Les virus ont la peau dure
Nos chers élus semblent avoir quelques « retards à l’allumage »... et depuis novembre 2019, les semaines se sont écoulées sans que de bonnes décisions aient été prises... et quand elles le sont, c’est toujours tardivement.
C’est la réflexion que nous pourrions nous faire, en réalisant que, dès novembre 2019, un scientifique chinois avait alerté les autorités de son pays, sans être vraiment pris au sérieux, et avait même été puni pour avoir « tenté de semer la panique auprès de ses concitoyens sur des informations infondées ».
Le patient zéro aurait été soigné le 17 novembre, et dès la fin 2019, 266 malades étaient déjà répertoriés. lien
Ce lanceur d’alerte s’appelait Li Wenliang, il est décédé depuis...et il est aujourd’hui considéré comme un héros national. lien
En effet, dès le 30 décembre, cet ophtalmologue de 34 ans, avait informé ses contacts, par WeChat interposé, que des personnes semblaient contaminées par le SRAS dans l’hôpital de Wuhan ou il officiait.
A la suite de quoi il fut emprisonné, en vertu d’une loi chinoise sur la cyber sécurité adoptée en novembre 2016.
Comme l’affirmait CNN : « ce médecin de Wuhan a été ciblé par la police pour avoir tenté de dénoncer le coronavirus mortel dans les premières semaines de l’épidémie. Puis, après avoir involontairement traité un patient qui avait le virus...il l’a attrapé aussi ». lien
Progression de la pandémie.
Mais allons en France, où tout d’abord, l’ex-ministre de la santé avait assuré que « le risque d’importation depuis Wuhan est quasi nul. Le risque de propagation du coronavirus est très faible... » ... c’était le 21 janvier...on connait la suite. lien
Mais il y a plus grave.
A l’occasion des municipales, Macron avait tenté de les faire reporter, invoquant des questions de santé, mais probablement aussi pour éviter la claque prévisible...sauf que Larcher, le président du Sénat, et quelques autres, y voyait un « coup d’état »... « un déni de démocratie »... forçant le chef de l’état à reculer. lien
Il semble qu’aujourd’hui, celui qui se prend pour Jupiter ait enfin pris la mesure du danger, faisant passer le pays du stade 1, au 2... puis au 3...
Sauf que 5 mois se sont écoulés depuis...faisant naitre une légitime colère populaire, comme celle d’Annie Thebaud, une scientifique qui s’exprime sur son blog.
Cette experte en santé publique, qui lutte depuis 50 ans « contre les inégalités de santé et pour la prévention, en particulier la lutte contre les atteintes professionnelles et environnementales, au premier rang desquelles le cancer... ».
Evoquant une « incohérence patente », voire « irresponsable... criminelle » le choix d’avoir convoqué 40 millions d’électeurs le 15 mars, dénonçant « des scientifiques anonymes, proches du pouvoir » qui auraient servi « d’alibi pseudo-rationnel », alors qu’il était urgent, voire essentiel, de tenter « d’interrompre à tout prix la chaîne de contamination ».
Elle reproche aussi à nos dirigeants d’avoir attendu le 7 mars 2020 pour autoriser les laboratoires de ville à faire le test, permettant ainsi aux généralistes de faire leur travail dans de meilleures conditions.
Elle constate aussi que, confrontés à des catastrophes industrielles, mais aussi à la dissémination chronique de la radioactivité, de l’amiante, des pesticides, et autres substances chimiques dangereuses, dont la pollution atmosphérique se nourrit, le message des autorités françaises est invariablement celui-ci : « c’est sans danger immédiat ».
Donnons la parole à l’économiste Christophe Ramaux, chercheur au Centre d’économie de la Sorbonne, lequel s’exprimant sur ARTE, déplorait le manque de moyens financiers, assurant : « on a drastiquement réduit en 2004 les recherches sur le coronavirus ».
Il critiquait un « sous-investissement récurrent la recherche fondamentale »
Ce qu’a confirmé Yves Gaudin, directeur de recherche au CNRS « les financements octroyés pour la recherche sur ces virus n’ont pas été très importants, et le nombre d’équipes effectuant de la recherche fondamentale sur les coronavirus en France est resté très limité ». lien
C’est aussi ce que dit le Docteur Etienne Decroly : « il y a une vingtaine d’années, les laboratoires fonctionnaient avec 50% de fonds provenant d’organismes statutaires comme le CNRS ou l’Inserm, contre 10% aujourd’hui. Nous sommes de plus en plus soumis aux appels à projets pour survivre, et ces derniers ne nous permettent pas de travailler sur des sujets au long cours tels que l’étude des coronavirus ».
Comme on le sait, le docteur Didier Raoult mène à Marseille un traitement à la Chloroquine, s’appuyant sur plusieurs études scientifiques chinoises, lesquelles ont démontré que cet anti-paludisme tue le virus en 4 jours...(lien) ce qui n’empêche pas le gouvernement d’affirmer « aucune étude rigoureuse publiée dans une revue internationale à comité de lecture indépendant ne démontre l’efficacité de la chloroquine pour lutter contre l’infection du coronavirus chez l’être humain ». lien
Mais quel crédit donner à cette affirmation ?
Creusons un peu la question.
S’il faut en croire Johanne Montay, s’exprimant chez nos voisins d’outre Quiévrain, de RTBF, la Chloroquine n’est pas l’unique solution...le Remdesivir est envisagé pour les cas critiques, sauf qu’il n’est pas approuvé par l’AEM (agence européenne du médicament)...lien
Plus concrètement, on pourrait aussi s’interroger sur le manque patent de masques pour protéger la population...ajoutons que certains médecins se plaignent d’être obligés de mettre des masques périmés depuis 10 ans. lien
Nombreux sont les pharmaciens qui affichent à l’entrée de leur officine : « nous n’avons pas de masques »...et le syndicat MG France s’indigne : « les médecins sont inquiets n’ont pas de masques pour eux ou leurs patients et se demandent comment faire ». lien
On sait que l’état français a réquisitionné 100% de la production, et s’il est vrai que, dans un 1er temps, certains se sont précipités dans les pharmacies vidant le maigre stock disponible, il n’en demeure pas moins que ces masques sont aujourd’hui aux abonnés absents, alors qu’ils seraient bien utiles pour tenter de freiner la propagation du virus.
Pourtant, parmi les 3 entreprises qui fabriquent ces masques, la production tourne autour des 30 000 masques par poste en 8 heures de travail...et plus de 40 personnes occupent ce poste... lien
Pour une seule entreprise, cela signifie plus d’un million de masques produits par jour...et on peut légitimement s’interroger sur la pénurie actuelle...
Au niveau mondial, comment ne pas s’indigner de la réaction de l’homme à la chevelure orange qui est à la tête de la maison blanche, et qui a proposé en vain à un laboratoire allemand de lui acheter très cher un vaccin à venir, avec l’idée de s’en attribuer l’exclusivité (lien), et dans le même temps, cette même Allemagne (mais aussi la France) avait décidé d’interdire l’exportation de matériels médicaux sensibles, tels que les respirateurs, vers les pays qui en ont le plus besoin, dont l’Italie... (lien) avant de faire fort heureusement machine arrière. lien
Il ne faudrait pas oublier non plus le geste fort qu’a fait la Chine en direction de nos voisins outre Alpes, en leur apportant une aide technique essentielle, et considérable, au moment où d’autres pays européens ne songeaient qu’à leur propre avenir...lien
Décidément l’Union Européenne montre une fois de plus les limites de son unité. lien
Le 16 mars, le chef de l’état a pris de nouveau la parole, pour signifier aux uns et aux autres que la situation était plus grave que prévue...et répétant à 6 reprises que nous étions « en guerre »... appelant à un sursaut républicain, repoussant le 2ème tour des municipales, en validant le 1er...lien
Il a bien sûr flatté infirmières et infirmiers « en 1er ligne », sans pour autant leur proposer une revalorisation de leurs salaires...
Des politologues ont résumé son intervention en évoquant entre autre le fait que toutes les réformes étaient suspendues... de quoi faire réagir ceux qui, semaine après semaine, mois après mois, se sont mobilisés, sans le moindre résultat, et qui finiront par se dire qu’un méchant virus aura réussi à freiner ce mauvais projet... peut-être provisoirement ?
En résumé, face à un état peu efficace, lent à réagir, des budgets insuffisants, la recherche quasi en panne, des masques introuvables, ou périmés, et des ratés à répétition, le coronavirus semble avoir de beaux jours devant lui.
Comme dit mon vieil ami africain : « le monde aura beau changer, les chats ne pondront pas ».
Le dessin illustrant l’article est de Régis Hector
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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