Oui je suis bipolaire, la belle affaire
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Avoir une maladie psychiatrique est très stigmatisant, je le sais ayant longtemps eu honte de ma bipolarité.
Mis à part les 2 mois d’internement dont je sors et des blessures qui m’ont été infligées par l’infirmerie psychiatrique de la Préfecture de Police (IPPP)[1], finalement je ne m’en sors pas si mal, j’aurais pu tomber sur une maladie plus handicapante socialement.
Dans bipolaire il y a bi, donc deux, et je me suis donc dédoublée pour écrire cet article : je suis le psy et la patiente.
Question : 1 c'est quoi être bipolaire ?
La patiente (moi donc) : c'est être capable de se transformer en wonder-woman ou en superman selon que vous êtes un homme ou une femme (la bipolarité n'est pas macho : elle admet aussi les femmes) comme de tomber dans une dépression très profonde.
Le psy (moi, encore) : c'est d'avoir eu un épisode dépressif grave (avec par ex. envie de suicide) et avoir fait au moins une crise maniaque.
Question 2 : c'est quoi une crise maniaque ?
La patiente : c'est comme d'être sous lsd (enfin je suppose, n'en ayant jamais pris), mais sans avoir eu besoin de courir après un méchant dealer.
C'est un peu comme si votre corps sécrétait son propre lsd.
Sur le coup c'est assez sympa.
Le psy : il s'agit d'un état d'excitation pouvant se traduire par une grande agitation, suffisamment grande pour mettre le patient en danger : il peut sauter d'une fenêtre croyant pouvoir voler, devenir très agressif, bref se mettre en danger.
Question 3 : c'est grave ?
La patiente : oui, sauf si on est très sérieux dans son traitement : moi il s'est passé 8 ans entre ma première et ma seconde crise maniaque parce que je suis suivie par un psy et que j'observe sérieusement mon traitement .
La seconde je l'avais même vue venir, mais j'ai réagi trop tard. Sans ça et sans l’intervention musclée des flics[2] je l'aurais évitée, je pense.
Le psy : oui, si le patient ne suit pas son traitement et n'est pas suivi par un psy après sa sortie de l'hôpital psychiatrique.
Le patient peut retomber en crise tous les 18 mois (ceci étant une moyenne).
Question 4 : si je suis une femme, pourrais-je avoir une vie "normale" ?
La patiente ET le psy : oui, sans aucun doute, toujours à la condition d'être suivie et d'être vigilante dans son traitement.
Il existe des hommes prêts à nous accepter telle quelle (je parle d'expérience) ET surtout il est possible d’avoir des enfants : il existe des traitements qui sont sans effets sur un bébé.
J'ai une amie bipolaire dont le petit bout de chou va parfaitement bien, et je compte bien suivre son exemple….
Conclusion : de toutes les maladies mentales, être bipolaire est celle qui est une des moins handicapante socialement et professionnellement parce qu'on peut la contrôler.
[1] Sur l’ippp voir le GIA , notamment cet article : http://www.groupeinfoasiles.org/allfiles/revuedepresse/061213liberationIPPP.htm
[2] Qui fera l’objet d’un article plus tard.
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