Le cancer est classé parmi les maladies dégénératives qui affectent en priorité les populations surgavées de l’Occident. On sait maintenant que l’étiologie des cancers est principalement virale, mais sont-ce les virus qui réellement causent le cancer. Oui et non, car pas de cancers sans co-facteurs favorisant ou déclenchant. Nous sommes en effet tous porteurs d’une multitude d’habitants indésirables viraux et microbiens qui en temps ordinaire restent des hôtes dormants. Sauf si un facteur extrinsèque vient par exemple affaiblir nos défenses immunitaires et ouvrir la porte à l’agent pathogène autrement inactif.
Il est clair que le cancer ne saurait cependant être « épidémique » puisqu’il n’est pas en soi contagieux, reste qu’il flambe et que la progression de la morbidité et de la mortalité carcinogénique* est devenue un fait de société et un vrai sujet d’inquiétude. Sommes-nous tous des malades en sursis ? La question vaut d’être posée, mais quelles sont les causes favorisant l’actuelle augmentation du nombre de cancers ? La réponse est simple et hélas vérifiée expérimentalement : la pollution chimique, l’empoisonnement généralisé de nos aliments, de l’air et de l’eau entre autres par les métaux lourds et surtout les pesticides agricoles. Des pesticides dont la France fait un usage immodéré en battant tous les records de consommation de l’Union européenne. S’ajoute à cela l’usage intensif des traitements chimiques dans notre environnement : peintures murales ou cotonnades bon marché dont nous sommes inondés par la Chine populaire, dernier bastion collectiviste mâtiné d’ultralibéralisme. Ainsi à notre insu lorsqu’on enfile un maillot les substances chimiques qui imprègnent le tissu franchissent la barrière épidermique et pénètrent notre organisme… La suite est connue, après des années d’accumulation dans les graisses et les tissus nerveux le sujet est mûr pour développer l’une de ces pathologies de l’abondance à bon marché, cancers, dépression, maladies neurodégénératives telles Alzheimer, Parkinson et tutti quanti !
Qui accuser ? En amont le système hyperproductiviste, le monothéisme du marché mais aussi, en dernier ressort, les consommateurs c’est-à-dire nous parce qu’objectivement nous nous faisons les complices du crime. Il n’est certes pas facile de se déplacer à l’intérieur du labyrinthe qu’est le monde moderne et d’en éviter tous les pièges. Reste que nul n’ignore plus les dangers auxquels il se trouve exposé, même si tout est fait pour égarer et tromper le consommateur négligent. Car même si les mentions légales sont inscrites en lettres minuscules sur la pizza congelée que nous avalons scotchés à moitié comateux devant la dernière série Z américaine, qui nous empêche de consentir l’effort de lire sur l’emballage que cette affriolante pizza contient non du beurre mais un adjuvant à l’arôme de beurre ? Sommes-nous si pressés que nous ne puissions devenir des consommateurs lucides et responsables ? Si les produits frelatés qui débordent des caddies restaient sur les rayons, croyez-moi les choses changeraient.
Donc nos cancers nous nous les concoctons tous plus ou moins en cédant aux facilités empoisonnées que nous offre le pire des mondes modernes. Il est aussi vrai que dans certains cas nous n’avons plus guère le choix. Que choisir : l’eau chlorée et fluorée du robinet ou l’eau à prix d’or de l’industrie ? L’hyperconsommation s’impose à nous bombardés, saturés que nous sommes de messages publicitaires parfaitement neurotoxiques dès la sortie du berceau. L’enfant en bas âge ne doit-il pas faire tôt son apprentissage de bon consommateur ?
Réagissons, reprenons en main nos destins et nos santés. Enivrons-nous bio tant qu’à faire avec du vin fait de mains d’homme, respectueuses de la terre nourricière dont la profusion d’êtres, bactéries, invertébrés, qui l’habitent, la nourrissent et la font respirer, font de la terre elle-même un organisme vivant. Or la vie se nourrit de la vie. Aujourd’hui les sols cultivés sont des lieux de mort où la chimie règne en maître et la mort invisible passe derechef dans nos verres et nos assiettes ? Buvez bio : tel est le mot d’ordre surtout quand vous saurez que 100% des vins commercialisés sur le marché, des tous petits aux très grands crus, sont pollués par des pesticides, jusqu’à 10, toutes substances hautement pathogènes**.
Si vous fumez, fumez bio, ne culpabilisez plus : ce n’est pas le tabac qui tue mais la cigarette, à Cuba l’on meurt centenaire le cigare au bec***. D’ailleurs pourquoi le cancer du fumeur n’apparaît-il véritablement qu’après 1945 aux É-U ? Certains accusent des carences liées à la disparition de l’huile naturelle de maïs remplacée à l’époque par ces graisses industrielles que sont les margarines qui ont l’allure du beurre mais n’en sont pas. « Débarrassez-vous d’un préjugé qui vous coûte cher » tel était le slogan que ressassaient les radios françaises dans les années cinquante pour mieux nous fourguer la margarine nouvelle. Mais comme on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre, à terme l’économie réalisée sur des produits au rabais se paye au prix fort pour la santé.
Bref, on nous vend la facilité à bon marché, mais dans l’économie d’usure marchande qui est la nôtre le prix en différé devient proprement exorbitant et à l’arrivée, cancer en sus, il se règle au milletuple. Pensons-y avant d’acheter des marchandises sous emballages de luxe qui ne sont en réalité qu’un ticket de file d’attente pour la chimio !
Jean-Michel Vernochet
* En 2007 on recense 12 332 300 nouveaux cas de cancers à travers le monde et 7,6 millions décès, soit 20 000 décès par jour. 5,4 millions nouveaux cas et 2,9 millions de morts pour les seuls pays industrialisés. La France en 1980 comptait 160 000 nouveaux cas de cancer, 278 000 en 2000 et 320.000 en 2005. En 2004 il devenait la première cause de mortalité avec 147 323 décès soit 30%. Une augmentation de seulement 13% depuis 1980 à mettre au regard d’indéniables progrès thérapeutiques.
** Des analyses réalisées sur des vins d’Europe et du monde entier démontrent un niveau de contamination généralisée 5800 fois plus élevée que pour l’eau potable, ceci par des pesticides potentiellement carcinogènes, perturbateurs endocriniens ou neurotoxiques. 20% des pesticides utilisés en agriculture le sont dans l’industrie viticole et ce, sur seulement 3% des surfaces cultivées.