par le cancer. Les progrès de la médecine permettent d’en guérir de plus en plus, mais où est la prévention ?
Cette année, la "journée mondiale contre le cancer", organisée samedi 4 Février 2006 par l’Union internationale contre le cancer, met l’accent sur les enfants.
En effet, le cancer est devenu la deuxième cause de mortalité chez l’enfant âgé de un et quatorze ans, avec officiellement 160 000 nouveaux cas dans le monde chaque année (en réalité beaucoup plus, car tous les pays ne tiennent pas de registre à jour).
En France, le nombre total de cas de cancers a augmenté de 63 % en 20 ans, selon l’association "Les amis de la Terre". Et d’après le site du ministère français de la santé, la probabilité d’avoir un cancer au cours de sa vie serait de 46,9 % pour les hommes (près d’un homme sur 2), et 36,6 % pour les femmes (plus d’une femme sur 3).
Le 24 mars 2003, le président de la République a présenté le plan cancer, pour lutter contre ce qui est devenu un problème majeur de santé publique.
Revenons à la "journée mondiale contre le cancer", qui, selon l’UICC, "mettra l’accent sur la nécessité d’un dépistage précoce et d’un accès égal aux soins."
Le but est donc d’améliorer la prise en charge des enfants atteints de cancer, d’autant plus que "chez l’enfant, les chances de guérir d’un cancer sont plus de deux fois supérieures à celles de l’adulte", souligne Isabel Mortara, directrice générale de l’UICC.
Ouf, enfin une bonne nouvelle !
Mais, j’y pense : le bon sens populaire ne dit-il pas que "mieux vaut prévenir que guérir" ?
Alors, pourquoi le site de l’UICC ne parle-t-il pas de prévention ?
Dans la présentation du plan cancer, la prévention est également peu présente, et elle est même assimilée au dépistage précoce, qui n’a pourtant rien à voir avec de la prévention.
Lorsque votre enfant touche aux boutons de la table de cuisson, vous ne lui dites pas : "Grâce aux progrès de la chirurgie dans le domaine des greffes, si tu te brûles au 3e degré, tes mains pourront être réparées". Vous lui dites plutôt : "Ne touche pas à ça, c’est dangereux".
Par rapport au risque de cancer, que dire à son enfant ? Fais attention au crabe, il pourrait te pincer très fort ?
Que peut-on faire pour que nos enfants ne deviennent pas des petits cancéreux ? N’y a-t-il pas d’autre possibilité que d’attendre qu’ils soient atteints, et d’espérer ensuite qu’ils soient diagnostiqués à temps, puis soignés et guéris, grâce aux progrès de la chirurgie, de la chimiothérapie et de l’industrie pharmaceutique ?
Comment prévenir le cancer ?
La prévention des cancers est complexe, car, comme l’avoue une spécialiste interrogée par la Tribune de Genève, on ne connaît pas la cause des cancers. On n’a seulement quelques soupçons sur des facteurs de risque présumés.
Alors, que font les chercheurs ? Pourquoi ne connaît-on pas mieux les causes du cancer, depuis le temps qu’on l’étudie ?
Pourquoi, en France, malgré la mise en place d’agences de recherche et de prévention des risques sanitaires, comme l’INVS, l’AFSSA, l’AFSSET, ou encore l’INRS, ne sait-on toujours pas prévenir les cancers des enfants ?
Dans une synthèse de l’INSERM, on trouve une liste des facteurs de risque, selon le type de cancer : l’alcool, le tabac, la nutrition, le soleil, l’amiante, l’infection virale, le benzène.
Dans cette liste, le benzène est cité comme facteur de risque de la leucémie.
Tiens, la leucémie... C’est le cancer le plus courant chez l’enfant. Alors, faut-il protéger nos enfants du benzène ? Et comment le faire ?
Plus généralement, comment les protéger de tous les produits dangereux ou suspects : amiante, pesticides, solvants... Sans compter les champs électromagnétiques, les nuages radioactifs (Tchernobyl)...
Nous voici amenés à l’aspect santé-environnement du problème, qui est largement sous-estimé ou méconnu, comme le souligne l’association "Les amis de la Terre".
Quant à l’association France nature environnement, elle cite un récent rapport américain de l’Université du Massachussets, qui insiste sur les causes multiples des cancers, et affirme que "de nombreux cancers sont causés ou co-promus par des expositions involontaires."
Et parmi les produits auxquels nous sommes involontairement exposés, le rapport cite, entre autres, les solvants, certains composants du plastique, le radon, les herbicides, et aussi les pesticides, ces derniers étant présentés comme une cause de leucémie chez les enfants.
Les auteurs américains en concluent qu’il faut "suivre l’exemple du programme REACH de l’Union européenne", en évitant l’usage de produits cancérogènes ou suspectés de l’être, lorsque des produits de substitution existent.
Peut-être, effectivement, que les choses sont en train d’évoluer tout doucement, avec l’application du "principe de précaution" par des actions de prévention, comme le programme REACH en Europe, même dans sa version édulcorée par les pressions des lobbies de l’industrie chimique.
Peut-être aussi qu’individuellement, nous pourrions agir, en supprimant nos mauvaises habitudes, comme l’abus d’alcool, le tabac (à commencer par les femmes enceintes !), les expositions prolongées au soleil, et la "malbouffe".
Mais pour pouvoir un jour protéger efficacement nos enfants contre le cancer, il faudra vraiment un énorme effort de tous les acteurs concernés, pour que la prévention soit privilégiée. Ce qui implique d’aider la recherche, et pas seulement la recherche des remèdes : aussi, et surtout, la recherche des causes.
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