La religion, facteur de santé ?
Retour sur les résultats d’une enquête Santé protection sociale de l’Irdes, qui conclut qu’il vaut mieux être riche pour être en bonne santé. Aidé par deux études de Caldwell, Zorro montre qu’à niveaux de vie égaux, des pays peuvent avoir des espérances de vie, et des taux de mortalité très différents. La richesse n’est donc pas forcément le facteur déterminant pour expliquer la santé d’une population. Le statut des femmes, et la place de la religion dans la société, semblent tout aussi importants. La question mérite d’être posée, et des études nécessitant des statistiques ethnico-religieuses sont nécessaires pour y répondre.
Encore une fois, je ne résiste pas au plaisir de livrer en pâture les élucubrations de technocrates ridicules ; mais tellement usurpateurs. Démasquons-les !
La dernière édition (7 avril 2008) de l’enquête Santé protection sociale de l’Irdes, après un travail de deux ans, conclut qu’il vaut mieux être riche pour être en bonne santé :
Ce sont les ménages dont les revenus sont les plus faibles (chômeurs, ouvriers, employés du commerce...) qui déclarent à la fois un mauvais état de santé, les taux de couverture en complémentaire santé les plus bas et le plus de renoncement aux soins.
L’étude porte sur 22 000 personnes sur des statistiques portant sur 2006. On est habitué, dans la presse généraliste, avec des journalistes professionnels calibrés pour la connerie moyenne, à lire régulièrement ce genre de truisme époustouflant : “le déterminant social joue à plein dans l’état de santé !” Soit. Mais s’il suffit de se rouler dans les lieux communs pourquoi faire des enquêtes sur 22 000 personnes et payer du personnel inutile pour traiter les résultats ? Je profite de ce blog intelligent et libre pour vous proposer quelques références scientifiques sur le sujet, non pas pour une population française captive d’enquêteurs non validés, mais pour des populations de grande ampleur.
L’étude de Caldwell (1986) montrait qu’à cette date le Costa Rica, le Sri Lanka et la province du Kerala en Inde avaient le même niveau de vie que le Pakistan, le Maroc ou l’Afghanistan. Pourtant dans les trois pays du premier groupe la mortalité infantile était de 64/1 000 naissances viables contre 173/1 000 dans les trois pays du second groupe. L’espérance de vie dans le premier groupe était de 61 ans alors qu’elle était de 45 ans dans le second.
La première conclusion qui s’impose c’est que le niveau de vie, qui est un des éléments qui influe sur l’état de santé des populations, ne saurait être considéré comme le critère discriminant en la matière. C’est de l’intoxication idéologique ou de la nullité méthodologique qui suinte des canards à grand tirage pour cons moyens dont je fais partie.
On pourrait émettre une hypothèse puisque les trois pays du second groupe sont des pays musulmans : l’islam, et au-delà le statut religieux des pays, est-il en cause dans l’état de santé des populations ? Une autre étude de Caldwell et coll (1991) montre que plus les femmes peuvent s’exprimer dans une société plus son état de santé est favorable. Non seulement car cela intervient sur l’état de santé des enfants, mais aussi sur l’ensemble des facteurs. Il n’y a qu’à voir les différences significatives dans les âges de mortalité hommes-femmes pour en voir un bel exemple.
L’hypothèse islamique mériterait d’être reformulée : à niveau de vie égal, l’état de santé est-il plus mauvais dans les populations musulmanes parce que l’islam y réduit le rôle des femmes ou les sociétés qui dévalorisent les femmes sont-elles les plus enclines à s’islamiser ? Voilà un sujet que devrait traiter l’Irdes car nous avons en France des échantillons de populations significatifs. Mais c’est le tabou total. Interdit ce genre de travail ! Et, pourtant, comment faire évoluer les chiffres de la santé en France sans traiter ce genre de questions ? Comment anticiper sur la place des femmes dans la société française dans vingt ans ?
Mais, dans un pays muselé, émasculé, où la science est dénaturée au point de devenir la chasse gardée des journalistes, la mascarade continue : pour le rapport 2010 de l’Irdes, le travail lancé auprès des 22 000 personnes est déjà commencé et fera le point sur l’impact des “franchises” de soins. Je peux déjà en donner les conclusions : les riches sont mieux soignés que les pauvres et les franchises pénalisent plus les pauvres que les riches ! Et, pendant ce temps, des dizaines de millions d’euros sont balancés pour entretenir de telles conneries, des épidémiologistes bidon, des enquêteurs inutiles et des journalistes nuisibles.
Références bibliographiques :
- Caldwell J.C. “Roots to low mortality in poor countries”, Population and development review.1986 ; 12:171-220
- Caldwell J.C. Caldwell P. “The role of women, families and communities in preventing illness and providing health services in developping countries”, Report of National Academy of Sciences ; Wahington DC 1991
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