La journée du SIDA ...
Hier au soir, comme par hasard ...
Monsieur Christophe Dechavanne, chez Laurent Ruquier, s'est rappelé à mon mauvais souvenir.
J'avais bien tenté de fuir, impossible ...
Je vais vous compter une aventure de vie, le genre de vie où tout se paye cash !
Pas de détour, n'essayez même pas de de tourner autour.
C'est la réalité.
Je tiens une nouvelle fois à tirer mon chapeau.
Ces deux personnes précedemment citées ( Laurent et Christophe ), m'ont fait un "bien fou".
Drôle d'expression mais quand l'on a une épine dans le pied, il faut la sortir.
Sous peine d'infection ...
Alors bien sur, ce n'est que du média, une certaine façon de se donner bonne conscience.
Je suis un peu abrupt et je pense que vous allez me comprendre.
Qu'en est-il de la vraie vie ?...
La vie de gens normaux, le lieu où les états d'esprit sont réels ?
La question du sang remonte loin dans les cultures et quand le vôtre est doublement impur (vih , vhc ) de vieux réflexes conditionnés remontent à la surface.
Nous avons appris la séropositivité de ma femme quand nous avons mis en route un deuxième enfant, en 1988.
Le médecin a d'abord commencé par l'engueuler.
Son passé, ses conneries de jeunesse la plaçait de fait , en position d'une irresponsable imbécile.
Nous étions en face du choix terrible d'un avortement thérapeutique et le seul soutient était la réprimande et le mépris.
Il est certain que si elle avait eu une belle maladie bien propre.
Celle qui entre dans les bonnes cases, la réaction des médecins eusse été différente.
Le choc fut évidemment digne de ce que l'on peut imaginer et maintenant il fallait savoir si ce virus était aussi passé par moi et mon fils.
Heureusement, Ce ne fut pas le cas ( CCr5 ).
Après ... Arriva le temps de l'annonce aux proches, qui avertir et comment le faire ?
Je me rappelle d'une longue séance de pleurs, quand nos plus vrais amis en furent affranchis.
Les autres ... on va dire ceux du deuxième cercle, ont tout simplement fui, oh bien sur pas réellement mais la fuite peut prendre divers visages.
Devant ces réactions, en un sens salutaires, nous avons changés de procédé.
Nous n'avons plus rien dit à personne et surtout rien à la famille.
Sauf pour ma soeur qui de par son métier dans la santé, était plus à même de comprendre.
Le déni des proches avertis, devenu un état de fait et allant plutôt en s'accentuant.
La décision fut donc prise de tout quitter et de partir assez loin pour recommencer autre chose avec d'autres personnes.
Décision très difficile mais il était encore plus difficile de vivre avec des gens, quand on sait que l'on ne peut rien attendre d'eux.
Apprendre que l'on a le SIDA est déjà très dur, en perdre un enfant n'arrange rien mais en plus quand tout le monde vous tourne le dos, cela devient une épreuve insurmontable.
Nous avons donc coupé les ponts ...
Evidemment, cette décision ne fut pas comprise et nous fûmes qualifiés d'instable, etc ...
Comment pouvaient-ils admettre que l'on quitte la situation ( en général ) que l'on a toujours souhaité.
La suite fut une longue course en avant, comme pour fuir cette réalité où l'homme est un loup pour l'homme.
Cette course en avant n'était pas un délire de plus mais un changement radical de vie au profit de notre bien être en laissant de côté la prétendue réussite sociale propre aux bien pensant.
Des amis, nous en avions alors une méfiance profonde, la confiance ne revint jamais vraiment.
Plus tar , l'annonce du VHC pour nous trois fut presque une formalité.
Cela nous incita à nous soigner et ma femme commença sa trithérapie chose qui de part notre parcours, elle avait longtemps occulté.
Cependant, il arriva un temps où son état de santé s'agrava sérieusement et je pris donc la décision d'en avertir sa famille.
Avec l'expérience, je n'attendais rien d'eux mais leur réaction alla au delà de ce que j'imaginais.
Ils n'avaient déjà pas compris notre changement de vie mais alors là !...
Même dans un téléfilm, les scénaristes n'oseraient aller aussi loin ...
Quand j'avertis son frère ...
Celui-ci s'empressa de la fustiger au prétexte qu'elle dérangeait la quiétude de la famille.
De toute façon, elle l'avait bien cherché et oui ... avoir glissé à 16 ans ne se pardonne jamais.
Même si à cet âge, il doit exister de causes réelles .
Quand j'avertis sa mère de son état final en réanimation.
Elle me dit que ça tombait mal : "l'anniversaire de sa patronne était prévu pour le lendemain" elle fêtait ses 40 ans, l'âge de sa fille.
Quand la mère de ma femme est enfin venue pour son décès, elle ne m'a posé qu'une seule question :
"Alors !?... elle est morte de cette maladie ?... "
Cette maladie que l'on ne peut même pas nommer tellement elle représente la pire des choses.
En comparaison , le vhc , c'est la Rolls des MST.
Bien sur ...
Ceci n'est qu'un tout petit aperçu.
Des exemples !... J'en ai plein mon ressenti.
Si je voulais en raconter plus, le temps ne me suffirait pas.
Et puis je ne suis pas maso, il est des choses qu'il vaut mieux oublier.
Le sujet malgré les années de bons sentiments, n'a pas beaucoup changé.
Cette maladie est sale, même moi, qui a toujours été là pour elle et qui suis passé miraculeusement à travers, je me suis protégé.
Je m'explique : quand elle est partie, j'ai demandé à mes amis de ne pas dire qu'elle était morte du sida mais d'un cancer. Ce qui n'est pas faux mais pas totalement vrai.
Je ne suis pas dupe non plus, la rumeur coure vite ...
Pourtant j'ai horreur du tabou et du mensonge.
Avec le temps, ma décision devient moins formelle et puis il faut se reconstruire.
J'ai appris la vie à l'état pur, celle qui ne fait pas de cadeaux, et pourtant ...
J'aime.
Et j'essayes de vivre comme si rien ne s'était passé.
C'est très difficile .
Mais quand il y a un geste, un regard, un mot, un ami qui vient.
C'est beaucoup plus facile.
Et j'ajouterais : laisser la haine aux autres, cela pourrait entraver nos ailes.
Ne croyez pas que je raconte cela pas plaisir, ce n'est jamais facile de se vider les tripes et j'ai longtemps hésité avant de le faire.
La vérité n'est jamais facile à dire.
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