Conflits d’intérêts dans la recherche sur le tabagisme
Le Pr MOLIMARD, fondateur et, deux décennies durant, président de la Société de tabacologie, aurait-il financé ses recherches sur le tabagisme avec des fonds provenant de l’industrie de la cigarette ?
Citons en effet son récent Petit Manuel de défume (Sides, 2007), au sujet de la faiblesse de la recherche sur le tabagisme en France, sur un sujet si important en termes de santé publique (p. 129) :
" La folie puritaine est telle que non seulement les chercheurs qui reçoivent des fonds des tabagiers se voient interdire de publier leurs résultats, mais tout contact avec l’industrie du tabac est dénoncé comme un pacte avec le diable. Or, les chercheurs et ingénieurs de cette industrie sont les seuls à connaître cette plante, les secrets de fabrication des cigarettes."
Dans
On peut y déceler un aveu de sa part, qui rend plausibles les subsides de l’industrie du tabac. A sa décharge, il ne semble pas qu’il en ait profité personnellement.
Le Pr Molimard fait
exception dans notre dénonciation du charlatanisme des tabacologues : il
suffit de pénétrer dans sa tanière de Villejuif pour réaliser combien son
combat est sincère et désintéressé. C’est un bazar de professeur Nimbus.
Molimard est un vrai chercheur, médaillé pour ses travaux, intéressé par le
savoir et l’enseignement, comme il en existe encore. Il a précisément
démissionné de l’association qu’il avait présidée pendant vingt ans suite au refus
des institutions indépendantes de financer des recherches. La Société de tabacologie est devenue un cabinet de promotion de la chimiothérapie, un
repaire de médecins vantant faute de mieux la nicotine pharmaceutique et ses
avatars sous couvert d’autorité savante. Le trou de Molimard au fond d’un hôpital psychiatrique
banlieusard est à comparer avec le forum de ’La Maison du poumon’ où se tenait
récemment Tabacologia 2007 : entrée en marbre, adresse prestigieuse jouxtant le Jardin du Luxembourg, avec beaux présentoirs de médicaments oecuméniques : tous
y étaient bien en évidence. Le ministre de la Santé a applaudi : nos impôts
sont bien utilisés.
Le phénomène est général et j’ai assisté l’autre jour au
passage devant le Conseil national de l’ordre des médecins d’un généraliste
ayant dénoncé les propos du président de l’AFEM, association de promotion de
traitements hormonaux pour la ménopause, les recommandant contre le consensus
édicté par l’AFSSAPS. C’est le médecin qui dénonce le fait qui passe en
jugement et non l’auteur des faits... Notre médecine a perdu
Il dit courageusement dans son petit ouvrage pourquoi les palliatifs nicotiniques (et ce sera idem pour Champix°) ne sont pas une solution pour redevenir durablement non-fumeur. Nous indiquons à nos clients de ne pas en user (pour être factuel, nous leur rendons leur chèque en demandant de sortir s’ils s’y refusent) : il se révèle que c’est une cause de rechute ! D’ailleurs, les chiffres officiels de l’observatoire de l’OFDT montrent que la tendance de leurs ventes en France était en baisse avant la promotion pré-électorale (qui avait été déconseillée par la mission parlementaire sur le sujet cet été...).
Le médecin du travail d’un laboratoire pharmaceutique dit
en public l’autre jour, durant une conférence que nous animions, qu’il comprenait
évidemment pourquoi le fumeur qui prend une béquille pour marcher risque
Soit dit en passant, les constats de terrain que nous faisons
ne sont pas comparables aux études contrôlées réputées valables en médecine.
Ces dernières se font en éliminant les cas à problème justement... Les
résultats sont biaisés par
Et quand on dit que les aides médicamenteuses ’doublent les chances de succès’ comme une rengaine, on nous cache les scores dans l’absolu, qui restent voisins des résultats des traitements placebo. Zéro multiplié par deux, cela fera toujours zéro ! Plus précisément, on est dans l’ordre du ’pourcent’, de l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. Le Pr Molimard est quasiment la seule référence médicale dénonçant cette énorme mystification pharmaceutique, et nous devrions définitivement lui en être gré. Il ne cesse aussi de dénoncer les effets nocifs du tabagisme, avec un discours que les fumeurs comprennent. Si nous nous trompons, qu’on nous le dise...
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