G20 et santé : protection sociale et gratuité des soins pour les plus pauvres
La santé n’est pas un Luxe / La santé n’a pas de prix mais elle a un coût
Pour des millions d’individus à travers le monde, l’obligation de payer pour se soigner représente une barrière financière infranchissable et l’une des principales causes d’appauvrissement.
Depuis quelques années, de nombreux pays, notamment ceux à faible revenu, ont introduit des mécanismes de protection sociale en santé. Plusieurs ont choisi de mettre en place des politiques de gratuité des soins de santé primaires pour les plus vulnérables. Médecins du Monde s’est mobilisé pour accompagner ces efforts en faveur de la gratuité au Niger, au Burkina Faso, au Mali ou en Haïti. Un choix qui s’avère efficace face à la crise économique actuelle : les pays disposant d’un socle de protection sociale, qui intègre l’accès aux soins de santé, ont comparativement mieux amorti l’impact de la crise. Aujourd’hui, il est donc plus que jamais nécessaire de réaffirmer que la santé, droit humain fondamental, ne doit pas être un produit de luxe !
Médecins du Monde portera ce message lors du sommet du G20 présidé cette année par la France.
Alors que la promotion d’un socle universel de protection sociale est à l’agenda du G20, le sommet de Cannes est l’occasion d’envoyer un signal fort en faveur d’une couverture maladie gratuite pour les plus pauvres, pilier incontournable d’un système de protection sociale en santé. C’est ce que souligne notamment le rapport de la commission mondiale pour la protection sociale présidée par Michelle Bachelet, élaboré en vue du G20.
Le passage à une politique de gratuité des soins implique un changement politique majeur qui doit faire l’objet d’une véritable planification et d’un soutien sur le long terme. Dans la mise en place de ce processus, le G20 doit s’engager clairement dans sa déclaration finale.
Pour un G20 utile :
- La santé doit être reconnue comme l’un des piliers de la protection sociale à construire un niveau mondial
- La gratuité des soins pour les plu s vulnérables doit être considérée comme l’un des outils de l’accès aux soins
- La déclaration finale du G20 doit inclure un soutien financier aux pays qui s’engagent sur cette voie
La couverture maladie un pilier incontournable de la protection sociale
Dans les pays à faible revenu mais aussi en Europe, l’obligation de payer pour se faire soigner est un obstacle majeur dans l’accès à la santé et l’un des principaux vecteurs d’inégalités face à la maladie.
Dans les pays à faible revenu
Chaque année, plus de 100 millions d’individus basculent dans la pauvreté suite à des dépenses de santé auxquelles ils ne peuvent faire face. Des centaines de millions d’autres renoncent à aller se faire soigner, faute d’argent.
En Afrique, moins de 10% de la population sub-saharienne bénéficie d’une couverture maladie.
En Europe le défi de la Couverture Maladie Universelle résonne également dans les pays développés.
En France, les réformes engagées ces dernières années dans le domaine de l’assurance maladie (franchise médicale, déremboursements de certains médicaments, attaques contre l’Aide Médicale d’Etat qui devient désormais payante, etc.) n’ont fait qu’accroître les difficultés financières auxquelles se heurtent les personnes défavorisées pour se faire soigner.
• + 17% d’augmentation du nombre de patients vus dans les centres de soins de MdM (entre 2007 et 2009).
• 84% des personnes reçues par MdM n’ont aucune couverture maladie.
• 22 % des personnes reçues par MdM ont recours aux soins avec retard.
En Europe, selon le rapport de l’Observatoire européen de l’accès aux soins (enquête MdM, sept. 2009), près de 70% des personnes sans-papiers interrogées sont confrontés à des obstacles pour se faire soigner.
• 59,4 % évoquent le coût des consultations et des traitements. L’obstacle financier est le plus souvent cité en France et en Belgique.
• Les femmes enceintes et les enfants mineurs, pourtant les plus vulnérables, ne bénéficient même pas d’une protection particulière pour accéder aux soins. Seules 48% des femmes enceintes sont suivies pendant leur grossesse.
Pour contrer les obstacles financiers à l’accès aux soins et instaurer une réelle protection sociale en santé, certains pays ont fait le choix de mettre en place des politiques de « gratuité » des soins de santé primaires pour les plus vulnérables.
La gratuité des soins une option soutenue par l’Organisation Mondiale de la Santé
Lors de l’Assemblée mondiale de la santé le 24 mai 2011, l’OMS adoptait une résolution qui INVITE INSTAMMENT les États Membres à veiller à ce que les systèmes de financement de la santé évoluent de telle sorte qu’ils évitent les paiements directs importants au point de prestation et comportent une méthode de prépaiement des contributions financières pour les soins et services de santé, ainsi qu’un mécanisme de répartition des risques dans la population pour éviter les dépenses de soins de santé catastrophiques et l’appauvrissement des individus ayant eu à se faire soigner.
La gratuité des soins une option Efficace
Au cours des cinq dernières années, un nombre important de pays à faible revenu a fait le choix d’introduire des politiques d’exemption de paiement pour l’ensemble ou une partie de leur population. Ces politiques dites de « gratuité », lorsqu’elles bénéficient d’un financement durable et d’une bonne planification, améliorent considérablement l’accès aux soins et apportent une protection financière non négligeable face au risque de maladie. Elles contribuent ainsi à la mise en place d’une couverture maladie accessible à tous et doivent donc être soutenues.
Plus récemment, une quinzaine de pays s’est engagée à l’occasion du Sommet des Nations Unies sur les OM D (20-22 septembre 2010) en faveur de l’accès gratuit aux soins de santé primaires : Bénin, Cambodge, Congo (Brazza), Haïti, Indonésie, Libéria, Malawi, Mali, Népal, Niger, Sierra Léone, Tanzanie, Yémen, Zimbabwe1.
Une liste détaillée de tous les engagements est disponible à l’adresse suivante : http://www.un.org/sg/hf/global_strategy_commitments.pdf
Le dossier de presse de Médecins du Monde : http://www.medecinsdumonde.org/Presse/Dossiers-de-presse/a-l-International/G20-et-sante-Protection-sociale-et-gratuite-pour-les-plus-pauvres
Un rapport de Médecins du Monde : Gratuité des soins au Niger : une option payante à consolider :
http://www.medecinsdumonde.org/Publications/Publications/Les-rapports/A-l-international/Gratuite-des-soins-au-Niger-une-option-payante-a-consolider
Le blog de la campagne La santé n’est pas un luxe : www.lasantenestpasunluxe.org
Médecins du Monde
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