Le chikungunya peut-il arriver en France métropolitaine ?
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C’est sûrement la question que beaucoup de personnes se posent actuellement ! Le chikungunya est une maladie virale transmise par piqûre de moustiques, on sait qu’au cours de la première semaine de février, à la Réunion, plus de 70 000 cas de chikungunya ont été recensés, donc il est facile d’imaginer que des milliers d’autres individus sont porteurs du germe de ce virus qui provoque cette maladie. Parmi les porteurs qui n’ont pas encore développé la maladie,( car sa période d’incubation peut varier entre 4 et 7 jours, voire plus), il y a bien entendu les habitants de l’île, mais aussi des touristes, et les personnels appelés en renfort ( militaires, services de santé, etc.), qui vont venir ou revenir en Métropole. Une fois arrivés en France, certains porteurs de ces germes risquent de se faire piquer par un moustique du type Aedes Albopictus* : ce moustique est le vecteur du virus Chikungunya, et il est présent depuis la fin des années 1990 dans la région Sud-Ouest, vers Nice / Menton et également dans l’Orne, le Poitou/Charente et l’Oise (sur des sites de pneumatiques usagés importés). Dans cette région du Sud, la « saison » du moustique démarre au début du printemps, (on peut même en trouver quelques-uns toute l’année !), donc, ...il est logique de penser que dans cette conjoncture, une apparition du chikungunya dans ces lieux et alentour est possible ! Personnellement, je pense qu’il ne faut pas exclure cette éventualité, alors dans cette hypothèse, nos responsables sanitaires ont-ils prévu un plan d’action ? *Ce moustique est originaire de l’Asie du sud-est, comment est-il arrivé en Europe ? (voir le lien ci-dessous : Dans " EID-info " n° 8, avril 1997 http://www.eid-med.org/)
Une carte de son implantation :
http://www.inrs.fr/
http://www.lefigaro.fr/sciences/20060209.FIG0064.html?082616
COMMENT SE PROPAGE LA MALADIE
Pour la propagation de cette maladie, il faut l’association de deux éléments. 1 : le moustique, qui est le vecteur.
2 : une personne, porteuse du virus.
OU NAISSENT LES MOUSTIQUES ?
Les moustiques naissent et se développent dans les zones humides où l’on rencontre moult réserves d’eau stagnante, elles servent ainsi de « gîtes larvaires » . Ces endroits peuvent être : mares, ruisseaux, étangs, bassins d’agrément, piscines non entretenues, ( pour celles qui le sont, les bâches étanches de protection qui recueillent l’eau de pluie) , et tous les récipients qui peuvent recueillir l’eau de pluie, bidons, gamelles, boîtes, vieux pneus, etc .
J’ai personnellement fait l’expérience qu’une boîte de conserve (de sardines par exemple) placée à l’ombre et remplie avec de l’eau de pluie, et riche en matières organiques issues de cadavres d’insectes, (mouches, sauterelles, etc.), était suffisante pour permettre le développement des larves jusqu’au stade adulte !
LA LUTTE CONTRE LE MOUSTIQUE :
Voyons en premier les moyens préventifs... et écologiques :
Comme, à l’état larvaire, les moustiques ne causent pas de nuisances, on oublie facilement les moyens de prévention qui sont : le curage des ruisseaux, l’entretien des piscines et des bassins d’agrément, (à noter que dans vos bassins d’agrément, pour détruire les larves, vous pouvez mettre des gambusias, petits poissons de la taille du Guppy dont ils sont cousins.)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gambusia_affinis
Prévention encore, vider tous les récipients qui ont recueilli l’eau de pluie, vérifier ou grillager (moustiquaire) les ouvertures de vos vides sanitaires, grillager également les aérations des fosses septiques, vous pouvez également verser quelques gouttes de gas-oil dans l’eau où sont susceptibles de venir pondre les moustiques, ça marche, on en élimine pas mal, mais il faut renouveler l’opération à chaque pluie.
La lutte biologique : ( de loin la meilleure !)
Le moyen le plus efficace pour détruire les moustiques, c’est de les détruire lorsqu’ils sont à l’état larvaire, c’est-à-dire avant qu’ils ne deviennent adultes....(ou plutôt qu’elles, car ce sont uniquement les femelles qui piquent les animaux à sang *chaud : oiseaux, mammifères dont évidemment l’homme).
*Ce « repas sanguin » leur apporte un apport supplémentaire en protéines, nécessaire à la maturation de leurs oeufs.
Nous venons de le voir, les moustiques, du moins leurs larves, ont besoin, pour se développer, de zones humides, et d’endroits où stagne de l’eau dormante. C’est en agissant sur ces gîtes larvaires que la lutte biologique contre le moustique est la plus efficace. En outre, ce traitement est sans danger pour la flore et la faune (sauvage ou domestique), ce qui est aussi très important pour l’homme. Cet insecticide biologique est le bacillus thuringiensis, variété Israelensis.
http://www.pmra-arla.gc.ca/francais/pdf/fact/fs_bti-f.pdf
Il peut s’employer en pulvérisations terrestres ou aériennes (une autre méthode consiste larguer dans l’eau, par moyens aériens, des glaçons contenant du B.T., ces derniers en fondant libèrent l’insecticide : CQFD !)
Plusieurs types de larvicides biologiques à base de B.T.sont sur le marché, sous 3 formes : poudre, liquide, granules et briquettes. Je pense que celui qui est le plus pratique d’emploi pour un usage domestique est celui qui est conditionné en granulés ou en pastilles ou briquettes. Ces larvicides sont commercialisés sous le nom de : Aquabac 200 G, c’est un larvicide biologique à base de B.T., il se présente en granulés ou en plaquettes, il est très couramment vendu au Canada pour un usage domestique. Ou celui-ci : Vectobac G granulés, et Vectobac WG granulés dispersifs dans l’eau. (Le plus difficile sera évidemment de trouver ces produits près de chez vous.)
Dans vos moteurs de recherches, (textes et images), tapez ces deux mots clefs : AQUABAC 200G et Vectobac G.
L’emploi du Vectobac g à la Réunion, La lutte biologique marque un point :
http://www.clicanoo.com/article.php?id_article=122587
La lutte chimique (très agressive !)
A la Réunion, un insecticide a été employé « à haute dose », il s’agit du Téméphos http://www.reunion.wanadoo.fr/web/Actualite.php?refactu=6938
Sa toxicité : http://www.inra.fr/...
Comme, à l’état larvaire, les moustiques ne causent pas de nuisance, une insouciance fait qu’en général les traitements larvaires ne sont pas effectués... ou oubliés. Alors les larves poursuivent leur développement, et soudainement éclosent, c’est ainsi qu’on assiste à une véritable prolifération, à une « invasion » de moustique adultes.... et surtout malheureusement .... piqueurs ! Leurs terribles « gratouillis » et autres désagréments du même ordre font qu’en général, on agit dans l’urgence... mais hélas, dans ce cas-là, il ne reste plus que les traitements chimiques, et à la Réunion comme ailleurs, un des insecticides les plus employés est le Fénitrothion. Inconvénient, ce dernier n’est pas sans danger pour l’environnement, les animaux... et les humains. Ainsi, à la Réunion, des personnels ( policiers pompiers, militaires) ont été plus ou moins intoxiqués, des écoles et des collèges ont dû être évacués.
La page INRA sur la toxicité du Fénitrothion http://www.inra.fr/...
A la lecture de ces dernières lignes, il est facile de comprendre que pour le bien de tous ( faune, et les humains ) il est nettement préférable de réduire autant que possible les gîtes larvaires, et d’utiliser un insecticide biologique.
LES SYMPTOMES DU CHIKUNGUNYA :
Au début, le Chikungunya était présenté comme une maladie non mortelle, juste des symptômes grippaux, les symptômes de la fièvre chikungunya sont les suivants : une attaque soudaine, marquée par une fièvre aiguë, des douleurs musculaires et articulaires (aux extrémités des membres : poignets, chevilles et phalanges), ainsi que des éruptions cutanées. Les symptômes durent de 2 à 5 jours, et le patient se rétablit souvent sans autres manifestations particulières. Dans des cas plus sévères, ces symptômes peuvent être accompagnés de maux de tête, de nausées et de vomissements. Les douleurs articulaires peuvent persister jusqu’à trois mois après leur apparition. Le terme « chikungunya » signifie en swahili, « celui qui est courbé », en raison des douleurs articulaires caractéristiques qui obligent le patient à adopter cette posture. Le cycle épidémique de la fièvre chikungunya est similaire à celui de la dengue et de la fièvre jaune. Les médecins sont assez désarmés face à ce virus contre lequel aucun traitement n’est disponible. Ils prescrivent des anti-inflammatoires et du repos. Depuis l’épidémie de la Réunion, certains décès suspects lui sont attribués, des vieillards, et des personnes ayant un système immunitaire fragile ou faible, ont été hospitalisés dans un service de réanimation ; des formes graves dans le secteur méningo-encéphalite chez le nouveau-né ont été observés. En outre, il y a de fortes suspicions de transmission in utero, entre la mère et l’enfant. Le chikungunya est suspecté de provoquer des lésions neurologiques graves chez le fœtus, pouvant entraîner son décès in utero. Voir également le site du ministère de la Santé : http://www.sante.gouv.fr/
Article de Var Matin pour justifier sur ce sujet mes connaissances d’amateur éclairé :
http://www.mezimages.com/image/p@py/DSC03462.JPG
Pour info, liens utiles : L’entende interdépartementale pour la démoustication ( Montpellier )
http://www.eid-med.org/fr/accueil/une.htm
Les variétés de moustiques :
http://www.eid-med.org/FR/Moustique/moustiqueespece.htm
Site de l’INRA sur la toxicité des produits AGRITOX - Base de données sur les substances actives phytopharmaceutiques http://www.inra.fr/Internet/Produits/agritox/php/fiches.php
Le site du ministère de l’Agriculture sur ce larvicide biologique :
http://e-phy.agriculture.gouv.fr/usa/41012001.htm
La mission d’appui à la lutte contre l’épidémie du chikungunya à la Réunion. http://www.ird.fr/fr/institut/rapport/2005/chikungunya.pdf
Tous ces éléments font qu’il faut être attentif et prévoyant, car prévoir est bien le début de la sagesse. Conclusion : la lutte contre les moustiques est l’affaire de tous, pouvoirs publics et aussi, particuliers !
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