Mobilisons-nous pour faire reconnaître les allergies comme cause nationale
Les allergies comme cause nationale ? Non, ne souriez pas ! La population qui en souffre a augmenté de manière dramatique ces dernières années : un quart de la population française souffre d’allergies respiratoires alors qu’elle n’était que de 3,8% en 1968. Les allergènes, élément présent dans l’environnement et causant la réaction allergique, ont ainsi été démultipliés ces dernières années. Principaux suspect : les nouvelles substances créées par la modernisation et l’industrialisation de nos sociétés. Les allergies relèvent de ce défi majeur que constituent les épidémies modernes, pour reprendre un titre du toxicologue André Cicolella.
Et si vous pensez comme certains que les allergies restent une maladie essentiellement bénigne, sans réel impact sur la vie des patients, vous êtes loin de la réalité. Cette caricature de la maladie a été largement véhiculée par les médias et les pouvoirs publics qui l’ont étiquetée « maladie de bobos ». Asthme, rhinite, eczéma, urticaire : les symptômes, souvent chroniques, ont une réelle répercussion sur la qualité de vie des patients et peuvent même devenir grave (voir mortel) dans les cas les plus sérieux.
Une mobilisation pour une meilleure reconnaissance des allergies semblent ainsi nécessaire pour enrayer ce triste constat.
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Les allergies : un autre « mal du siècle »
Que sait-on des allergies ? Elles apparaissent lorsque l’on est en contact d’un allergène mal toléré chez certains individus et entrainant une réaction excessive du système immunitaire. Différents types de réactions pourront alors se manifester créant un panel de réactions allergiques assez vaste comme l’asthme, l’eczéma, l’urticaire, la rhinite allergique ou encore les allergies alimentaires. On sait maintenant que les allergènes, cause de tout ces maux, se sont multipliés de façon drastiques ces dernières dizaines d’années. La modernisation rapide de nos sociétés a amené un lot de nouvelles substances dans l’environnement, dont nos corps n’ont pas eu le temps de s’acclimater entrainant la réaction immunitaire. Un allergologue rapporte que « le fait que l’homme ait accès à une alimentation plus diversifiée, vive dans des foyers mieux isolés (plus confinés), qu’il assimile des molécules nouvelles, hormones etc. amène à conclure que l’immunité conduit à l’allergie ».
Que ce soit dans l’environnement (diesel, molécules nouvelles …), alimentation (sélection de blés au taux de gluten très élevé par exemple), les exemples où l’homme est intervenu dans notre alimentation et notre environnement sont tellement nombreux qu’il en est devenu difficile de savoir à quoi on est allergique. Les nouveaux allergènes sont là et partout, un véritable ennemi quasi invisible. Si nous savions depuis quelques années que les facteurs environnementaux pouvaient aggraver les maladies, on sait aujourd’hui qu’elles peuvent aussi les créer. Et ceci dans des proportions considérables étant donné l’augmentation impressionnante du nombre d’allergique en quelques années, des chiffres qui font froids dans le dos : dans l’hémisphère nord 10% de la population avait souffert d’une allergie en 1980, 30% en 1999 et on annonce le chiffre de 50% d’ici 2020. En Europe on estime à 100 millions de jours de travail et d’école perdu chaque année suite à l’asthme et aux rhinites allergiques.
Des répercutions sous-estimées
On sait maintenant que les allergiques souffrent pour la plupart de réelles répercussions dans leur qualité de vie et notamment chez les enfants particulièrement touchés. Daniel Vervloet, président de la Fédération française de pneumologie, affirme notamment que « ces maladies chroniques sont à l’origine d’un manque de sommeil, d’une certain irritabilité … elles limitent la capacité de concentration et donc d’apprentissage, elles freinent la pratique du sport … et peuvent être handicapante en période d’examen ». Chez certains patients durement touchés, cela peut même se transformer en véritable parcours du combattant : identifier l’allergène n’est pas toujours si évident, et le supprimer de son environnement ou s’en éloigner peut s’avérer être délicat. Enfin, Les spécialistes estiment que la rhinite allergique peut s’aggraver en asthme (40%).
Mobilisons nous pour une meilleure prise en charge des allergies
La prise en charge des allergies souffre actuellement de nombreuses carences : accès aux informations et aux soins insuffisants, non-reconnaissance de l’allergologie comme une vraie spécialité (ce qui entraine une baisse du nombre d’allergologue), un manque de moyen dans la recherche… Dans ces conditions, il faut impérativement mettre en place des actions nécessaires au changement car des actions sont possibles si l’on s’en donne les moyens. Une réelle prise en considération au niveau politique semble être la condition préalable pour pouvoir agir. Au niveau européen, un premier pas a été fait avec la présidence de la Pologne au Conseil de l’Union Européenne qui a inscrit en 2011 les allergies respiratoires dans ses priorités. Une première étape, qui gagnerait à être suivie au niveau national.
Dans ce contexte, un collectif a été créé en France rassemblant des parlementaires, professionnels de santé et associations de patients afin de générer une mobilisation en faveur d’une meilleure prise en charge globale des allergies. Leur premier souhait serait d’obtenir la reconnaissance des allergies respiratoires comme « grande cause nationale pour l’année 2012 », demande qui a été faite début novembre auprès du 1er ministre. Une pétition (que vous pouvez signer ici) et un groupe Facebook, a été créé afin d’appuyer la demande. Il est ainsi demandé à tous ceux qui jugent cette demande légitime, d’apporter leur soutien en signant la pétition.
Si le statut de grande cause nationale est obtenu, le collectif semble envisager dans un premier temps les actions suivantes :
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une météo des pollens diffusée dans les médias
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un cours sur les allergènes enseigné dans les écoles
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des diagnostics de moisissures dans les logements à vendre ou à louer (reprenant le dispositif du diagnostique énergétique)
Parallèlement, la mise en place d’une vraie spécialité en médecine, des budgets pour la recherche et une meilleure unification des connaissances pourrait permettre aux patients de mieux savoir vers qui se tourner. « Il est essentiel de concevoir une vision d’ensemble, un plan d’action global et harmonieux qui couvrirait tout les aspects de ces pathologies et expliquerait les multiples visages des allergies qui sont difficiles à appréhender par le grand public » nous confirme le Pr Daniel Vervloet.
Une large mobilisation, notamment via cette pétition, pourrait enfin permettre aux malades souffrant d’allergies chroniques de voir leur pathologie mieux reconnue et de mettre enfin des actions en place pour enrayer la croissance exponentielle du nombre de malades. Ce n’est qu’en mettant en place des actions concertées que des changements sont possibles et des millions d’individus souffrant quotidiennement d’asthmes, eczéma ou autre rhinite allergique pourront enfin voir leur maux pris sérieusement en compte. Si notre société est capable d’amener ces nouvelles maladies, elle devrait aussi pouvoir se donner les moyens de les enrayer.
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