Le Chlordécone accroît les risques de cancer de la prostate
L’étude Karuprostate montre que l’exposition à la chlordécone augmente le risque de survenance du cancer de la prostate. Or la quasi-totalité des habitants de Guadeloupe et Martinique sont contaminés. Cette étude confirme que la pollution par le chlordécone est non seulement une catastrophe écologique mais aussi et surtout un très grand risque pour la santé publique.
L’unité 625 de l’INSERM et le service d’urologie du CHU de Pointe-à-Pitre ont rendu les conclusions de l’étude Karuprostate.
Cette étude conclut au fait que l’exposition à la chlordécone est associée à un risque accru de survenance du cancer de la prostate : le risque est multiplié par 1,8 pour toute personne ayant une concentration en chlordécone dans le sang supérieure à 1µg/l.
Le risque est par ailleurs accru pour les personnes ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate, ainsi que chez les individus ayant résidé dans un pays occidental.
L’importance de cette étude est de montrer que le risque de survenance accrue du cancer de la prostate est lié non seulement à la manipulation du produit (par les planteurs de bananes) mais aussi à la consommation de produits contaminés. Le risque est donc présent pour encore plusieurs siècles, pour toute la population, et on doit adapter notre comportement à cette réalité.
Ces résultats viennent confirmer ceux avancés en 2007 par le professeur Belpomme, alors fortement critiqué pour son côté alarmiste. Ce dernier alertait aussi sur le fait que la chlordécone pouvait avoir des effets directs sur le cancer de la prostate mais aussi sur d’autres types de cancer, comme le cancer du sein, ou sur une baisse de la fertilité, car il agit comme perturbateur endocrinien.
Par ailleurs, lorsque nous avions porté plainte contre la décision prise par l’AFFSA en octobre 2005 d’autoriser la consommation de produits pollués en-deça d’un certain seuil, nous avions mentionné entre autre le fait que les études sanitaires, dont la présente étude Karuprostate, n’avaient pas donné leurs conclusions. Et que donc dans l’absence de conclusion, il valait mieux appliquer le principe de précaution et rester sur l’interdiction totale de consommation de produits contaminés, interdiction qui était alors en vigueur. Malheureusement le recul nous confirme que nous avions raison d’être inquiets, d’autant que la contamination par le chlordécone est cumulative : la molécule se stocke dans les graisses et a une durée de vie dans le corps de plusieurs années.
Aussi, nous préconisons toujours comme en 2005 :
- un dépistage volontaire du taux de contamination des Guadeloupéens et des Martiniquais, pour rassurer ceux qui sont peu contaminés et inciter ceux qui le sont davantage à être encore plus vigilants
- une information permanente de la population, notamment les jeunes femmes, car la chlordécone se transmet en partie dans le corps du foetus lorsqu’elles sont enceintes, puis ensuite se concentre dans le lait maternel (Cf. étude Ti Moun)
Pour parcourir notre rubrique Chlordécone, cliquez ici
6 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON