L’écho-Labo
Couleur Vichy
Nous ne pensions jamais connaître ce que nos parents ou grands-parents avaient dû affronter, persuadés que nous étions d’être à l’abri de ce genre de comportements. Lors des débats au collège, chacun pensait bien naïvement que nous nous placerions tous du côté des résistants ou pour le moins dans les rangs de ceux qui les soutenaient. Je ne me rappelle personne se réclamant de la France collaborationniste, celle qui abusait de la délation et suivait comme un seul individu le grand chef de la nation.
Il n’a pas fallu grand chose pour que l’illusion d’une nation meilleure se déchire. Pas même une guerre, en dépit des allégations belliqueuses du maître de pandémie, mais un simple virus a suffi à provoquer l’impensable. Nous avons assisté, médusés aux mêmes scènes que nous pensions réservées aux archives.
Il y a eu tout d’abord les magasins pillés, des réserves absurdes et délirantes constituées par de braves gens qui ne pensaient qu’à eux. Puis il y a eu l’exode massif d’urbains cherchant un peu de sérénité à la campagne. Comment le leur reprocher du reste ? Les stocks de guerre ne sont pas encore épuisés, que le pire est revenu au premier plan.
Il n’a pas fallu longtemps pour que les dénonciations calomnieuses fassent leur apparition. L’infirmière avait remplacé le juif même si les mots orduriers étaient les mêmes. Fruits véreux de quelques cas fort heureusement isolés ils allaient pourtant germer lors de l’étape suivante. Pendant ce temps, la police retrouvait son admirable sens de l’obéissance en appliquant avec un zèle admirable des sanctions injustes et disproportionnées.
Nous n’avions pas tout vu. La France avait peur, Radio Paris avait fait tant d’émules qu’il était désormais impossible de faire confiance aux médias. Le mensonge était généralisé. Il surfait sur les imprécisions volontaires, les confusions d’échelle, l’absence de remise en cause des données officielles. Puis vint le temps de la compromission, du dénigrement des rares voix discordantes et le tapis rouge déroulé à tous les prévaricateurs de la République.
Dans le bon peuple l’opération eut les effets escomptés. La terreur gagna les plus nombreux. Ils se refusaient à écouter, ils s’enfermaient sur eux-mêmes, se réfugiaient derrière un masque de simagrées. Mais cela ne suffisait pas, il fallait que le tissu social se déchire pour que l’opération remplisse pleinement son rôle.
Les divisions éclatèrent au grand jour. La délation retrouva force et vigueur comme au bon vieux temps de Vichy. L’autre est devenu un ennemi mortel, un sinistre danger pour la vie même de son voisin. Pas de quartier, pas de pitié pour celui qui ne se soumet pas. Les mots orduriers d’abord puis les dénonciations, les amendes.
Les plus dociles se firent soudain les complices des grands groupes pharmaceutiques, ils se mirent docilement à se tester en montrant du doigt ceux qui ne le faisaient pas. Ceux qui propagent l’écho-labo attendent avec une frénésie délirante ce vaccin miraculeux qui va injecter dans leurs veines le sérum de l’obéissance absolue. Pire même, ils exigeront que cela soit imposé par la force aux indésirables, aux monstres d’égoïsme qui s’opposent à cette merveilleuse perspective libératoire.
Les Pro des laboratoires se frottent les mains, l’opération est juteuse, il faut d’ailleurs qu’elle le soit avec tous les subsides versés aux experts bienveillants, aux complices utiles, aux infiltrés dans les rouages de l’état. Pensez-donc qu’un médicament qui ne rapporte rien a failli mettre à mal leur belle stratégie. Heureusement le mensonge a une nouvelle fois, joué sa partition savamment orchestrée.
La crise passée, si jamais la vérité venait un jour a être révélée, n’attendez pas une grande épuration ni même le procès des responsables et leurs complices. Tous ceux qui se sont fait piéger feront barrage, protégeront leurs maîtres en disant qu’ils ne pouvaient pas savoir, qu’eux aussi se sont fait berner par l’effroi et les circonstances. Si comparaison n’est pas raison, c’est bien cette dernière qui manque singulièrement à ce nouvel épisode des bassesses collectives d’une nation crédule.
Réquisitoirement leur.
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