Leur fin justifie-t-elle la réduction des moyens …

La grande désillusion
Ils ont travaillé toute leur vie, plutôt durement, en une période alors si laborieuse durant laquelle chacun avait sa place dans la société. Ils ont contribué à la croissance, la prospérité de la nation, le bien-être de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Ils ont vieilli, découvrant bien malgré eux que les fruits de la croissance d’alors n’étaient pas tombés dans tous les paniers. Une répartition inéquitable qui les plaçaient eux, dans la cohorte des laissés-pour-compte.
Ils n’ont pas eu cette chance d’être nantis, actionnaires ou encore d’appartenir à la classe sociale qui profite des dividendes sans jamais se soucier des conséquences pour ceux qui justement sont les acteurs réels de leur richesse. Mais il est loin le temps où la valeur travail était respectée, c’était justement quand ces braves gens étaient actifs et en pleine forme.
Ils ne sont plus actifs et encore moins en forme. Pire même, ils sont en situation de dépendance, ils ne peuvent plus se prendre en charge. C’est d’ailleurs pourquoi, par l’effet combiné du grand âge et de la situation de handicap, ils sont pensionnaires dans un EHPAD quoique le vocable de pensionnaire ne soit pas vraiment adapté aux traitements qui leur sont dispensés .
Ils ont de petites retraites, c’est d’ailleurs pour ça qu’ils n’ont pas la chance de profiter de tout le luxe auquel seuls les moins démunis peuvent accéder. Parfois même, leurs enfants et leurs petits-enfants, mettent la main à la poche pour payer le supposé service qu’ils sont en droit d’attendre. La belle farce que voilà car si les actionnaires, qui ont trouvé dans la vieillesse le moyen de toujours plus s’enrichir, ont mis leur nez dans la gestion des EHPAD, c’est justement pour faire des économies sur le personnel.
Une bonne gestion suppose de rationaliser les coûts, de pressurer les employés, de fixer des horaires et des temps de soin qui ne tiennent pas compte de l’humain. Des experts ont pris les choses en main, on fixe des cadences infernales à un personnel si peu soignant faute de temps. Les minutes consacrées à chaque vieillard sont contingentées, il ne faut ni s’attarder, ni prendre la peine de discuter. Ce sont des pions confiés à des gens que l’on considère comme des robots.
Pour nos pauvres résidents, c’est l’enfer. Ils sont abandonnés là, sans qu’on s’occupe vraiment d’eux. Les coupes budgétaires s’imposent à tous, c’est la loi d’une société qui non seulement est ingrate vis à vis de ses aînés mais aussi parfaitement inhumaine. C’est sans doute l’apogée de ce progrès auquel ils avaient cru bien naïvement.
Ils ont connu les trente glorieuses, ils terminent leur existence dans un inconfort scandaleux, un mépris intolérable, une misère affective sans nom, un inconfort honteux. Rien de glorieux dans tout ça et tout le contraire exactement. C’est la honte la plus absolue, l’indignité et l’infamie d’une société qui rejette dans des fonds de basse-fosses ses anciens.
Rassurez-vous, les actionnaires vont bien. Ils se frottent les mains tandis que les infirmières, les éducatrices, les aide-soignantes n’en peuvent plus de constater que ces monstres les forcent à maltraiter les personnes âgées dont elles ont la charge. Elles ne peuvent faire autrement, leur journée est une course contre la montre pour parvenir à tout faire sans même un regard pour nos anciens, faute de temps.
Que dire de cela ? Peut-on encore évoquer le terme de civilisation quand la déchéance est promise en fin de vie ? La colère des personnels des EHPAD est non seulement justifiée mais elle souligne à quel point les critères qui sont désormais ceux qui organisent notre société sont totalement et irrémédiablement sortis du cadre de l’humanité. Des monstres d’égoïsme et de cupidité dirigent ce modèle vers sa ruine sans se soucier jamais des pauvres gens qu’ils laissent sur le bas-côté. Est-il encore temps de réagir ?
Honteusement leur.
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