On le sait, malgré l’augmentation des taxes et la création de nouveaux impôts (CSG ou autres RDS), tous destinés à combler le
"trou", le déficit de la Sécurité sociale ne cesse de se creuser.
Le rapport 2007 sur les dépenses de santé remboursées à Lyon ne déroge pas vraiment à cette règle. Mais pour les médecins en charge de ce service, les nouveaux outils statistiques permettent d’analyser plus finement les secteurs où "çà va mal" et les contrôles seront "encore plus rigoureux" durant l’ année 2008.
3 500 000 euros par jour pour la médecine de ville
La CPAM de Lyon a remboursé en 2007 la somme de 3,28 milliards d’euros, dont environ 2 milliards pour les hôpitaux publics et privés et 1,292 pour les dépenses de médecine de ville (!). Soit pour cette dernière environ 3 500 000 euros par jour ! La médecine de ville enregistre d’ailleurs une progression de 4,66%, supérieure à la moyenne nationale, et en tous les cas bien au-delà des objectifs fixés nationalement. Cela est dû en grande partie, selon les responsables de la CPAM, à "la non-perception du ticket modérateur pour les bénéficiaires exonérés au titre d’une maladie chronique".
Les transports sanitaires
Mais il existe d’autres postes, comme les transports sanitaires, où la dépense a aussi fortement augmenté. La diminution du nombre de jours d’hospitalisation et le traitement "de jour" ont fait exploser la demande de taxis et autres ambulances (+7,92%). Les autres postes qui ont connu une très forte augmentation sont les soins infirmiers, les frais de kinésithérapie. A l’autre bout du tableau on note une baisse des actes de radiologie et des visites à domicile.
Des objectifs fixés nationalement
En 2007, la Sécurité sociale avait fixé huit objectifs, dont la maîtrise des arrêts de travail, le développement des médicaments génériques ou encore la réduction des frais liés au transport. Parmi tous ces thèmes, seul le passage aux médicaments génériques, une action qui dépend directement des assurés, a eu un résultat positif.
La baisse du chômage pourrait entraîner une hausse des arrêts de travail
Pour les indemnités journalières du fait des arrêts de travail, l’objectif était 0%, le résultat est de +11,1 % (quand l’augmentation nationale est de 5,9%). Selon Georges Dorme, directeur général de la CPAM de Lyon, cela pourrait être dû à une donnée mathématique : "La baisse du chômage pourrait s’accompagner automatiquement d’une hausse des arrêts de travail". Mais il y a certainement d’autres facteurs en jeu dans cette augmentation des licences médicales. Les données chiffrées, par âge et par zones géographiques, montrent que certains emplois très pénibles, comme le travail dans les centres d’appel, donnent lieu à des arrêts plus généralisés.
Et la responsabilité des professionels de la santé ?
Au-delà des données statistiques, il semble tout de même étonnant que la caisse s’attaque très modérément au "noyau dur" des dépenses de la Sécurité sociale. Les professionels de la santé, qui sont les prescripteurs, sont "contrôlés", certes, mais le résultat est assez anecdotique. Sur plusieurs milliers de médecins de ville, huit seulement ont été placés sous "contrôle préalable" en 2007. Une mesure très efficace selon le Dr Nadine Agosti, médecin conseil chef au service médical de l’Assurance maladie, qui concerne des médecins ayant largement dépassé le plafond moyen de dépenses. En clair, ils doivent demander la permission à la caisse avant d’engager une dépense comme un arrêt de travail...
En 2008, les contrôles seront renforcés
Mais en 2008, c’est promis, les contrôles seront accrus dans tous les domaines d’action de la CPAM : contrôles des médecins prescripteurs, contrôle des assurés et aussi actions de prévention dans les "entreprises pathogènes".
La CPAM renforcera aussi sa collaboration avec les services de répression des fraudes. Car en la matière, l’imagination est au pouvoir : des ordonnances déposées en double par des pharmaciens qui conservent les cartes vitales aux chirurgies esthétiques "maquillées"... On a même vu le cas d’une fausse entreprise créée par un agent de la Sécu, et qui facturait des arrêts de travail pour de vrais faux employés !