Les drogues : les Titans à abattre
Une réponse forte d’un guerrier moderne
« Le père éternel, Michel Jaouen »
Le caractère gigantesque des protagonistes laisse présager de la rudesse et de la puissance du combat.
A gauche, Gaïa, la terre, à droite Ouranos, le ciel. De leur rencontre, naîtront les mythes dévastateurs de l’humanité.
Leurs noms les plus révélateurs pour notre époque, tremblement de terre, raz de marée, irruption volcanique, tempêtes et tornades, puissances infernales antiques, expliqués et appréhendés par les spécialistes de notre temps.
Pour contrer le courroux des dieux, un homme parmi d’autres, de la stature d’un héros antique par l’aspect physique, mais aussi par la force de ses convictions. Un modèle d’idéal pétri d’expérience humaine, planté sur la terre comme un mégalithe de l’île de Pâques, mais en mouvement permanent entre ciel et mer.
Une espèce de héros homérique, un celte moderne... un Breton
Pour affronter les fléaux qui affectent la santé des hommes, il est une idée saine et simple qui consiste à placer ceux qui le veulent au cœur de la tourmente naturelle. Dans la vraie vie, à l’état brut, dans la violence de la création pour susciter, activer et développer la recréation.
L’asservissement, la soumission, la dépendance, trouvent des ressorts actifs et réactifs au contact des éléments primitifs, imprévisibles et infinis.
Et quand tout se passe dans le ventre d’un navire taillé et façonné dans l’esprit de l’artisanat viking, avec le consentement de Wotan, l’homme ordinaire se sent tout à coup investi d’un rôle sacré... et le miracle peut s’accomplir jusqu’à la délivrance.
Au cœur d’une nouvelle expérience, dans une microsociété organisée et responsabilisée, entourés d’hommes éveillés à l’aventure humaine et à l’exploit, la vie, une autre vie émerge sans que l’on y prenne garde, comme repassée sur le marbre du créateur pour une nouvelle naissance.
Aux grands maux les grands moyens, pour combattre les souffrances affligeantes, il faut donner à l’homme le sentiment qu’il investit une cuirasse chevaleresque, par la puissance représentée et par la dignité profonde qu’elle personnalise.
Il est tout à coup quelqu’un d’important et d’indispensable à la survie de tous les hommes de l’équipage. La vie personnelle et la vie sociale reprennent naturellement leur place au cœur d’un organisme vivant où elles sommeillaient.
Ces conceptions naissent dans l’esprit d’un homme particulier, comme le héros légendaire Ulysse, il voit le jour dans une île, non pas celle d’Ithaque, mais d’Ouessant. De son île natale, il a conservé sa volonté « bretonne », un fort caractère, une énergie débordante, une voix forte, parfois coléreuse, une « main de fer ». Il a su imposer ses projets aux grands de ce monde et même au général de Gaule en son temps.
D’une franchise désarmante il avoue : « Ma vocation de prêtre, cela c’est fait comme ça. Certains de mes amis sont entrés dans la marine, d’autres sont devenus agriculteurs, moi, je suis allé chez les jésuites.
Je n’ai pas eu d’apparition. C’est une démarche naturelle que je ne peux pas expliquer. Je n’ai pas une passion pour la mer, elle est une évidence. Les gens passionnés, ce sont des gens qui ont été en manque. Moi, j’ai toujours eu la mer dans ma vie. »
Sa vocation salvatrice est née très tôt. En 1939, Michel Jaouen entre au noviciat des jeunes jésuites de Laval et est ordonné prêtre en juillet 1951.
La même année, il crée une association d’aide aux jeunes délinquants « Amis Jeudi-Dimanche. » Pour ces jeunes à la dérive, il achète deux hectares de dunes près de Brest. En 1954, il devient aumônier de la prison de Fresnes, quartier des mineurs. Il y restera plus de dix ans.
Cette réclusion d’accompagnement lui permettra d’échafauder le plan central de sa vie, armer un voilier-école. Son discours de l’époque, toujours le même :
« Ces gosses ou ces adultes sont malheureux, il faut les valoriser, les libérer, leur offrir l’évasion. Cependant il n’est pas question de s’apitoyer, de se lamenter sur le sort des toxicomanes, des fugueurs et autres exclus de la société.
Cessons de les plaindre, de les dorloter. Nous leur offrons beaucoup trop de cadeaux... la seule question est : tu es toxicomane ? Tu veux décrocher ? Eh bien tu arrêtes, tu es seul à pouvoir le faire !
Pas de discours plus compliqué à avoir. C’est un service à leur rendre. Je ne suis pas un flic ni un curé moralisateur. »
Alors, depuis près de trente-cinq ans, dans un certain anonymat, contre vents et marées... et gendarmes, sur le Bel espoir puis sur la multitude d’enfantements nés du premier projet, des centaines de jeunes ont mis le cap vers une vie nouvelle.
Au début, le père Michel Jaouen assumait toutes les tâches à bord. Tour à tour mécanicien, cuisinier, radio, matelot, capitaine, complice des crises et des faiblesses. Maintenant, comme dans l’évangile de la multiplication les pains, les bateaux se sont multipliés... au point que je ne puis les dénombrer.
Je ne puis même pas révéler l’âge de ce brave homme, de toute façon il paraît qu’il est éternel, ce qui atteste l’authenticité de son action.
Un capitaine qui a comme devise :
La mer est la plus belle des disciplines. Au large, le groupe doit être soudé. Sinon... la mer nous engloutit à jamais. Sur un bateau, la discipline s’impose d’elle-même.
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