Les bourses de la vie
En ces temps de crise qui perdure, il ne s’agit pas d’évoquer ce lieu ou les transactions vont bon train, pour le plus grand profit des traders et des banksters, mais de ces bourses dont sont généralement porteurs tous les mâles de la planète.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH200/bebe-13-35f0d.jpg)
Un film récent permet d’ouvrir une réflexion originale sur les fameux donneurs de sperme.
En effet, dans « Starbuck », de Ken Scott, un homme se retrouve être le père de 533 enfants.
Ses enfants, regroupés dans un recours collectif, tentent d’invalider la clause d’anonymat que Patrick Huard, l’acteur titre, à signé lors de ses dons de sperme.
Les choses vont se compliquer lorsqu’il aura la curiosité de découvrir le profil de chacun de« ses enfants » puis qu’il essayera, à sa manière, de leur donner des coups de pouce dans leur vie de tous les jours.
On peut s’interroger sur la crédibilité du scénario, car il parait improbable qu’un seul donneur puisse être le père d’autant d’enfants, d’autant qu’aux dernières nouvelles, le chiffre de 150 semble être un maximum, et qu’en France le recours aux gamètes d’un seul donneur ne peut pas dépasser le chiffre de 10, même si ce n’est que depuis 1994 qu’une limite légale est fixée. lien
Il faut tout de même préciser qu’il est difficile de vérifier si les termes de la loi, limitant comme seuil le chiffre de 10 enfants par donneur, sont réellement respectés, puisque le donneur est libre de s’inscrire dans plusieurs centres, d’autant que l’identité des donneurs n’est pas systématiquement vérifiée.
Ce n’est pas anodin, la multiplication des naissances venant d’un seul donneur amenant un risque évident de consanguinité. lien
De plus, si ces dons de gamètes ne sont pas rémunérés en France, ce n’est pas le cas du Danemark (30 à 50 € par don), alors qu’en Belgique ou Espagne, les femmes peuvent négocier leurs ovules pour près de 1000 €.
Chaque année, ce sont 30 000 couples qui en France ont recours à l’assistance médicale à la procréation. lien
Dans son livre « le donneur » Guy Des Cars, s’inspirant d’une histoire vraie, évoquait l’existence d’un homme dont le sperme avait permis la naissance de 4320 enfants. lien
Au-delà de la comédie désopilante de Ken Scott, le héros amène une réflexion sur le don de sperme, et sur l’impossibilité pour ceux qui lui doivent la vie de rencontrer leur vrai père. lien
Ce combat est aujourd’hui devant la justice, puisqu’une jeune femme de 30 ans, sans réclamer l’identité du donneur, demande seulement s’il est d’accord, ou non, de se faire connaitre.
Une association s’est même créée, la PMA (procréation médicalement anonyme). Elle est inquiète, puisque comme le dit Arthur Kermalvezen, porte parole de l’association, « on conseille depuis des années aux parents de dire aux enfants comment ils ont été conçus. Mais, après, la question de savoir qui est cette personne est inévitable et devient lancinante ».
Il dénonce le fait que ce système a été conçu par des gens qui ont oublié que les enfants allaient grandir, et qu’ils se poseront fatalement un jour où l’autre la question de leur origine. lien
Pour l’instant la justice estime que de telles requêtes sont irrecevables et protège l’anonymat du donneur de sperme. lien
Pourtant l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme sur le respect de la vie privée et familiale, reconnait un droit à l’accès aux origines. lien
Au-delà de ce débat d’éthique, nous sommes de plus en plus menacés par ce qu’on appelle la féminisation des espèces, qui touche tous les animaux, humains y compris : 1 couple sur 6 consulte son médecin pour des problèmes d’infertilité.
Les poissons ont été probablement les premiers touchés, et on sait depuis quelques années que les PCB (polychlorobiphényles), appelés aussi pyralènes, déversés allègrement dans nos rivières et nos fleuves, ainsi que les dioxines rejetées par nos incinérateurs, ont contribué à la féminisation des poissons : sans mâles, la reproduction ne se fait plus, et à terme c’est leur disparition qui est programmée. lien
A ces pollutions, il faut ajouter les produits ralentisseurs de feu (DEP= diphényles éthers poly bromés) dont nos canapés sont généreusement pourvus, les poly-phosphates et le ferrocyanure de sodium (le fameux additif alimentaire E535), les tensio-actifs qui font notre linge « plus blanc que blanc » et les hormones de synthèses utilisées pour la contraception. lien
En effet, les pilules contraceptives que nous utilisons en quantité, se retrouvent dans nos urines, puis dans nos fleuves, et ces œstrogènes synthétiques résistants très bien aux filtres et aux bactéries d’épuration accélèrent la féminisation chez les poissons. lien
Et ce n’est hélas pas tout.
Une étude menée en Autriche, sous la houlette du Professeur Jürgen Zentek a prouvé que l’ingestion de maïs OGM faisait baisser la fertilité. lien
Une autre étude réalisée en 2003 a démontré que des ouvriers du BTP exposés à des produits solvants, comme les éthers de glycol, souffrent d’une perte de fertilité.
Le risque ne se limite pas à ces reprotoxiques, et d’après une étude menée par Jensen et Coll, portant sur 430 couples, Les fumées de soudure représenteraient aussi un danger, ainsi que le ciment, le plomb, le chrome hexavalent, le nickel, même si pour ces derniers, d’autres études devraient le confirmer. lien
Plus étonnant, le danger viendrait aussi de l’utilisation des ordinateurs portables.
Notre descendance va-t-elle payer l’utilisation que nous faisons des ordinateurs portables connectés à internet par Wi-Fi ?
En effet, une étude réalisée par des experts argentins vient de prouver que l’utilisation d’un ordinateur portable posé sur les genoux diminue la motilité et augmente la fragmentation ADN du sperme.
A la connaissance des chercheurs, cette étude est la première à évaluer l’impact direct de l’utilisation d’un ordinateur portable connecté au Wi-Fi, amenant en conclusion que cette pratique peut conduire à une fertilité masculine diminuée.
La recherche a porté sur 29 donneurs sains et ceux-ci ont été exposés pendant 4 heures. lien
L’homme n’échappe donc pas aux dangers de ces perturbateurs endocriniens, et Rémy Slama, chercheur à l’INSERM (institut national de la santé et de la recherche médicale) nous apprend que nous subissons une diminution de 30% de notre fertilité. lien
Non seulement l’homme a déjà un volume de sperme très faible, si on le compare aux autres espèces animales, mais comme l’a démontré Pierre Jouannet, chef du service de biologie de reproduction de l’hôpital Cochin, à Paris, les cancers du testicule ont augmenté de 50% en 20 ans en France.
De plus, des études ont prouvé qu’une accumulation de composés chimiques peut perturber la formation des organes sexuels des enfants, et qu’une exposition aux phtalates pouvait provoquer l’atrophie des pénis humains. lien
A Montpellier, le professeur Charles Sultant, pédiatre endocrinologue affirme que le nombre de garçons qui ont des malformations de l’appareil génital a été multiplié par 3 en 20 ans.
Les femmes sont touchées elles aussi, puisque ces perturbateurs endocriniens provoqueraient une puberté précoce, ainsi que l’a prouvé une étude de l’université de Bristol portant sur 14 000 enfants. lien
Faisons le bilan : pyralène, dioxines, DEP, poly-phosphates, E535, tensio-actifs, hormones de synthèse, OGM, éther de glycol, fumées de soudure, ciment, plomb, chrome hexavalent, nickel, ordinateurs portables, phtalates, tous ces perturbateurs endocriniens mettent notre descendance en danger.
L’homme, cet animal qui menace chaque jour un peu plus l’avenir de la planète bleue, sera-t-il éradiqué de la surface de celle-ci à cause des techniques qu’il a développées ?
C’est d’ailleurs le thème du livre de Brian Sykes, un généticien britannique de l’université d’Oxford, (la malédiction d’Adam : un futur sans hommes), qui ne prévoit rien d’autre que notre disparition dans 5000 générations, victime de notre fertilité en berne, (lien) ce qui nous laisse relativement un peu de temps, à moins que Sykes ne soit trop optimiste ?
Quand le regretté Jean Ferrat chantait prophétiquement : « la femme est l’avenir de l’homme », s’inspirant d’un poème d’Aragon, il n'avait peut-être pas imaginé que la féminisation des espèces amenerait à terme la disparition programmée de l’humanité.
Pourtant l’homme a encore une carte à jouer, celle de la beauté, et le lecteur curieux ne manquera pas d’ouvrir ce lien, pour découvrir en 6 petites minutes qu’il ne faudrait pas grand-chose pour changer ce monde.
Comme dit mon vieil ami africain : « bien informés, les hommes sont des citoyens, mal informés, ils restent des sujets ».
L’image illustrant l’article provient de « toutpetitpixel.com »
Merci aux internautes de leur aide efficace et généreuse.
Olivier Cabanel
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