« Le bruit de fond et l’odeur » : enfumage continu de l’Etat sur la contamination à grande échelle aux POPs et dioxines
Interrogé fin septembre par un journaliste sur la toxicité du nuage de l’incendie de Lubrizol "passé par les Hauts-de-France" et observé jusqu’aux Pays-Bas le jour même de la catastrophe, le Préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, affirmait de manière autoritaire, dans un point-presse :
"C’est faux, il n’y a pas de toxicité. Il y a un nuage mais qui n'est pas toxique. C'est très clair, c'est le résultat de nos analyses. Et pour les suies la pollution est visuelle.[...] Il y a des odeurs, mais qui ne sont pas toxiques."
Pierre-André Durand, Préfet de seine-Maritime, Point-Presse
En amalgamant volontairement la pollution chimique temporaire avec la pollution persistante aux POPs listés par la convention de Stockholm de 2001 (signée et ratifiée par la France), qui existe déjà de manière alarmante en temps habituel, notamment via l'alimentation, l'Etat cherche ainsi à cacher à la population la situation environnementale et sanitaire catastrophique de l'air en France et en Europe, créée par les industries, et ce, indépendamment même des catastrophes industrielles, comme celle d'Achères et de Lubrizol, qui ne font qu'aggraver cette pollution préexistante et hautement toxique.
En effet, le 03 juillet dernier, la préfecture des Yvelines a caché à la population la formation inévitable de dioxines, synthétisées de novo par du chlorure ferrique, lors de la catastrophe du site "SEVESO seuil haut" d'Achères, plus qu'étrangement disparue du radar de l'INERIS et du gouvernement.
Ensuite, depuis l'incendie de Lubrizol du 26 septembre, le gouvernement et la Préfecture de Seine-Maritime n’ont cessé également, en parlant de "bruit de fond", de minimiser la toxicité de l’incendie de Lubrizol, en cachant la formation inévitable de dioxines lors de l'incendie du site "SEVESO seuil haut" de Lubrizol, qui est aujourd'hui expérimentalement démontrée par des prélèvements d'eau de pluie effectués dans la ville de Préaux, par Atmo Normandie.
En effet, alors que des produits chlorés (sels), promoteurs de la synthèse de dioxines dans un incendie, sont listés à quatre reprises dans la "liste publique des produits présents en plus grande quantité de l'entrepôt n°5" de Lubrizol, la préfecture évoquait dès le 03 octobre, à partir de prélèvements via des lingettes au niveau du sol, "un bruit de fond" normal en dioxines ou parfois supérieur à la normale, causé, selon la préfecture, par des "câbles électriques ou des plastiques" qui ont brûlé comme "dans tout incendie", propos réitérés le 10 octobre, en se basant sur 19 prélèvements de suie via des lingettes au niveau du sol, et non sur une analyse de l'air, niant ainsi la formation inévitable de dioxines par les produits chlorés présents dans l'usine.
Pourtant,
- Les analyses au niveau du sol ne sont pas équivalentes à celles de l'air pour évaluer la toxicité générée dans l'air par le panache de fumée, du fait que l'on ne mange pas de terre, mais que l'on respire beaucoup d'air.
- Les analyses au niveau du sol font état de niveaux égaux ou même supérieurs "aux concentrations habituelles", selon la préfecture, mais cela ne veut rien dire, car la toxicité dépend de l'exposition à la dioxine et non d'une présence surfacique au sol ou non de ce toxique, l'air étant le premier moyen de déplacement des dioxines, sur de très longues distances, et l'alimentation, le premier vecteur de contamination globale.
- Les vents importants déplacent et dispersent la pollution sur des millers de kilomètres, en France et au-delà, rendant futiles les analyses locales au sol.
- Les dioxines étant insolubles dans l'eau, les "valeurs statistiques" présentées par AtmoNormandie entre 3,40 et 31 pg par mètre carré par jour témoignent d'une contamination "pré et post catastrophe" élevée dans l'air et l'omniprésence de la pollution par les dioxines, aggravée par les incendies de Lubrizol et d'Achères en France.
- Les seuils de toxicité ont été abaissés en 2018 d'un facteur 7 par l'agence européenne EFSA pour tenir compte des effets "reprotoxiques" des dioxines, soit 0,29 picogrammes par kg par jour.
- En ce qui concerne les dioxines et autres POPs, le danger cumulatif et persistant au long terme ne vient pas premièrement de la contamination de l'air, ou de la contamination du sol, mais de l'alimentation à base de produits d'origine animale et de produits végétaux raffinés et concentrés, comme les huiles, et le meilleur moyen de s'en protéger est d'adopter une alimentation à base d'aliments végétaux entiers.
Ainsi, étant donné la présence habituelle de vents marins en Seine-Maritime dispersant la pollution générée par les industries locales ou les catastrophes comme celle de Lubrizol, dont le panache de fumée traversait la Belgique et les Pays-Bas dès le 26 septembre :
- des analyses locales (Seine-Maritime) post-catastrophe aux dioxines sur des légumes ne sont pas pertinentes, car les légumes et végétaux entiers ne sont pas un vecteur de contamination, et une fois lavés ne présentent que des risques négligeables même en cas d'éventuels dépôts.
- des analyses locales sur les produits animaux (Seine-Maritime) ne sont pas pertinentes en ce qui concerne la pollution aux dioxines générées par l'incendie de Lubrizol, car celles-ci ont été dispersées sur des millers de kilomètres, et étant donné que les dioxines s'accumulent dans les tissus organiques animaux sur de longues périodes (plusieurs mois et années), et pas simplement sur une à deux semaines.
- Les tests sur les produits animaux ainsi effectués ne peuvent révéler que la contamination locale pré-catastrophe, qui est potentiellement moins forte que dans d'autres régions étant donné la présence habituelle de vents marins en Normandie qui éloignent les nuages industriels chargés de POPs, et dont l'absence occasionnelle pour quelques semaines révèle l'énorme pollution industrielle locale, comme cela a été le cas en février 2019.
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