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Champix : Pour arrêter de fumer, suicidez-vous

D’aucun vous dirons que fumer, c’est se tuer à petit feu. Les laboratoires pharmaceutiques ont longtemps cherché à au point des médicaments contre la dépendance au tabac, sans succès. Outre, les substituts à base de Nicotine, deux produits sont actuellement autorisés, le Champix et le Zyban (aux Etats-Unis seulement, en Europe il ne peut être utilisé que comme antidépresseur). Grâce à eux, arrêter de fumer, c’est se tuer très vite.

L’étude(1)

L’équipe de chercheurs dirigée par Thomas Moore, de l’Institute for Safe Medication Practices, s’est demandée quel était l’impact réel du traitement antitabagique sur les pensées suicidaires. En effet, on sait depuis longtemps que les deux produits en question (leur nom chimique est, respectivement, la Varénicline et le Bupropion, une amphétamine qui ne dit pas son nom(2), mais aucune étude n’avait cherché à savoir s’il existait une différence.

Ils ont donc consulté les bases de données de la FDA sur les 13 dernières années, pour étudier les cas de suicide sous traitement antitabagiques. Sur 3.249 cas, 90% étaient sous Champix, 7% sous Zyban et 3% sous substitut. Une personne qui prend du Champix a 8,4 fois plus de chance de devenir dépressive et suicidaire que si elle prend un médicament à base de Nicotine (un patch par exemple). Pour le Zyban, le risque est 2,9 fois plus important.

La conclusion est irréfutable : le Champix ne doit pas être utilisé en première intention, c’est à dire si on a pas essayé d’abord un autre traitement.

D’où vient le Champix ?(3)

Le Champix est vendu en France par Pfizer. Le produit agit sur les récepteurs de Nicotine qui se trouvent dans le cerveau. Ces récepteurs « voient » la Nicotine quand il y en a peu, et envoient donc un message pour dire que tout va bien, la Nicotine est là. Le patient ne se sent pas en manque.

En 2010, le Chantix a rapporté 755 millions de dollars à Pfizer.

Dès 2007, l’Institute for Safe Medication Practices avait identifiée le problème des suicides, mais n’était pas encore en mesure de prouver le lien avec le médicament. En 2008, consciente du problème, la FDA interdit l’utilisation du produit aux pilotes et contrôleurs aériens, et en 2009, Pfizer est obliger de faire figurer un avertissement contre les risques de suicides.

Une fois n’est pas coutume, Xavier Bertrand a eu un geste positif, mais pas suffisant : le produit n’est plus remboursé par la sécu depuis Mai.

Ce qu’on aurait pu savoir(4)

On sait depuis quelques temps que l’industrie du tabac avait fait des recherches très poussées pour comprendre comment mieux rendre les fumeurs « accros » au tabac.

En 1997, R.J. Reynolds Tobacco Co décide de créée une filiale qui poursuit ces recherches sur ce que devient la Nicotine dans le corps humain. L’entreprise devient indépendante en 2000.

Targacept, c’est son nom, a une hypothèse : si on sature les récepteurs de Nicotine, on provoque une dépression. Si l’hypothèse est exacte, on peut en tirer 2 conclusions :

o Les gens qui fument trop deviennent dépressifs

o Les gens qui prennent un produit antitabagique en trop grande quantité deviennent dépressifs.

Or, la dose optimale d’un produit est quelque chose déterminé assez précisément pendant les essais cliniques. Quelque soit ce produit, on cherche la dose qui permet le plus d’effet et le moins d’effets secondaires.

Que signifie ce charabia ? Que pour vraiment commencer à limiter l’envie de fumer, il faut prendre du Champix à des quantités si importantes qu’on devient suicidaire. Corollaire : le Champix, c’est de la merde.

Petit hic(5)

Le problème dans mon raisonnement, c’est que l’hypothèse de Targacept reste à démontrer. Le laboratoire avait bien développé un antidépresseur sur ce principe, le TC-5214, mais le dernier essai clinique a raté. D’autres sont en cours, et on devrait savoir d’ici l’an prochain si oui ou non, Targacept a raison. Et si le numéro un mondial Pfizer aurait mieux fait d’écouter la petite souris.

Toute personne qui a arrêté de fumer vous le dira. Changer des années d’habitude demande un puissant effort de volonté, et on en découvre encore aujourd’hui sur la façon dont cette dépendance se met en place. Quand je lis les résultats des recherches et que je pense à ma propre expérience, je me dis que pour arrêter de fumer, j'aurais du ne pas commencer.

 

1. Suicidal Behavior and Depression in Smoking Cessation Treatments, Thomas J. Moore, Curt D. Furberg, Joseph Glenmullen, John T. Malsberger et Sonal Singh, PLoS One, 2011

2. Le Zyban, (encore) une amphétamine qui cache bien son nom..., Pharmaleaks, Agoravox, 22 Octobre 2011

3. Varenicline, Wikipedia

4. Targacept depression drug : high risk, high reward, Toni Clarke, Reuters, 3 Octobre 2011

5. Phase 3 Results for TC-5214 as an Adjunct Treatment in Patients with Major Depressive Disorder, Market Watch, 8 Novembre 2011


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7 réactions à cet article    


  • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 25 novembre 2011 13:24

    Merci pour cet article clair et très édifiant.


    • Jonathan Moadab Holly_Crapp 25 novembre 2011 20:38

      J’ai arrêté de fumer lundi, je fumais en majorité des cigarettes roulées, avec du tabac sans additifs. Je ne fumais que depuis un an et demi. On verra si je tiens le coup, mais à priori, c’est bien parti pour. La cigarette est une putain de saloperie, mais personne ne fait sérieusement quoi que ce soit pour en limiter la consommation, parce que c’est une sacrée pompe à fric !

      La preuve avec votre article, c’est que même si on arrête de fumer, on continue de casquer. 


      • vanvoght 26 novembre 2011 03:56

        desolé , mais apres avoir TOUT essayer de l’acupincture aux patchs , seul le champix a ete eficace . faut pas generaliser .


        • Deneb Deneb 26 novembre 2011 04:02

          Fumer tue ... les cigarettes.


          • le_glaude 30 novembre 2011 14:18

            Après avoir fumé presque 40 ans (de 14 à 53 ans et deux paquets de Gitanes par jour à la fin) j’ai réussi a arrêter presque du jour au lendemain grâce au Champix.
            Je dois réconnaitre que pendant les 3 semaines où j’ai pris le traitement je faisait des rêves curieux. Mais maintenant après 3 ans d’abstinence je me sens bien et ne regrette pas.


            • Pharmafox 30 novembre 2011 18:23

              @vangoght et le_glaude


              Bien sûr que le produit permet à des patients d’abandonner le tabac. S’il était complètement inefficace, il ne serait même pas commercialisé, et tant mieux s’il vous réussi.

              La question, c’est le risque qu’il représente en vaut-il la peine ? Ma conclusion rejoint celle des chercheurs : il ne faut pas l’interdire, mais s’assurer que c’est un ultime recours en cas d’échec des patchs et autres. De plus, il est important que le médecin soit au courant du risque de suicide induit par le Champix, pour éviter par exemple de le prescrire à un patient qui a déjà fait des tentatives de suicide par le passé.

              @Holly_Crapp

              Bon courage, mes voeux vous accompagne.

              • EliGaga 1er décembre 2011 16:49

                L’article est pas mal, surtout le titre, et 81% de lecteur en accord avec l’article ! Moi ca me fait penser au sketch d’Omar et Fred dans le SAV avec le droggué qui demande tout le temps, t’as pas du bedo ?« - Dans le même genre, on pourrai faire »t’as pas du Champix  !"

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