J’ai reçu le bon de vaccination H1N1. Que vais-je faire ?
Le précieux sésame était soigneusement inséré dans une enveloppe estampillée République française, à la manière de nombreux documents officiels et notamment les fiches d’imposition. D’ailleurs, quand j’ai ouvert la boîte aux lettres je me suis dit, ça y est, ils ont envoyé la déclaration 2010, mais j’ai vite réalisé que ce n’est pas la période. Que contient ce document ? Au verso, une grille à remplir avec diverses informations concernant le déroulement de la vaccination. Notamment le type de vaccin et la présence d’un adjuvant ou pas. Dans les faits, il y a le choix entre six produits fabriqués par GSK et Baxter, puis Novartis et Sanofi qui en proposent deux. Un code permet d’entrer le centre où la vaccination a été réalisée. A noter que le formulaire contient une partie destinée à une seconde vaccination. Le ministère avait tout prévu. On sait maintenant qu’une seule suffit. Le formulaire contient de plus cinq codes barre et l’on se doute qu’ils vont servir à je ne sais quelles statistiques.
Le recto est décoré du logo « stop au virus » et de celui de la République française. Liberté, égalité, fraternité. Nous sommes confrontés, depuis le printemps dernier, au développement d’une pandémie grippale causée par le nouveau virus A (H1N1). Ce virus peut avoir des conséquences graves peut-on lire et donc, il est conseillé de se faire vacciner. J’ai donc hésité. Rassurez-vous, pour ce qui est de la vaccination, le choix était fait depuis le mois de mai 2009, avant même que la campagne ne soit officiellement déclenchée. J’ai juste hésité à parler de cet événement important qui marque une vie entière ou du moins, n’exagérons pas, une année, 2010 en l’occurrence. Pandémie grippale, saison 1, épisode 22. J’ai reçu le bon de vaccination. Je peux le dire ! Mais maintenant, que dire de plus. Loin de moi l’idée d’ironiser ou de moquer les autorités. Le débriefing va bientôt commencer et s’il y a lieu, une commission d’enquête sera diligentée par les parlementaires. J’insiste sur ce fait. Car il n’y a pas eu de commission pour l’instant, juste une information parlementaire comme cela fut timidement demandé par Jean-Marie Le Guen, le monsieur santé du PS. Une commission d’enquête, c’est autre chose, pas le même calibre qu’une simple information. Les membres ont des pouvoirs étendus pour étudier les documents et interroger toutes les personnes habilitée à livrer des données et avis sur le déroulement de la campagne, avec le cas échéant, des erreurs, des fautes et why not, des conflits d’intérêts mis à jour.
Faut-il se faire vacciner ? Les Français s’interrogent. Faut-il obéir aux recommandations des autorités ? L’épidémie est passée. Se faire vacciner, c’est se prémunir, en principe, contre une éventuelle seconde vague mais depuis 25 ans, la grippe saisonnière frappe avec une seule vague qui dure environ deux mois, voire un peu moins. Les données de l’InVS sont accessibles. Tout aussi instructives sont les statistiques de SOS médecins. Le maximum de diagnostics grippaux a été atteint vers le 26 novembre. Puis une décrue soutenue et maintenant c’est tombé au niveau observé pour septembre et octobre. Etant donné qu’une seconde vague est peu probable, se vacciner ne sert à rien, ni se protéger soi, ni éviter de propager le virus chez les autres. On pourra toujours penser qu’une injection pourrait protéger contre la prochaine épidémie lorsque le virus nouveau de 2009 entamera une seconde saison. A moins qu’une nouvelle souche apparaisse. Il faut savoir que le vaccin saisonnier est chaque année refait en tenant compte des recommandations de l’OMS.
Au bout du compte, faut-il se faire vacciner contre la grippe ? Telle est la question. La plupart d’entre-nous ne le font pas mais dans notre entourage, nous connaissons tous une personne qui se fait vacciner, en général une personne âgée. Est-ce bien utile ? Chacun se détermine. Mais une chose est certaine. Cette campagne de vaccination a créé un précédent. C’est la première de cette ampleur et c’est une première pour la logistique bureaucratique mise en œuvre. L’Etat a-t-il joué d’un « abus de biopouvoir » en interférant avec la médecine libérale dont le principe est de laisser au patient le choix de son médecin et surtout, son libre arbitre pour consulter et dans cette affaire, de se faire vacciner ?
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