Les petits profits des professeurs de médecine parisiens
La chasse aux économies budgétaires se poursuit dans les hôpitaux publics parisiens. Et tout ça sur le dos du personnel et des patients. Par contre, tout va bien pour les professeurs de médecine qui y exercent.
Après l'hôpital Trousseau il y a un an, Tenon l'automne dernier, et maintenant Mondor, les projets de restructuration de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris continuent d'alimenter la révolte. Les fermetures de service se poursuivent, comme avec la cardiologie à Mondor. On nous parle de faire payer les chambres individuelles au patient. Et bien entendu on réduira le personnel en préférant recourir à des contractuels au statut précaire.
La précarité n'est pas un mot au dictionnaire des PU-PH (professeur d'université - praticien hospitalier) qui cumulent leur traitement d'enseignant, un salaire pour les consultations et interventions qu'ils effectuent à l'hôpital public. Mais en plus ils ont la possibilité de recevoir, dans les locaux publics, une clientèle privée, dont ils sont libres de fixer les honoraires.
Et même si le Conseil de l'Ordre avait demandé à certains d'entre eux, coupables de dépasser allègrement le montant autorisé d'honoraires privés, rien n'a changé dans les faits. Pour rappel, voici le Top 7 de ces grands gagnants de l'AP-HP, telle qu'elle a été publiée par le Parisien le 10 juin 2010. Les montants représentent les honoraires privés perçus en 2007.
1. Pr. Thierry Flam (Urologie - Cochin) : 593 000 euros
2. Pr. Marc Zerbib (Urologie - Cochin) : 569 000 euros
3. Pr. Maurice Mimoun (Chirurgie plastique - Saint Louis) : 545 000 euros
4. Pr. Jean-Noël Fabiani (Chirurgie thoracique - Pompidou) : 460 000 euros
5. Pr. Laurent Hannoun (Chirurgie générale - Pitié-Salpêtrière) : 430 000 euros
6. Pr. Bernard Debré (Urologie - Cochin) : 280 000 euros
7. Pr. Bernard Granger (Psychiatrie - Cochin) : 126 000 euros
Ce qui est assez drôle c'est que le Professeur Granger est l'initiateur du Mouvement de défense de l'hôpital public. Comme quoi on peut profiter largement du système des honoraires privés et apprécier le confort de l'hôpital public.
Une autre remarque s'impose en lisant ce classement sur le montant des honoraires privés perçus par le professeur Debré en 2007, alors que cette année là, il est député, conseiller d'arrondissement, conseiller de Paris. Autrement dit il ne remplit pas un temps plein à Cochin, mais perçoit tout de même des honoraires plus que confortables, qui s'ajoutent à tous ses autres revenus. Au prix d'une gestion de son emploi du temps qui doit être acrobatique ...
Le problème des honoraires privés c'est qu'ils créent une médecine à deux vitesses au sein de l'hôpital public, puisque c'est connu que les patients "privés" de ces médecins obtiennent plus rapidement leurs rendez-vous que les patients "publics". Mais en plus, ces médecins utilisent les ressources de l'hôpital alors que les revenus sont entièrement pour eux, au moment même on pour faire des économies on demande aux personnels et aux patients de supporter les conséquences des cures d'austérité budgétaire.
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