Le Paludisme au Burkina
Le paludisme, maladie de la pauvreté et cause de pauvreté
Le paludisme est la principale cause de consultation, d’hospitalisation et de décès. Le rapport 2003 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique que le paludisme tue plus d’un million de personnes chaque année et un enfant toutes les 30 secondes dont 90% en Afrique. La résistance du parasite aux médicaments, la faible fréquentation des centres de santé, les comportements en matière d’hygiène et d’assainissement compliquent davantage la lutte. Les pays africains peinent à mobiliser des ressources et des compétences. En attendant les nouveaux vaccins en essais, c’est la politique de la prise en charge et de la prévention.
Le petit Roland n’a pas eu de chance ; il ne verra pas les portes de la classe de CE2. Après une semaine de forte fièvre, il a été transporté au centre de santé le plus proche sur insistance d’une amie de sa mère. Les parents avaient pensé à une simple fièvre. Malgré les efforts des infirmières il rendit l’âme. Il souffrait d’un paludisme grave. Ils sont nombreuses ces personnes, surtout les enfants qui meurent faute de soins chaque année. La maladie est tellement fréquente que les populations ont fini par adopter des comportements à risques. Cependant elle est très mortelle. Il n’existe pas encore de vaccin efficace contre le paludisme. « Cette maladie est potentiellement très sérieuse et peut même entraîner la mort. Dans les cas les plus sévères, la mort peut survenir dans les 12 heures qui suivent les premiers symptômes » avertissent les professionnels de la santé.
Au Burkina, le paludisme est la première cause de consultation, d’hospitalisation et de décès. Les statistiques de la direction et la planification du ministère de la santé montrent que plus du 1/3 des consultations et d’hospitalisation est dû au paludisme. Au cours de cette année 2008, plus 3 millions de personnes ont été consulter pour cause de paludisme. Le coordonnateur du programme National de lutte contre le paludisme (PNLP) Laurent Moyenga : les consultations pour cause de paludisme sont de 43% et 66% des hospitalisés souffrent de paludisme. Dans les formations sanitaires, le paludisme lui seul représente 4% des causes de décès.
Un chiffre loin de la réalité car une bonne partie de la population ne fréquente pas les formations sanitaires. 50% seulement de la population fréquente les services de santé. Les croyances, l’insuffisance d’information, demeurent. Une catégorie de la population fait recours à l’automédication et à la médecine traditionnelle.
Les enfants et femmes enceintes, plus vulnérables
La maladie est en recrudescence, malgré les campagnes de lutte engagée par le gouvernement
Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes sont les plus vulnérables. Les services du ministère de la santé ont enregistré plus de 30% de décès des enfants dus au paludisme. Sur 100 décès pour cause de paludisme, environ 70% des victimes ont moins de 5 ans.
Le gouvernement et tous les professionnels de la santé classe la maladie comme un problème majeur de santé de par son ampleur, sa gravité et son importance. La maladie a été toujours endémique au Burkina Faso, avec une recrudescence en saison des pluies. Il est même classé parmi les pays fortement endémiques. Les zones du pays les mieux arrosées sont les plus touchées. Selon le coordonnateur du PNLP, il existe trois niveaux de transmission au niveau du Burkina. Le Sud et le Sud Ouest sont de zone de transmission permanente, le centre a une longue période de transmission et le Nord, une transmission courte. La prolifération des vecteurs de la maladie, dépend de la situation climatique et géographique. Les eaux stagnantes, les barrages, les rizières sont des facteurs de risque. « La période de pic est le mois de septembre », affirme Laurent Moyenga.
L’OMS avait entrepris une campagne d’éradication de la maladie par l’épandage d’insecticides dans les pays africains. La campagne d’éradication fut un échec, le vecteur a développé une résistance aux insecticides. La prise en charge des malades, la prévention fut alors privilégiée pour lutter contre la maladie. Le programme national de lutte dans sa stratégie a mis l’accent sur la prise en charge, le traitement précoce des malades. Le combat est l’accès aux soins par tous les malades. La prévention par des campagnes de sensibilisations, la distribution de moustiquaires imprégnées constitue également une des politiques développées ces dernières années pour venir à bout de la maladie. Plus de 1 millions de moustiquaires imprégnés ont été distribués au cours de l’année 2008. L’objectif est de permettre à long terme à chaque burkinabé de disposer d’une moustiquaire pour se protéger. Pour cette campagne pilote qui a démarré dans la région du Sud Ouest, la priorité a été accordée aux enfants de moins de 05 ans et aux femmes en grossesse car cette couche de la population est la plus vulnérables. Des campagnes de sensibilisation ont été initiées pour une prise de conscience sur la gravité de la maladie, sur l’utilisation des moustiquaires, et sur l’adoption par les populations des comportements à moindre risque ( sur la faible fréquentation des centres de santé, le retard dans la prise en charge, la faible utilisation de moustiquaires, vente et utilisation de médicament illicites). L’une des difficultés dans la lutte est l’insuffisance d’information. Une difficulté qui constitue un obstacle au traitement précoce préconisé par les services de santé. Un traitement précoce qui évitent les complications, les traitements longs et coûteux et souvent mortelles. Selon le coordonnateur de PLNP, une réflexion se poursuit sur la pulvérisation intra domiciliaires. Il ne s’agira plus de faire des épandages d’insecticides, comme par le passé, mais pulvérisé les domiciles, les habitations.
Les infrastructures et les ressources insuffisantes
Le paludisme, considéré comme une maladie tropicale, affecte essentiellement le continent africain, la plupart se situent en Afrique subsaharienne, du fait du plasmodium falciparum, la forme la plus grave et très mortelle. La maladie est un obstacle au développement économique et social d’un pays. Les économistes estiment que le continent perd chaque année 12 millions de son produit intérieur brut pour cause du paludisme. Au Burkina la maladie influe sur la productivité des populations surtout rurale. Pendant la période de pluie, les absences répétées, prolongée pour cause du paludisme sont nombreuses. Ce qui a un impact sur les rendements des agents. Les problèmes financiers, la chute des rendements, des capacités de production constitue un obstacle à l’économie.
La scolarisation est également affectée. Les abandons, les échecs pour des absences sont souvent dus à la maladie.
Le problème du paludisme en Afrique dont le Burkina c’est l’insuffisance d’infrastructures adéquates et de ressources. Laurent Moyenga affirme que la difficulté majeure dans la lutte contre la maladie c’est l’insuffisance de ressources financière. « Nos moyens sont limités », indique-t-il . Les statistiques du ministère de la santé montre que l’essentiel des ressources financières mobilisées contre la maladie vient des partenaires extérieurs. L’investissement des ressources propres reste très faible. Les services de santé continuent de souffrir d’un manque de médicaments et de consommables pour la prise en charge.
Des Professionnels de santé affirment que la lutte contre la maladie a souffert du manque d’une mobilisation de la communauté internationale, comme le Sida. Pour certains c’est tout simplement parce qu’il s’agit d’une maladie qui frappe les pays pauvres.
Pour Laurent Moyenga, le paludisme n’a pas de frontière. Le déplacement des populations fait du paludisme une maladie universelle qui affecte aussi bien les pays pauvres que les pays riches.
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