Ovocytes à vendre
Un article paru récemment dans la presse espagnole (MIA n°1389 du 30/04 au 14/05/2013) révèle que 40% des « dons » d’ovules de l’Union Européenne ont lieu en Espagne. Cela est lié à une loi unique en Europe qui permet la rémunération des donneuses, non pas pour l’achat d’ovocytes, mais pour les désagréments subis lors de cette intervention : traitement hormonal et anesthésie générale. Ce qui revient au même. Les prélèvements sont payés entre 600 et 1000€ selon les cliniques. Les jeunes femmes qui participent à ce marché, le font soit de manière régulière soit épisodiquement pour arrondir les fins de mois, d’après l’auteur de l’article Cyril Marcilhacy. La plupart sont étudiantes et répondent à des campagnes publicitaires organisées dans les cafétérias ou bibliothèques des universités par les cliniques privées : « Dona tus ovulos y recibiràs una recompensa financera ». Rien d’étonnant alors que certaines se laissent tenter surtout en ce moment en Espagne où le chômage des jeunes atteint des sommets. Au-delà des raisons économiques et sociales qui peuvent influencer une telle décision, il faut retenir la notion que certain(e)s considèrent leur corps comme un simple assemblage de pièces dont on peut éventuellement disposer à sa guise, en voulant tout ignorer des conséquences d’un tel acte. Un don d’organe n’est pas anodin. On peut estimer altruiste le don d’un rein ou d’une partie de son foie pour sauver la vie d’un autre être humain, Cependant le don d’ovocyte ou de sperme, ne sauvera la vie de personne et s’inscrit dans une autre logique. Les ovules (ou les spermatozoïdes) récupérés par cette méthode vont engendrer un fœtus puis un enfant qui ressemblera à ses géniteurs, même si la grossesse par la mère porteuse lui imprime quelques spécificités. Accepter de semer ainsi à tout vent c’est nier toute responsabilité dans l’élevage des enfants, c’est accepter que puisse être issu de soi des être humains dont on transfère à d’autres le contrôle de l’éducation, c’est nier toute notion de filiation et donc de famille, c’est l’abandon de toute prérogative morale sur sa descendance puisqu’on la confie à des inconnus. Le nombre de naissances issues de ce type de fécondation reste encore suffisamment marginal pour ne pas modifier les mœurs, mais rien n’interdit de penser que le développement de cette pratique, ne serait-ce que pour des raisons économiques, pourrait engendrer de nouvelles formes de fécondations (mères porteuses anonymes ou utérus artificiel) débouchant sur un marché ou tout un chacun pourrait venir s’approvisionner en nouveau né, ( vacciné, tatoué,et pourquoi pas garanti..) comme on le fait pour les animaux de compagnie dans les animaleries des super marchés. On peut aussi imaginer l’inverse : des femmes jeunes se faisant prélever des ovocytes afin de pouvoir disposer plus tard de leurs propres ovules, lorsqu’une grossesse ne sera plus un obstacle à leur carrière. Ce n’est pas inconcevable puisque la mère assurerait, en différé, la gestation de ses propres ovules, mais cela pourrait être aussi le premier pas vers un transfert de gestation à autrui, moyennant finances, afin d’éviter les inconvénients d’une grossesse.
Si nous n’y prenons garde, de même qu’existe et se développe le marché des ovocytes, celui des utérus à louer risque connaître une forte expansion dans les années à venir, afin d’exonérer certaines femmes de la grossesse ou de fournir un enfant aux couples d’homosexuels mâles. Ce marché de l’esclavage génital ne semble pas choquer ceux qui pourtant se réclament de la justice sociale et de l’égalité pour tous afin de justifier leurs positions marginales, sans doute car ils sont le plus susceptibles d’en profiter.
Drôle d’époque, où il nous faudra requalifier l’usage de l’appareil génital féminin : la jouissance de la partie basse (vagin) s’appellerait prostitution, et celui de la partie haute (utérus et ovaires) de l’altruisme rémunéré !
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