Mercure dentaire : nouvelles controverses
Le mercure dentaire est incorporé à d'autres métaux pour former un alliage à froid appelé amalgame d'argent ou amalgame dentaire, également connu sous le nom de "plombage".
Utilisé pour l'obturation des cavités de carie depuis plus de 150 ans, l'innocuité de l'amalgame au mercure pose régulièrement question et suscite depuis les débuts de son utilisation de multiples controverses.
Mercure dentaire : nouvelles controverses
À l'occasion de la réunion internationale sur le mercure qui se tient dans le cadre du Programme des Nations Unies sur l'environnement, les opposants au mercure dentaire font une fois encore entendre leur voix dans l'espoir de parvenir à faire interdire l'emploi du mercure en dentisterie. La Norvège a banni le mercure depuis fin 2007, officiellement pour des raisons, non pas médicales, mais environnementales. Aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) des États-Unis (équivalent de l'Afssaps en France) a édicté en juillet 2009 de nouvelles recommandations visant à restreindre l'emploi de l'amalgame dentaire.
Le Conseil de l'Europe qui envisageait également de restreindre l'emploi du mercure en dentisterie, s'est heurté à l'opposition des dentistes français, avec pour résultat un statu quo. Spécialement mandaté par la Commission européenne pour statuer sur le mercure dentaire, un comité scientifique européen a déclaré que l'amalgame dentaire est sans danger pour la santé et peut continuer à être employé à défaut d'alternative satisfaisante.
Mercure dentaire : toxique ou pas ?
En plus d'être un polluant des éco-systèmes, le mercure est reconnu comme toxique pour santé. Ce neurotoxique est classé CMR, soit Cancérogène, Reprotoxique, Mutagène. Amalgamé à froid à quatre autres métaux, le mercure des amalgames dentaires s'échappe cependant des obturations pour diffuser dans l'organisme et ceci par différentes voies : vaporisation au contact de la chaleur, électrogalvanisme buccal au contact de la salive. Pour ses détracteurs, son affinité particulière pour la cellule nerveuse impliquerait le mercure dans de nombreuses pathologies, en particulier la génèse ou l'aggravation de maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer.
Pour ses défenseurs, l'amalgame dentaire est suffisamment stable pour que le mercure ne s'en échappe pas ou en quantités trop faibles pour pouvoir générer des problèmes de santé. Cette affirmation est contredite par les chercheurs de l'université de Calgary qui ont démontré un impact délétère du mercure sur la cellule nerveuse à de faibles concentrations.
Mercure dentaire : quelle alternative ?
Les défenseurs de l'amalgame dentaire font en outre valoir qu'aucun matériau alternatif satisfaisant n'existe à ce jour pour remplacer l'amalgame au mercure. C'est là certainement le fond du problème car l'amalgame est un matériau sans équivalent avec un rapport fiabilité/prix défiant toute concurrence. D'une pose facile et rapide, l'amalgame dentaire peut être placé pratiquement dans n'importe quelles conditions, y compris en présence de sang et de salive. Il permet d'obturer des cavités importantes pour un prix modique.
Les matériaux alternatifs qui existent, sont plus coûteux et leur mise en place est plus longue, plus délicate car plus exigeante. La sécurité sociale qui n'a pas relavorisé ses tarifs depuis des années, ne rembourse pas le surcroît de travail et de temps exigé par la mise en place d'une obturation sans métal de type composite ou résine. Quant aux inlay en céramique, nécessaires en cas d'obturation de volume important, ils sont chers et remboursés comme un soin de base, c'est à dire pratiquement rien par rapport à la somme que doit débourser le patient. Leur avantage est cependant une durée de vie longue, ce qui n'est pas le cas des composites.
D'un point de vue économique, il n'est pas viable pour un dentiste de travailler avec des matériaux alternatifs en proposant des soins au prix sécu. Si on ajoute à ces contraintes celles liées à l'hygiène impliquant de passer le fil dentaire quand on a des composites, on voit que la solution au remplacement de l'amalgame dentaire en dentisterie est loin d'être simple. Si l'équivalent atoxique de l'amalgame dentaire existait, les dentistes l'auraient adopté depuis longtemps. Poser des composites dans une bouche sans hygiène, c'est aller au devant de complications : récidive de carie impliquant de dévitaliser la dent.
Vers le bannissement de l'amalgame dentaire ?
L'avenir de l'amalgame dentaire est conditionné par des impératifs économiques. Il est évident que la sécu n'a pas intérêt à rembourser des soins faits avec des matériaux alternatifs et qu'il n'est pas possible de proposer une dentisterie biocompatible de qualité aux tarifs conventionnés actuels.
En attendant un hypothétique bannissement de l'amalgame dentaire et que les progrès technologiques apportent d'autres solutions non invasives de traitement de la carie dentaire, il appartient à chaque patient de s'informer et de faire son choix en toute connaissance de cause.
Attention : la dépose des amalgames qui libère des quantités importantes de mercure, doit se faire de manière progressive et en prenant des précautions spécifiques.
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