La psychologie conservatrice (2/3)
- La compassion est une réaction passionnelle souvent légitime, mais elle est aussi exploitée pour nous manipuler. Un meilleure hiérarchie des phénomènes psychiques aide au discernement.
Les délires progressistes trouvent appui dans une science du comportement dévoyée par certains universitaires. Cette science n'offre pas une vision unifiée de l'être humain, et elle nous est imposée par des médias avides de sensationnel et de nouveauté.
Une fois légitimées auprès du public, ces "découvertes" sont ensuite inscrite dans la loi pour accomplir la révolution culturelle déconstructrice entamée dans les années 1960.
Afin de restaurer la dignité humaine et de retrouver le chemin de la civilisation, nous avons à notre disposition une science du comportement authentique et cohérente issue de siècles d'observation, et qui est validée par les découvertes contemporaines.
Nous continuons dans cet article à reformuler des termes qui ont été combattu par la dérision mais gardent leur force explicative car ils nous parlent des réalités humaines.
Les passions
Le mot "passion" a un sens très précis dans les sciences du comportement de la sagesse occidentale.
Il s'agit des réactions aux stimulus sensibles. Ces réactions sont essentiellement d'ordre sensible, elles ont été formalisées dès l'antiquité (les 11 passions) et leur action a été observée par les sciences humaines depuis Pavlov jusqu'à l'imagerie cérébrale. Une action entraine une réaction. Les réactions psychologiques mettent souvent en jeu l'imagination.
Par exemple chez certaines personnes, visualiser une expression de douleur sur un visage entraine une réaction spontanée d'empathie, il se représentent la souffrance de l'autre et s'imaginent la vivre. C'est une réaction passionnelle de niveau psychologique, l'intelligence et la volonté n'entrent pas en jeu.
La réaction peut également redescendre au niveau physiologique (ou végétatif), et perturber le fonctionnement des organes. On parle d'effet psychosomatique.
Et elle peut aussi remonter au niveau de l'esprit et affecter l'intelligence et la volonté. Par exemple la passion empêche la conscience de percevoir une situation de manière objective (intelligence), ou elle stimule positivement notre capacité à prendre une décision et agir (volonté). Ce type de réaction passionnelle affecte directement notre conscience.
Les réactions passionnelles sont la plupart du temps saines, normales et positives. On ressent dans son esprit de la joie ou de la tristesse en fonction de ce que nous percevons. Notre intelligence peut être rendue plus vive lorsqu'elle se focalise sur un objet qui la passionne.
Le statut de l'imagination
Pour bien comprendre le mode d'action des passions, il faut prendre en compte l'imagination et lui donner sa juste place dans la psychologie.
Sans connaître le fonctionnement du cerveau, les chercheurs de la sagesse occidentale ont anticipé l'existence d'un certain nombre de facultés au niveau sensible qu'ils ont appelé les "sens internes".
L'imagination est une faculté sensible, liée au cerveau et non à l'esprit. En terme strict, l'imagination permet de combiner des sensations issues de la mémoire (un autre sens interne) et de générer des représentations.
Chez les animaux dits "supérieurs", l'imagination participe à l'adaptation aux situations particulières, comme la chasse. L'animal assemble des représentations afin de choisir l'action la plus adaptée à sa situation.
La particularité de l'imagination est qu'elle peut elle-même devenir la source de représentations sensibles. La sagesse occidentale nous met en garde contre les "boucles de comportement" lorsqu'une situation (stimulus) provoque en nous une représentation imaginaire qui va accentuer l'effet du stimulus.
L'imaginaire peut fonctionner en circuit fermé et se couper des sens externes pour devenir un monde sous la conscience.
Cette compréhension fine de l'imagination et son positionnement à un niveau infra-humain est à l'opposé des approches qui donne un rôle prépondérant aux pulsions psychologiques inconsciente.
Norme sociale contre optimum naturel
Pour éduquer un enfant ou corriger un trouble du comportement, il est nécessaire de définir l'état auquel on veut parvenir. Ceci sous-entend qu'il existerait un état "normal".
On entre alors dans le domaine de l'éthique du comportement humain, ce que les sciences humaines distinguent de la morale. Cependant aucune éthique universelle n'a émergé des travaux des chercheurs. A l'inverse, il semblerait qu'on doive renoncer à définir la normalité et accepter tous types de comportement comme relevant de la dignité humaine, dans la mesure où ce comportement respecte une "norme sociale" qui est elle-même élastique et varie en fonction du contexte culturel.
La sagesse occidentale prend une tout autre approche. Plutôt que de renoncer à définir la normalité, elle décrit de manière rigoureuse un comportement naturel qui respecte la dignité humaine. Il s'agit d'un comportement optimal vers lequel l'enfant ou le malade peut tendre, ce qui lui donne une direction à suivre et lui signale les écueils à éviter.
Pour chaque aspect du comportement, l'optimum naturel définit un "niveau maximal" qui est aligné avec la biologie humaine ainsi qu'avec sa spiritualité.
L'optimum naturel ne varie pas en fonction du milieu social, de la culture ou de l'époque.
Le fondement de la dignité humaine
Cette notion d'optimum naturel est précieuse pour l'éducateur qui peut proposer des modèles concrets de comportement puisés dans l'Histoire. Il permet aussi de nuancer le jugement et de pointer les faiblesses d'un héros ou d'une époque, sans jeter sur eux l'anathème.
Les sciences humaines "progressistes" ont abouti à une définition très pauvre de l'être humain qui est devenu un "sujet de droits". Respecter la dignité humaine reviendrait donc à lui ajouter sans cesse plus de droits.
Par générosité, nos contemporains sont enclins à encourager cette accumulation de droits, mais ils commencent à constater l'impasse à laquelle cette attitude les mène. Les problèmes de comportement se multiplient dès l'enfance, puis s'aggravent en états dépressifs, irresponsabilité, instabilité dans le couple et fragilité devant les épreuves.
On arrive ici à des différences irréconciliables entre une partie des sciences humaines et la science du comportement issue de la sagesse occidentale. Les premières considèrent l'enfant humain comme une page blanche malléable et programmable au niveau individuel. La seconde reconnait la plasticité du comportement humain, mais s'attache à décrire l'optimum naturel et à déterminer comment l'atteindre, de manière souple et adaptée à chaque individu.
De ce point de vue, refuser un "droit" à un comportement qui s'oppose à la direction donnée par l'optimum naturel, c'est protéger la santé mentale de nos enfants.
Le procès contre la sagesse
L'optimum naturel n'est pas une construction arbitraire, mais le résultat des observations de générations de chercheurs répartis sur plus de 2500 ans d'histoire. Ce résultat est combattu point par point pour des raisons d'ordre idéologiques et morales (déjà évoquées dans d'autres articles) par les progressistes qui instrumentalisent les sciences humaines.
L'arme la plus redoutable de ces combattants est de s'appuyer sur la tendance humaine à la compassion, et à l'exploiter pour troubler le jugement de chacun d'entre nous. En exploitant l'effet psychologique de l'empathie, on peut venir bloquer le discernement. Le témoignage d'une personne qui souffre est amalgamé avec un raisonnement simpliste.
A l'inverse, définir un optimum naturel entraîne un discernement entre des comportements optimums et d'autres qui ne le sont pas. Les tenants de l'approche naturelle sont caricaturés comme intolérants et insensible.
"Mais pourtant elle tourne" comme aurait dit Galilée. Malgré ces procès, un esprit libre qui examine rigoureusement et honnêtement l'optimum naturel proposé par la sagesse occidentale reconnaitra un modèle de comportement bien plus efficace et objectif que les "valeurs" floues qui sont proposées par les psychologies à la mode. Nous reviendrons d'ailleurs sur le terme valeur en troisième partie.
Hiérarchie
Dans sa recherche de l'optimum naturel, la sagesse occidentale a distingué une hiérarchie et un ordre dans les facultés humaines. Le physiologique doit être ordonné au psychologique (les passions, les sensations, l'imagination) et les deux premiers niveaux doivent être gouvernées par le niveau spirituel (l'intelligence et la volonté).
En termes de comportement cette hiérarchie n'est pas respectée lorsqu'on donne la priorité à nos désirs ou à nos représentations imaginaires "inconscientes", ou lorsqu'on met en avant nos fonctions biologiques.
C'est cette hiérarchie qui caractérise une "bonne éducation". On demande à l'enfant :
- de rendre discret la satisfaction de ses besoins physiologiques,
- de canaliser ses passions
- et de développer ses qualités relationnelles.
Une telle éducation ne vise pas à frustrer l'enfant ou à en faire un automate. Au contraire l'objectif est de l'aider à prendre conscience de la force des ses pulsions physiologiques et psychologiques qui pourraient l'assujettir, et de diriger son attention sur le développement de son esprit, où réside la liberté humaine.
Les besoins de l'esprit
Qu'est-ce qui satisfait notre esprit tel qu'il est définit rigoureusement par la sagesse occidentale (voir première partie) ? Quels sont les besoins fondamentaux de l'intelligence et de la volonté ?
L'intelligence est comblée lorsque l'objet qu'elle observe est intimement assimilé en elle, et qu'il y a correspondance entre l'objet et la connaissance qu'elle en a. On appelle cela la recherche du vrai. Bien réglée cette recherche aboutit à la contemplation des choses simples. Mal dirigée, la mémoire accumule des représentions désordonnées sans atteindre le vrai, comme c'est le cas avec l'utilisation abusive des moyens de communication.
La volonté est la conscience qui pause un acte pour entrer en relation avec un objet. La volonté est comblée lorsque par son acte elle atteint l'objet vers lequel elle se déploie, le verbe qu'elle porte se réalise alors dans l'objet qu'elle considère. Lorsque en plus le projet est aligné avec la dignité de l'objet, alors on est en présence d'un acte objectivement bon. C'est la recherche du bien.
On fait un acte bon lorsqu'on accomplit son travail dans les règles de l'art. Le pain du boulanger ou le code du développeur sont souvent le résultat d'un acte bon.
L'objet le plus intéressant pour un esprit, le plus riche, le plus digne d'attention est un autre esprit. Et c'est dans la relation humaine que s'accomplit pleinement l'activité spirituelle naturelle. Dans ce contexte, la relation la plus aboutie est l'amour partagé.
La sagesse occidentale définit également une autre tendance naturelle qui est la recherche du beau.
Des fondations solides
La sagesse occidentale prend de nombreux risques :
- D'abord elle caractérise l'être humain par sa part spirituelle, ce qui reste rationnel mais échappe à l'observation directe.
- Ensuite elle décrit un optimum naturel du comportement humain qui discerne douloureusement des comportements qui sont digne de l'être humain par rapport à des comportements qui ne le sont pas.
- Et pour finir elle élève la recherche du bonheur au dessus de la satisfaction des besoins corporels et de la recherche des plaisirs sensibles.
Ces résultats sont simples à énoncer et à comprendre et servent de fondement à la science du comportement humain. Avec de tels repères il devient possible de neutraliser le discours des déconstructeurs qui nous parlent de valeurs et de bienveillance tout en nous imposant des mesures totalitaires.
Dans la dernière partie de l'article nous remettrons dans son contexte le beau mot de "vertu", et nous questionnerons la notion de "déséquilibre mental" qui a des conséquences juridiques si désastreuses.
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