Les antioxydants, fontaine de jouvence ou poison méconnu ?
Depuis quelques années, les antioxydants nous sont vendus comme un remède miracle, à la faveur d’une théorie largement admise dans les milieux biologico-médicaux. Sauf qu’un chercheur a eu l’idée de la tester, cette théorie. Et vlan...
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Un beau jour, ou peut-être une nuit, Siegfried Hekimi et Wen Yang de l'Université McGill de Montréal ont eu l'étrange idée de tester la fameuse théorie (datant des années 50) selon laquelle les antioxydants aideraient à combattre les radicaux libres, poisons présumés accusés de favoriser (voire déclencher) le vieillissement cellulaire. Pour cela, les chercheurs ont martyrisé des kyrielles de Caenorhabditis elegans, ces vilains petits vers très appréciés des milieux scientifiques ; ses caractéristiques permettent depuis longtemps aux chercheurs d'étudier à moindre frais les mécanismes d'évolution cellulaire.
Les antioxydants prennent un coup de vieux ?
Dans un premier temps, les biologistes ont créé des vers mutants produisant plus de radicaux libres que la normale. La logique aurait voulu que ceux-ci tournent de l'oeil de façon prématurée. Las, les nématodes bouffis de radicaux libres ont vécu plus longtemps. Pire, l'administration d'antioxydants a réduit leur longévité de 40%... au lieu de l'augmenter ! Dans un second temps, les chercheurs ont nourri les vers au Paraquat, un violent herbicide (interdit dans l'UE) qui augmente la production de radicaux libres. Résultat : là encore, la durée de vie des asticots joyeusement désherbés s'est avérée supérieure de 60% à celle des nématodes nourris de façon traditionnelle.
Cette étude confirme les précédentes : en 2008, des chercheurs danois ont analysé les résultats de 68 études, impliquant 233 000 êtres humains, cette fois. Leur synthèse a alors montré que les compléments alimentaires antioxydants n’augmentaient en aucun cas l'espérance de vie. Certains, notamment le bêta-carotène, les vitamines A et E, semblaient même la réduire (mortalité en hausse de 4% à 16%).
Conclusion : si les radicaux libres augmentent effectivement avec l'âge, il se pourrait bien qu'ils constituent un mécanisme biologique destiné à combattre les dégâts accumulés par les cellules tout au long de leur vie. Mais cela reste à prouver. Et il vous faudra patienter encore un peu avant de vous jeter sur votre bidon de pesticides... Conseil d'ami.
Les mots ont un sens... ou pas ?
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