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Accueil du site > Actualités > Santé > La santé bientôt passée de date dans plusieurs pays ?

La santé bientôt passée de date dans plusieurs pays ?

Dans certains pays, plus de la moitié des médicaments offerts sur le marché sont périmés. Cela est d’autant plus déplorable que dans ces mêmes pays les médicaments appropriés font cruellement défaut. Mais le plus paradoxal, c’est que la générosité n’est pas tout à fait étrangère au phénomène.

Pourquoi autant de médicaments périmés là où il en manque si cruellement ? « Souvent, les médicaments arrivent déjà périmés car, pour certains pays, cela coûte moins cher de les envoyer à l’étranger que de les détruire sur place », racontait à Libération Laurence Boiron, de Pharmaciens sans frontières.

Les médicaments périmés ont été une véritable plaie en Indonésie lors du tsunami de 2004. Le quart des médicaments donnés généreusement avaient un problème de péremption. Plus de six médicaments sur dix n’étaient pas inscrits dans la liste des médicaments jugés essentiels et, comble de l’ironie, sept médicaments sur dix étaient libellés dans une langue que les professionnels sur place ne pouvaient pas comprendre.

L’Indonésie doit détruire de nombreux médicaments (plus de 600 tonnes), ce qui entraîne des coûts et une mobilisation d’énergies qui seraient mieux utilisées ailleurs. Le phénomène est tel que les Indonésiens le qualifient de second tsunami.

Le cas indonésien n’est pas un phénomène isolé.

Au Cameroun, le rapport 2006 de l’Association suisse Medibus sur le système de gestion en commun des pharmacies mis en place par la Coopération Cameroun-Jura-Suisse fait état de pertes importantes dues aux médicaments périmés. Or, les dons de cette association se font surtout en médicaments.

En France récemment, l’association Cyclamed s’est vue interdire de redistribuer à des fins humanitaires
des médicaments non utilisés collectés dans les pharmacies. Ces médicaments n’étaient pas forcément périmés, mais trop souvent ils n’étaient pas adaptés aux maladies des pays où on les expédiait (Les vieux médicaments n’iront plus au Tiers-Monde).

Il semble qu’une partie non négligeable des médicaments humanitaires se retrouvent sur les marchés parallèles. Ces marchés sont particulièrement florissants là ou il n’y a pas d’assurance maladie et une insuffisance de médicaments officiels dans les pharmacies (Arcat. Ne nous trompons pas de débat).

Ces médicaments, je le répète, ne sont pas forcément périmés.

Vous trouvez cette situation scandaleuse ? Attendez, vous n’avez pas fini de vous scandaliser.

Les médicaments périmés sont la composante d’un autre marché, beaucoup plus lucratif celui-là, le marché de la contrefaçon :

Les médicaments contrefaits peuvent contenir trop, pas assez ou aucun principe actif, des ingrédients incorrects ou des niveaux élevés d’impuretés, des contaminants et même des substances toxiques. Il peut s’agir de formules rejetées ou périmées, retirées du marché, que les contrefacteurs se sont procurées, ont re-étiquetées comme des produits authentiques et ont remises en circulation. Elles tuent et lèsent des milliers, voire des millions, de personnes dans le monde.

Reconnaissance International. Communiqué (format Word) émis à l’occasion du 2e Forum mondial sur la lutte contre la contrefaçon pharmaceutique qui s’est tenu à Paris du 15 au 17 mars 2005.

Selon l’Organisation mondiale pour la santé, les médicaments contrefaits représentent environ 10% des médicaments consommés dans le monde, mais ces chiffres sont de plus de 25% dans le cas des pays pauvres. Ne vous y trompez pas, c’est un marché très lucratif : plus de 32 milliards de dollars US par an (chiffres de 2004).

Il ne faut pas s’étonner que la vente des médicaments soit aussi malade. Depuis de trop nombreuses années déjà, les systèmes publics de santé se détériorent au nom d’une idéologie prônant la supériorité du privé qui les gangrène.

Au rythme où vont les choses, la santé elle-même va finir par être périmée.... ou bien contrefaite.


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10 réactions à cet article    


  • bourgpat (---.---.79.191) 6 mars 2007 11:52

    Il serait bon aussi de parler de ce que recoupe la péremption.

    Dans le cas de l’aspirine (acide acetyl salicylique la péremption n’est due au princeps qui à une durée de conservation importante même au delà de la date de péremption).

    Certaines dates de péremption sont comme pour les dlc dans le commerce. Une marge est appliquée en deca de la date réelle de péremption.

    Le cadre est donc la possibilité pour ces pays d’éviter l’assistanat dans lesquels on les contraint par certaine application des brevets qui ne leur permettent de contrôler leur besoins en médicaments.


    • reynald 9 mars 2007 11:17

      l’acide salicyque est un conservateur, votre pharmacien peut vous aprovisionner facilement pour vous aider à conserver vos coulis...

      La question est donc le conservateur a t-il une date limite de conservation ?

      Un médicament dont la date de péremption est le 08.2007 doit il être « consommé » avant le 1er aout ou avant le 31 Aout ? Que se passe t il dans la nuit du 31 aout au 1er septembre ?

      Il y avait une date de péremption sur les flacons de Lindane qui était pulvérisé dans les étables.Le principe actif était pourtant (malheureusement pour l’environnement) retrouvé « actif » plusieurs années apres la date de péremption du flacon...

      La péremption est pour moi une notion subjective, si j’aime bien mes yahourts lorsqu’ils ont dépassé leur date de péremption, je ne vais pas pour autant les servir à mes invités, alors pourquoi envoyer nos vieux médicaments aux pays pauvres ? C’est tout simplement un manque de respect !


      • (---.---.117.145) 19 mars 2007 20:09

        A Reynald : Oui, il y a bien un manque de respect ,mais ;je suis certain qu’il y a bien plus grave.On supprime la concurence !! Il y a une visée de fric. Je m’explique, qd un pays reçoit gratuitement des médicaments, il n’en commande plus aux petits labos de ce pays.( J’écris petit car, ces unités labo ne font pas de recherche sur les maladies.) Alors, il sufit de ne plus faire envoyer de ces médicaments, les grands labo ont toutes les ficelles en main ; Le pays est alors obligé de commander directement au labo qui alors fait payer le prix fort. Ceci est fait au niveau du labo ,mais la grande direction est-elle au courant, ou bien est-ce au niveau des directeurs régionaux ?? . Ceci en plus de ce qui est écrit plus haut..revente..ETC..alors, la péremption écrite dans une langue non comprise ds ces pays...


      • Kriss (---.---.31.116) 10 mars 2007 19:52

        Michel, ne prenez pas Libération pour paroles d’Evangile. Il y a 2 problèmes bien plus graves que ces dates de péremption supposémment dépassées dans de trop nombreux cas de dons de méchants occidentaux. 1) les dons sont détournés et revendus par les proches des potentats locaux (nombreux exemples en Afrique) 2) les contrefaçons fabriquées dans le pays, dépourvues de tout principe actif, st le lot de beaucoup de marchés sud -asiatiques. C’est un découpage de l’odieux inflgé par les dirigeants et les entrepreneurs de toutes tailles à leur propre peuple dans une vrai spécialisation : le détournement et la corruption aux Africains, les Asiatiques ayant quité ce registre pour la copie industrieuse. Reste pour l’homme de la rue de Lagos et de Phnom Phen l’impossibilité de se soigner sans beaucoup d’argent.


        • Michel Monette 10 mars 2007 22:16

          Je ne sais pas pour Libération, mais c’est le témoignage de Laurence Boiron de Pharmaciens sans frontières qui importe. Il faut aller sur leur site voir le documentaire sur la situation après le Tsunami. En ce qui concerne la contrefaçon de médicaments, c’est un très grave problème de santé publique.


        • (---.---.31.109) 11 mars 2007 14:04

          Bravo pour votre article . Il n’y a que votre conclusion où je ne suis pas du tout d’accord. Si l’on s’est mis à proner le privé et j’en ai fait parti , c’est que notre service public nous a c.... dans les mains . Il ne faut pas oublier que le socialime est arrivé en 1981 , qu’il y a eu une nationalisation de toute notre industrie pharmaceutique et que ,on ne sait comment...tout a disparu ... avec Elf qui avait englobé notre Sanofi et peut-être Rhone poulenc. Nous avons été remis dans cette affaire en apprenant par la télé ds les annes 1990 qu’un gugus avait tout volé, tout pillé avec l’aval de nos fonctionnaires socialistes .Alors, l’industrie nationalisée, c’est le sang contaminé, c’est le pillage de l’entreprise DONC ? JE PENSE « PLUS JAMAIS »d’industrie nationalisée . Quand on posséde quelque chose, il faut s’en occuper et donc plus de congés payés, plus d’histoire de 35 heures sinon en DEUX jours . Nos administratifs ne veulent pas de ça ,donc plus de nationalisation.


          • Michel Monette 11 mars 2007 18:30

            Les abus du privé ne se justifient pas pour autant. Il faut trouver une solution qui va remettre la santé publique au coeur des décisions des entreprises qui fabriquent des médicaments, peu importe que celles-ci soient privées ou publiques.


          • (---.---.172.251) 14 mars 2007 10:40

            Pour oser parler de ces problèmes de médicaments et de leur distribution et de leur autorisation et de leur interdiction ensuite,il faut apprendre ce qu’est un médicament . Ensuite, nous pourrons tout revoir ,surtout l’ administration de ces merveilleux produits certes,mais qui ne peuvent donner plus que ce qu’ils ont (à part les fameux 30% d’effet placébo et 2% d’effet nocebo) .Jamais ils n’agiront sur 100% de malades, les résultats de leurs essais le montrent bien !Les chiffres sont env. 30% d’action positive 30 % d’effet placébo et 30 %à 38 %(!) d’absence d’effet et 2% d’effet nocebo. Ensuite, une loi vient dire que ce sont les molécules qui agissent, mais c’est une loi ,ce n’est pas un fait scientifique rigoureux .Une autre loi dit que tous les 5 ans, on doit tout jeter ,ils sont périmés ; il est vrai que pour certains médicaments l’effet s’amenuise et pour d’autres, il devient toxique ,parfois dramatiquement toxique.Mais, encore une fois au cas par cas !! de plus, en donnant des médicaments inutilisés en France ,nous avons tout simplement ruiné de petites industries (comme au Mali et au Niger)qui fabriquaient ce qu’ils pouvaient et étaient en train de faire des efforts d’hygiène et de sérieux quant à la concentration de principe actif . Nous avons apporté gratuitement, les dispensaires ont distribué nos médicaments qui étaient très performants mais ,...quand nous n’avons plus eu de médicaments comme vers les années 1992 , ces peuples n’ont plus eu de possibilité d’accès à des médicaments. Les labo. du coin avaient fermé leur « porte » (eh oui, ils avaient mis une porte pour cause d’hygiène)et il fallait acheter ,mais acheter au prix fort !!!Actuellement, ils ont l’air d’ avoir recommencé ,il serait dommage de tout remettre en faillite , même s’ils soignent avec d’autres produits et parfois, ils réussissent bien mieux que nous pour certaines maladies . Mais, ils ne font pas de double aveugle ,ils ont appris à voir clair !


            • Michel Monette 15 mars 2007 01:19

              Je ne comprends pas le sens de la remarque par lequel débute votre commentaire. Nous pouvons tous nous faire une idée en prenant la peine de lire ce que des spécialistes de la question en pense. C’est l’essence même du journalisme professionnel, non ? Pourquoi un citoyen qui cherche à comprendre ne pourrait-il pas en faire autant ? Prenez la peine d’aller voir le site de Pharmaciens sans frontières. Le problème avec les médicaments, c’est qu’il y a tellement de charlantans qui racontent n’importe quoi tandis qu’on n’écoute pas ceux qui s’y connaissent.


            • Tony Pirard (---.---.27.65) 1er avril 2007 22:58

              Regrettable !aujourd’hui le niveau de conscientization atteint le plus bas.Envoyer médicaments aux pays pauvre avec péremption est incroyable et pourquoi pas dire !inhumain.je suis d’accord avec toi,dans ce rythime la santé va périmer et la convoitise augmenter.. !

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