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Eau et chlore : un mélange qui fait tousser…

Après une alerte sur les conséquences du chlore pour les bébés nageurs, de nouvelles études sur l’eau des piscines incitent à la vigilance pour les nageurs adultes. Mais que faut-il penser du chlore dans l’eau que nous buvons ?

On pensait que la natation était bonne pour le souffle. En réalité, l’eau chlorée impacte négativement notre appareil respiratoire, si l’on en croit une équipe de chercheurs de Lille 2 qui a publié ses travaux dans la revue Journal of Allergy and Clinical Immunology.

Au contact de la peau ou de la transpiration, le chlore génère des sous-produits dont on sait qu’ils peuvent être nocifs. Résultat : les nageurs professionnels développeraient des affections pulmonaires qui les rendent vulnérables aux allergènes, aux pollens et aux poussières.

Des symptômes identiques à ceux observés chez les patients atteints d’asthme léger.

« 50 à 65% des nageurs faisant de la compétition seraient sensibles aux allergènes les plus communs, alors que seule 29 à 36% de la population générale est allergique », explique Valérie Bougault, l’auteure de cette étude.

Les chercheurs ont aussi constaté une modification des tissus pulmonaires chez un groupe de nageurs réguliers, ce qui renforce a responsabilité des résidus chlorés dans l’irruption de pathologies asthmatiques.
 
Pour éviter ces problèmes respiratoires, les auteurs conseillent d’éviter les piscines qui dégagent une trop forte odeur de chlore.

Rappellons que de précédents travaux menés par l’Université de Louvain* montraient que les bébés nageurs subissaient « un risque de bronchiolite presque doublé par rapport aux autres enfants ».

Là encore, des sous-produits de désinfection - les particules de chloramines – étaient mises en cause : elles irritent les poumons des bébés en cours de formation jusqu’à l’âge de 6 ou 7 ans.

Le chlore dans l’eau du robinet

Si l’inhalation de résidus chlorés (chloramines, triahalométanes, bromates) peut impacter nos voix respiratoires, que se passe-t-il lorsque nous ingérons ces produits en buvant l’eau du robinet ?

Bizarrement, les seuils de teneur en chlore sont trois fois plus élevés en France qu’au Canada ou aux USA. Pour protéger le réseau d’eau d’une attaque bio-terroriste, le seuil maximale de chloration de l’eau est passé de 0,1 mg/L à 0,3 mg/ L en 2009.

Ce qui laisse une marge considérable aux distributeurs qui injectent du chlore dans l’eau tout au long du trajet de distribution. C’est pour cela qu’en 2007, l’l’INVS avait constaté un doublement des concentrations d’un résidu chloré - le triahalométane - entre la sortie de l’usine de traitement et l’arrivée de l’eau au robinet du consommateur.

L’année dernière, l’Institut Pasteur de Lille et WWF confirmaient ces écarts entre les teneurs officielles mesurée à la sortie du centre de traitement et les teneurs réelles mesurées chez à la sortie des robinets des consommateurs.

Résultats : chez « 40% à 65% » des consommateurs, « l’eau contient des résidus chlorés ou bromés de sous-produits de désinfection » en quantité significative, révélait WWF dans son rapport sur l’eau.

On a même constaté des dépassements de la norme fixée par l’OMS dans le Morbihan et en Martinique. Sur le littoral Ouest (Finistère, Côtes d’Armores et Loire Atlantique), les teneurs de l’eau en résidus chlorés frôlaient le plafond sanitaire établit par l’OMS.

Des résidus « potentiellement cancérigènes »

Or on sait qu’une exposition prolongée à une eau chargée en résidus chlorés (notamment les trihalométanes) augmente significativement les risques de cancer.

Les autorités sanitaires canadiennes, proposent une synthèse des travaux scientifiques internationaux menés sur la question. Parmis des dizaines d’étude, les experts canadiens s’appuient principalement sur deux études épidémiologiques :

- une étude canadienne qui constate une augmentation des cancers de la vessie et du côlon chez les sujets ayant consommé de l’eau chlorée pendant trente-cinq ans ou plus.

- une étude américaine menée en Californie qui pointe un risque accru d’avortement spontané chez les femmes enceintes qui buvaient de grandes quantités d’eau de robinet à forte teneur en THM. 

Au vu des risques connus, l’exposition de vastes populations à des résidus chlorés véhiculés par l’eau du robinet est-elle une fatalité ? Pas vraiment. Car si la chloration de l’eau a permis d’éradiquer le choléra et de nombreuses autres maladies, il existe aujourd’hui d’autres méthodes de traitements par ozone ou rayons UV.

Or en France, la chloration est devenue l’alpha et l’oméga du traitement de l’eau, probablement car c’est la solution la moins coûteuse.

Mais alors que différents travaux scientifiques établissent les risques de cancers associés à l’eau chlorée, nous tolérons des teneurs en chlore trois fois supérieures à celle en vigueur aujourd’hui en Amérique du Nord ou en France avant 2009.

Et si l’on s’inspirait des pratiques allemandes ou 90% de l’eau distribuée ne contient pas de chlore ?

* Etude publiée dans l'European Respiratory Journal, concernant 430 enfants âgés en moyenne de 5-6 ans.
 


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14 réactions à cet article    


  • Scribe Scribe 30 janvier 2012 18:51

    Intéressant votre article, bien fait et bien documenté, dommage que je ne sois pas propriétaire d’une source d’eau de table en bouteille ! Ca va en faire vendre.


    • Duke77 Duke77 30 janvier 2012 23:32

      De l’eau en bouteille avec le BPA dans la plupart des plastiques transparents... Bonne idée Scribe !
      J’ai comme l’impression qu’il serait préférable de faire pression sur les sociétés fort lucratives qui se sont approprié la distribution de l’eau des français (Suez, Générale des Eaux etc.). En même temps, il parait judicieux de boycotter les bouteilles contenant du bpa. A moins que vous soyez de ceux qui plutôt que de faire progresser les choses, pensent que toute information en matière sanitaire (et autres ?) n’est que propagande des sociétés proposant des solutions concurrentes. Ce faisant, vous trouvez une bonne raison de rester un mouton ? J’ai bien peur qu’avec ce genre de raisonnement tout progrès est impossible, non ?


    • benyx benyx 30 janvier 2012 21:08

      Je confirme ! J’ai pratiqué la natation pendant plusieurs années 5 à 6 heures par semaines. Je ne supporte plus la piscine en intérieur. Au moindre petit rhume je développe une bronchite qui peut durer jusqu’à deux mois. Dès que je rentre dans un lieu ou l’on a utilisé du chlore pour désinfecter en grande quantité je passe mon chemin sous peine de faire de la bronchite.

      Même si les lieux publics doivent être désinfectés pour éviter les contaminations il me semble que le traitement de l’eau des piscines par traitement UV n’est pas infaisable. Cela permettrait de réduire considérablement l’utilisation de produits agressifs et peut-être de faire des économies.

      Merci pour votre article car j’avais l’impression d’être un cas isolé.


      • mick_038 mick_038 30 janvier 2012 21:34

        Une petite enquête locale sur la qualité de l’eau dans le var... Âmes sensibles s’abstenir
        http://www.varmatin.com/article/var/les-eaux-contaminees-par-des-pesticides-interdits.761394.html

        Je vais commencer à récupérer l’eau de pluie, avant qu’ils nous pondent une loi l’interdisant...


        • Duke77 Duke77 30 janvier 2012 23:40

          C’est déjà fortement réglementé. Vous n’avez pas le droit d’utiliser l’eau de récupération pour autre chose que le lave-linge et les WC. Dans le cas contraire, votre installtion est déclarée « non conforme ».

          http://www.aquavalor.fr/reglementation_eau-de-pluie.php

          P.S. : entre ça et tous les pesticides dans nos fruits et légumes (qu’on nous conseille de manger 5 fois par jour), les micro-particules d’aluminium dans les vaccins utilisés parce que c’est moins cher surtout quand Rhones-Poulenc 1er producteur d’alu possède le laboratoire Mérieux/pasteur, en plus de l’alumiun qui se trouve aussi dans nos déodorants, nos produits préparés etc. etc.
          Serait-on « fait » comme des rats ?


        • mick_038 mick_038 31 janvier 2012 08:47

          pas vu pas pris...


        • al.terre.natif 31 janvier 2012 13:53

          pas vu ... pas pris, mais pas seulement.

          La beauté du geste, c’est quand : vu et pas pris ! et c’est le cas très souvent !

          => Karachi, Bettencourt ....


        • Gnagnagna 31 janvier 2012 23:16

          @ Duke77
          Franchement, les réglementations à la con commencent à nous pomper l’air, l’eau et tout le reste.
          Les législateurs de mes deux commencent à nous emmerder sérieusement. Même chez soi et même si cela ne gène personne et ne concerne que nous et seulement nous, ces petits chefs veulent nous imposer leur dictats. Après avoir réglementé le calibre des concombres, ils réglementeront bientôt le diamètre du cul des poules et le nombre de fois où nous pourrons aller pisser dans la journée, le mois, l’année...
          Chez moi, j’utilise l’eau de pluie quand je veux, où je veux et pour quoi je veux.
          Et qu’on ne vienne pas me parler d’écologie parce, moi, j’éteins les lumières dans les pièces où je ne suis pas. D’autres éclairent les bâtiments publics à giorno même à 4h du matin.
          Avis aux professionnels du « faites ce que j’dis. » : Marre des dictateurs de tous poils et de tous niveaux, nationaux comme locaux, élus comme non élus !


        • Le printemps arrive Le printemps arrive 30 janvier 2012 22:32

          Merci à l’auteure et à Agoravox de publier cet article !

          Le traitement de l’eau au chlore est un tabou, un article du canard enchaîné d’il y a quelques années (plus de 5 ans, désolé pour le manque de précision) précisait qu’à chaque fois qu’une étude sur les inter-actions entre le chlore et la santé était mené, celle-ci était stoppée et depuis ces quelques années rien n’apparaît au grand jour. Pourquoi ?

          J’adore nager, je serai dans une piscine trois fois par semaine sans ce satané chlore.
          Sans lunettes de natation étanches, un brouillard visuel se forme dans les 10 minutes, et cela ne m’arrive pas dans les eaux naturelles.

          Dès qu’on en discute, c’est le parapluie de la force de la loi qui impose le chlore dans les esprits.

          Chère auteure : pourriez-vous nous en dire plus sur méthodes allemandes, cela m’intéresse ? Je n’ai que très peu d’arguments pour contrecarrer les TINA.


          • al.terre.natif 31 janvier 2012 14:08

            La raison du silence ? Simplement la nécessité de croissance !

            Vous croyez encore que l’on peut maintenir un rythme de croissance continue (et donc exponentiel, car une croissance de 1% une année sera toujours plus importante qu’une croissance de 1% l’année d’avant, et ca fait des dizaines d’années que notre « croissance » est positive ...), et ce en respectant les Hommes qui vivent sur notre territoire ?

            Tout se tiens : le chlore c’est pas cher, car depuis la 1ère guerre mondiale, on produit en grande quantité toute sorte de produits chimiques issus de l’industrie de guerre. Donc on l’utilise.

            Mais ça crée des problèmes de santé ? Non, ca crée de la croissance : augmentation des malades = plus de médicaments vendus, de toute manière c’est l’état qui paye.

            C’est pas politiquement correct, mais la maladie, quelle qu’elle soit, rapporte de l’argent ! pas à l’état, pas aux personnes malades, mais aux fabriquant de médicaments... Tout comme l’appauvrissement de nos sols enrichit constamment l’industrie pétro chimique et leurs filiales productrices d’engrais en tout genre.

            Et oui, à chacun de nos malheurs, vous trouverez quelqu’un qui en profite. Et très souvent, ceux qui profitent de nous ne sont pas des personnes physiques directement, mais bien des personnes morales, entreprises multi-nationnales, multi-pollueuses, mais jamais multi-payeuses-d’impots...


          • Hijack Hijack 30 janvier 2012 23:25

            Je ne vais plus à la piscine depuis longtemps ... faites gaffes aux verrues attrapées dans le bord des piscines et surtout dans les pédiluves !


            • Jean Umber 31 janvier 2012 13:02

              Si on étudie en détail les publications concernant les réactions du dichlore avec les composés organiques, dont l’urée, on constate la formation, non seulement de chloramines (il y en a trois différentes), mais aussi de dérivés chlorés organiques (chlorométhane par exemple), qui sont très sensibles aux composés azotés tels que les bases de l’ADN. Celui-ci peut donc être alkylé et donner lieu à des mutations.
              Nous avons été confronté à ce problème à propos de d’une « mystérieuse » maladie de vaches prime holstein, le « dépérissement de la vache prime holstein », ainsi que la nomme Madame Brugère-Picoux, docteur en biologie travaillant à Maison Alfort.

              Notre hypothèse de travail s’est basée sur des observations simples du comportement du troupeau ainsi que des troubles affectant les exploitants. Nous en avons déduit que la cause de ces troubles pouvait être les produits de lavage des installations de traite qui étaient déversés après usage dans le lisier au-dessus duquel paissaient les vaches. (méthode appelée caillebotis-logettes). Parmi ces substances, de l’eau de javel le soir, et de l’acide nitrique le matin.
               
              Nous avons contrevenu aux réglementations européennes à titre expérimental pour vérifier cette hypothèse (en créant une lagune de réception pour ces eaux), ce qui a permis sans aucun doute possible de conclure que tout provenait du mélange de ces composés avec les produits organiques contenus dans le lisier.

              Nous avons donc battu la « campagne » pour trouver un substitut inoffensif à ces composés oxydants, et notre choix (raisonné) s’est posé sur l’acide peracétique, qui a des propriéts oxydantes et donc désinfectantes proches de celles de l’eau oxygénée. Il a été possible d’injecter sans effet nocif ce composé dans le lisier et donc de respecter la règlementation européenne.

              Les conséquences immédiates de cette modification ont été :
              - moins de frais de vétérinaire
              - moins de perte d’animaux
              - un lait de bien meilleure qualité
              finalement tout ce qui permet à une exploitation de bien se porter.

              Cependant, lors de nos investigations, nous nous sommes rendu compte que cette maladie touchait aussi d’autres types d’exploitations laitières, essentiellement dans des zones où l’eau d’alimentation des animaux (ceux-ci peuvent en consommer jusqu’à 100 L par jour) était fournie par les concessions qui avaient forcé sur la dose de chlore (acide dichloroisocyanurique).

              Bien entendu, le ministère de l’agriculture est resté sourd à nos données expérimentales...cela vous étonne-t-il ?


              • eugène wermelinger eugène wermelinger 31 janvier 2012 16:09

                Si on s’interroge sur la qualité des eaux, on ne peux pas ne pas aller voir ce qu’en dit la bioélectronique de Vincent.
                Voir ici, entre autres : http://biogassendi.perso.sfr.fr/roucous.htm


                • Gnagnagna 31 janvier 2012 22:54

                  Je ne vais plus dans les piscines parce que c’est un bouillon de culture de toutes les maladies des baigneurs mal lavés qui s’y mouchent, y crachent et y pissent allègrement et tous ces miasmes ne sont pas neutralisés par le chlore à haute dose qui me pique les yeux et le nez dès la porte du hall d’entrée passée.

                  De même, je ne vais plus au cinéma parce que le son est beaucoup trop fort.

                  Ce sont des activités artificielles qui ne sont nullement indispensables au bien être.
                  Et je m’en porte bien mieux (et mon porte monnaie aussi).

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