Cigarette électronique : petits arrangements entre amis
Petits arrangements entre amis
Pourquoi les facteurs favorables à la cigarette électronique ne sont pas largement diffusés
Le développement remarquable de l’usage de la cigarette électronique suscite régulièrement des vagues médiatiques.
La dernière en date, la plus importante de l’année, a été déclenchée par l’entrée en scène de Marisol Touraine, Ministre de la Santé, ancienne membre du Club Avenir de la Santé, un organe de lobbying du Laboratoire Glaxo Smith Kline, suite à la publication du rapport Dautzenberg.
La cigarette électronique connait un essor fulgurant dans tous les pays développés car elle est une alternative efficace au tabac, qui est à juste titre considéré comme un fléau des 20° et 21° siècles : il tue la moitié de ses usagers, on parle couramment de la prévision d’un milliard de morts dans le monde à cause du tabac au cours de notre siècle.
Malgré une schizophrénie endémique des Etats qui veulent à la fois réduire les coûts astronomiques liés aux soins des fumeurs malades (45 milliards d’€ en France, dit-on, même si le calcul est incertain) en les sortant de leur addiction et maintenir la manne des taxes sur les cigarettes (15 milliards d’€ en France), les incertitudes sur la cigarette électronique doivent être levées.
L’industrie du tabac se porte bien, remplaçant les fumeurs les riches des pays développés qui s’arrêtent de fumer par des pauvres des pays émergents qui commencent, et Dieu sait que ceux-ci sont bien plus nombreux que ceux-là. Donc, pour l’instant, tout va bien. L’industrie du tabac va certainement se lancer dans la cigarette électronique, probablement avec circonspection car elle risque de concurrencer directement les ventes de tabac. Ce serait donc un virage stratégique difficile à décider car s’il s’avérait que la cigarette électronique était véritablement efficace pour éradiquer le tabac mortel, les Etats soucieux de leurs citoyens pourraient bien pousser officiellement l’industrie du tabac à se saborder, et avec elle des millions d’emplois de cultivateurs, d’ouvriers et d’actionnaires.
Il faudrait être aveugle pour ne pas saisir que le détracteur la plus virulent de la cigarette électronique est l’Industrie Pharmaceutique, qui fait d’immenses profits avec les substituts nicotiniques et avec les traitements des maladies des fumeurs. Et dans le corps médical, que deviendrait la sous-corporation des tabacologues, qui s’est considérablement développée ces dernières années, si les fumeurs trouvaient naturellement un chemin qui les détourne des leurs cabinets ?
Il convient tout d’abord de s’étonner, ce que n’a fait aucun média, que le rapport commandé par le Ministère de la Santé pour évaluer les dangers de la cigarette électronique ait été confié au Professeur Dautzenberg, pneumologue qui a construit sa notoriété grâce à une longue croisade contre le tabac et qui s’était reconverti depuis deux ans comme chantre de l’anti-cigarette électronique, ressassant sans relâche dans tous les médias ses antiennes favorites et ses phrases toutes faites : « on ne connait pas vraiment les dangers de l’e-cigarette à long terme », « aujourd’hui, rien n’empêche un professeur de « vapoter » devant sa classe de CM2 » (un joli compliment au passage pour le corps enseignant qui apparait ici vraiment irresponsable mais qui n’a pas besoin d’une loi pour réfréner ses envies de boire un Coca-Cola ou de se couper les ongles de doigts de pieds devant ses élèves…).
Donc le Gouvernement confie une étude officielle sur la cigarette électronique à une éminence reconnue comme étant son ennemi patenté. Ce même Gouvernement confierait, avec l’argent des contribuables, une étude sur l’immigration à Marine Le Pen ou demanderait un rapport sur l’homosexualité à Christine Boutin que la presse et l’opposition monteraient justement et violemment au créneau. Là, rien, pas un mot, pas un étonnement, pas une critique !
B.Dautzenberg ne cache pas ses liens d’intérêt avec l’industrie Pharmaceutique, arguant qu’il a travaillé avec tous les laboratoires dans le cadre de son combat contre le tabac, ce qui le dédouane à ses yeux de tout favoritisme.
Le Rapport Dautzenberg a été réalisé avec l’OFT (Office Français de Prévention du Tabagisme) qui reconnait aussi ses forts liens d’intérêt avec l’Industrie Pharmaceutique, c’est bien normal. Ils ont choisi ensemble un collège de dix experts pour rédiger le rapport : dans l’ensemble des experts seuls trois d’entre eux (dont un tabacologue) ont déclaré n’avoir pas de liens d’intérêt avec l’Industrie Pharmaceutique.
On voit aussi que le Comité de relecture et de correction du rapport inclut Madame Marie-Dominique Dautzenberg, tabacologue, qui n’a peut-être aucune relation avec l’auteur du Rapport ni aucun lien d’intérêt avec l’Industrie Pharmaceutique.
Cependant, le Rapport lui-même semble assez objectif dans son contenu, même si, on le verra, les recommandations qu’il émet paraissent conduites par un tropisme pro-Industrie Pharmaceutique.
Le point majeur de ce rapport est que la vapeur émise par les cigarettes électroniques ne contient pas d’éléments cancérogènes, de particules solides ni de métaux lourds, ne délivre pas de goudrons, de CO2 ni de nitrosamines. Elle est donc infiniment moins dangereuse que la fumée de cigarette (60 cancérogènes, du CO2, 1 milliard de particules solides submicroniques et 5 milliards de nanoparticules identifiés dans la fumée de tabac), voire probablement inoffensive, ce qu’on ne pourra dire qu’à l’issue de décennies d’études, les effets à long terme ne pouvant évidemment être jugés que dans la durée, ce qui n’est pas possible aujourd’hui compte tenu de la nouveauté du produit. Assez bizarrement, cette conclusion d’innocuité n’est reprise ni par les médias, ni par la Ministre, alors que c’était l’objet de la demande du rapport. Finalement, le seul point négatif du point de vue risque est que la cigarette électronique peut (ou non, c’est au choix de l’utilisateur) délivrer de la nicotine qui n’est pas dangereuse par elle-même (sauf surdosage impossible à administrer par une e-cigarette) mais qui joue un rôle important – non exclusif – dans l’addiction au tabac. Notons que le rôle des substituts nicotiniques pharmaceutiques est bien exactement celui-là.
Second point important révélé par le Rapport : la vapeur d’e-cigarette reste 11 secondes dans l’air ambiant contre 15 minutes pour la fumée de cigarette. On l’a vu au point précédent, la vapeur est infiniment moins nocive que la fumée. Le danger de « vapotage passif » est donc inexistant (« même dans les conditions les plus extrêmes, on ne peut atteindre des niveaux réputés toxiques dans une pièce ou est utilisée l’e-cigarette »), en dehors de délivrer des quantités infinitésimales de nicotine pendant quelques secondes. Là non plus, pas un mot de cette conclusion dans les médias ni dans la bouche de la Ministre.
Le Rapport demande un meilleur contrôle des composants des cigarettes électroniques, le plus souvent importés de Chine (le péril jaune est à nos portes !), ce qui est légitime et normal.
Le Rapport se refuse à conclure à l’efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique. Pourtant, les substituts nicotiniques ont le même effet : délivrer de la nicotine pour « décrocher » du tabac. Seul le mode d’administration change. Le rapport note qu’il y a 1 000 000 de vapoteurs en France. En admettant que chaque vapoteur évite par ce moyen de fumer une dizaine de cigarettes par jour, c’est au bout d’un an 3,65 milliards de cigarettes qui ne termineront pas dans les poumons français… N’est-ce pas un progrès ?
Le rapport souligne que la cigarette électronique maintient les utilisateurs dans un état de dépendance à la nicotine (ce qui n’est pas complètement vrai car une partie des e-cigarettes vendues sur le marché ne contiennent pas de nicotine). N’est-il pas plus important de les maintenir en vie ? Et puis, les substituts nicotiniques remplissent par définition le même office.
Ce sont les recommandations de ce rapport qui sont étonnantes et abusives, et c’est bien sûr celles-ci qu’ont relayées la plupart des médias :
- Interdiction de l’utilisation dans les lieux publics. Et ce malgré la démonstration de l’innocuité de la vapeur passive pour les voisins des vapoteurs. Le Rapport Dautzenberg recommande cette interdiction au titre de l’exemplarité. Les scientifiques font de la morale.
- Interdiction de vente aux mineurs, car elle serait pour les jeunes une incitation au tabac. Il est incontesté que cette population est très touchée par la pandémie tabagique. Mais ce qui attire les jeunes, c’est précisément le danger, l’affirmation de soi, la transgression, le fait de braver l’interdit. Aucune campagne sur les effets néfastes du tabac à long terme n’a jamais fonctionné auprès des jeunes : quand on a 17 ans on n’imagine même pas la vie après 30 ans… De toutes façons, au risque de paraitre iconoclaste, mieux vaut un jeune qui vapote qu’un jeune qui fume.
- Interdiction de la publicité pour la cigarette électronique, au même titre que le tabac. C’est incompréhensible : la cigarette électronique lutte efficacement contre le fléau du tabac, elle fonctionne mieux que les substituts nicotiniques dont il est important de noter que la publicité est tout à fait autorisée. Le Rapport note d’ailleurs qu’en 2013, le chiffre d’affaires des cigarettes électroniques dépassera celui des substituts pharmaceutiques. Quel drame !
- Réglementation de la commercialisation via des réseaux agréés, sans qu’aucune piste ne soit donnée sur cet agrément. Les bureaux de tabac ? Ils seront incapables de gérer les centaines de références supplémentaires de la cigarette électronique ; et puis, l’écrasante majorité des utilisateurs de cigarettes électronique étant des fumeurs sevrés ou en cours de sevrage, cela revient à envoyer un alcoolique sevré à aller chercher son eau minérale au bar du coin… Les pharmacies ? Elles ne distribueront que les produits avec AMM, au-dessus de 18mg/ml de nicotine. Les boutiques spécialisées ? Sur quelle base distribuera-t-on l’agrément ? Et le Rapport oublie carrément de citer Internet et les ventes en ligne, qui sont une source majeure d’approvisionnement de composants et de liquides de la cigarette électronique et qui est par définition international. Aujourd’hui, on peut recevoir des produits commandés en Angleterre en 48 heures et même des produits de Chine en quelques jours…
Bref, les conclusions de ce Rapport Dautzenberg vont toutes dans le sens d’une accréditation par les médias et donc par le grand public d’un danger latent de la cigarette électronique (pourquoi en interdire l’utilisation aux mineurs, dans les lieux publics, la publicité et la distribution libre si ce produit était inoffensif ?) alors que le corps du Rapport montre son innocuité ? Le Rapport Dautzenberg ne peut nier l’évidence scientifique de l’avantage considérable de la cigarette électronique mais ses conclusions sont insidieusement mais lourdement influencées par les intérêts les Laboratoires Pharmaceutiques.
L’inversion du principe de précaution
D’un point de vue un peu plus élevé que les quelques milliards qui pourraient échapper aux Laboratoires et aux caisses des Etats, se dessine l’idée de la punition du plaisir facile et bon marché, ou en tout cas de la rédemption et de la résilience : le fumeur qui s’arrête de fumer doit souffrir pour se débarrasser de sa dépendance coupable, il doit utiliser sa volonté pour décrocher de son addiction, les fumeurs doivent être collectivement punis d’avoir coûté si cher à la Société et sanctionnés de cesser tout à coup d’approvisionner le Budget.
La cigarette électronique représente un progrès scientifique majeur en ce début de 21° siècle. Le progrès est de faire mieux que ce qui existait auparavant, d’améliorer la condition humaine. Nul doute que la cigarette électronique est préférable au tabac qui n’existait pratiquement pas il y a 200 ans, a fait des ravages au siècle dernier et en fera beaucoup plus dans celui-ci. Penser qu’on peut éradiquer le tabac à coups de campagnes d’information est un leurre, alors qu’on n’a jamais envisagé de l’interdire. Pour le supprimer, il faudra lui substituer progressivement un produit qui le remplace avantageusement et avec le moins de difficulté possible pour ceux qui passeront de l’un à l’autre. Ce produit, nous l’avons maintenant dans les mains.
En interdisant la cigarette électronique, ou en la réglementant tellement qu’on rendrait ses avantages ridiculement réduits, on se ferait l’adepte du « quit or die » des anti-tabac anglo-saxons, ce qui représenterait un scandaleux retour en arrière qui nous serait reproché par les générations futures. Comme l’a dit le Député Européen Davies dans sa communication au Parlement Européen : « en empêchant le développement de la cigarette électronique, nous aurions des millions de morts sur la conscience ». C’est de la responsabilité du Législateur d’aujourd’hui de protéger les administrés de demain. Le principe de précaution se retourne.
Le Rapport Dautzenberg est un véritable plaidoyer insidieux pour la sauvegarde de la mainmise du sevrage tabagique par l’Industrie Pharmaceutique dont on connait avec les récentes affaires qui ont ébranlé le système la phénoménale puissance de lobbying.
Nul doute que si M.Cahuzac avait été encore aux manettes, il aurait choisi son camp dans le débat pour/contre la cigarette électronique… Et ce à deux titres : celui de Ministre du Budget qui ne veut pas voir diminuer les recettes fiscales du tabac et à celui de ses amitiés anciennes.
Enfin, rappelons que Madame Marisol Touraine, qui n’est pas médecin, a fait partie en 2008 et 2009 d’une organisation de lobbying nommée « Club Avenir de la Santé » et totalement financée par le Laboratoire Glaxo Smith Kline, producteur entre autres du substitut nicotinique de diffusion mondiale Niquitin…
Petits arrangements entre amis ???
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