La prosopagnosie recrute en masse
Les personnes atteintes de ce trouble neurologique rarissime ne parviennent pas à reconnaître les visages. Rarissime, vraiment ? Une équipe de chercheurs anglo-saxons, basée à Harvard, a mis au point une série de tests diagnostics. D’après leurs premiers résultats, il se pourrait que 2% de la population soit concernée. Quand on cherche bien...
La prosopagnosie reste à ce jour très mal connue, essentiellement à cause de l’extrême rareté des cas décrits. L’équipe de chercheurs, dirigée par Ken Nakayama et Richard Russell (Harvard) et Bradley Duchaine (University College, à Londres) vient de faire sauter cette difficulté épistémologique en convertissant en masse les internautes. "Il y a seulement quelques années, explique Nakayama, seule une centaine de cas avaient été recensés dans le monde, mais on découvre aujourd’hui que ces troubles sont bien moins rares que ce que l’on croyait". Des résultats similaires ont été obtenus par une équipe allemande, autorisant les chercheurs à avancer l’hypothèse d’une prévalence s’élevant à 2% de la population.
- Un visage vu par Arcimboldo
Comment expliquer ce miracle ? Comment se fait-il que ces personnes ne s’en plaignent pas ? Que nous ne les remarquions pas ? La typologie a encore besoin d’être affinée et graduée. On distingue néanmoins déjà deux types de prosopagnosies : acquise et développementale. Les prosopagnosies acquises apparaissent consécutivement à un traumatisme crânien, à un accident vasculaire cérébral, à une démence. Les personnes atteintes ont vécu des années avec une perception normale du visage de leurs congénères et elles ont conscience des changements intervenus. Ce sont celles qui étaient diagnostiquées jusqu’à présent. En revanche, les personnes atteintes de prosopagnosies développementales ont toujours vécu dans un monde sans visage. Elles ne conçoivent pas qu’il puisse en être autrement.
Lors des tests diagnostics, des images représentant des objets de toutes sortes, ainsi que des visages, sont soumises aux volontaires. Certaines personnes sont incapables de reconnaître des visages qu’on leur a présentés plusieurs fois. Pour se guider quotidiennement, elles s’attachent aux détails périphériques des personnes qu’elles côtoient, la voix, la silhouette, le contexte. Ceux qui se reconnaissent dans ces symptômes et qui souhaiteraient passer ces tests peuvent contacter l’équipe pour y participer. Pour les malchanceux, les recalés, inutile de désespérer. Etes-vous sûr de ne pas avoir un des autres types de troubles de la reconnaissance connus ? Agnosie, métamorphopsie, syndrome de Capgras, syndrome de Fregoli... Qu’on se le dise, c’est la braderie au [Prosopagnosia Research Center->http://www.faceblind.org/index.html]...
A lire : [Tests For ’Face-blindness : Disorder May Not Be So Rare->http://www.sciencedaily.com/releases/2006/05/060531094455.htm] et [The Times->http://www.timesonline.co.uk/article/0,,8123-2089404,00.html] Une jeune femme atteinte de ces troubles explique comment elle perçoit autrui : [un monde sans visage->http://www.prosopagnosia.com/main/stones/index.asp]
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