Pesticides, nitrates : ces majax qui rendent l’eau du robinet potable
Semaine noire pour l’eau en France : non seulement on apprend par Bruxelles que
Mais qu’ont-ils fait du principe de précaution ? Le Canard de mercredi dernier révèle que la dose de pesticides tolérée dans notre eau a été discrètement quintuplée !
Comment rendre potable une eau jugée impropre à la consommation ?
Alerté par Générations-Futures, Le Canard Enchaîné décrit une « entourloupe » qui permet de « rendre potables certaines eaux jusqu’ici rendues impropres à la consommation en raison d’une teneur trop élevée en pesticides ».
Résultat de cette révision des normes de qualité : le nombre de personnes touchées par des restrictions d’eau liées à un risque sanitaire a chuté de 75% entre 2009 et 2010.
Nos rivières ont-elles miraculeusement expurgées de leurs pesticides en un an ?
Pas vraiment. Pour l’année 2010, l’Agence Méditerranée Corse a détecté des concentrations de pesticides 150 fois supérieures aux limites de l’eau potable ! (1)
Par ailleurs, des traces de 6 pesticides interdits en France ont été détectées dans ses cours d’eau. (2)
Sur l’ensemble du territoire, plus de la moitié des rivières et nappes souterraines sont en mauvais état écologique. (3)
91% des cours d’eau et 70% des nappes phréatiques sont aujourd’hui contaminés par des pesticides. (4)
Selon, François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, la nouvelle réglementation « tolère dans de très nombreuses localités des quantités de pesticides 5 fois plus importantes dans notre eau qu’avant ».
Ce qui permettra de diminuer « par 4 ou 5 le nombre de situations qui exigeraient des limitations de consommation ».
L’atrazine et le folpet 5 fois plus tolérés
Concrètement, les restrictions d’eau liées à des pesticides comme l’atrazine se déclenchaient lorsque la teneur dépassait les 0,4 ug/L pendant plus d’un mois.
Aujourd’hui, il faut atteindre le seuil de 2 ug/L - soit 5 fois plus - pour appliquer le principe de précaution et interdire la consommation d’eau dans une localité. (5)
Même tour de magie pour le folpet, un pesticide classé comme cancérigène probable aux Etats Unis :
- « On va maintenant tolérer jusqu’à 300 μg/L pendant plus d’un mois alors qu’auparavant on ne pouvait dépasser les 60 μg/L pendant la même durée ! » s’indigne François Vuillemette.
Pour rendre l’eau potable et en finir avec le signalement des risques sanitaires liés à des pollutions agricoles, le ministère de la santé et son équipe de magiciens ont tout simplement changé de thermomètre pour estimer l’innocuité de l’eau.
C’est d’autant plus grave que 150 études internationales ont détectés la présence de pesticides dans nos organismes. De nombreuses autres études ont mis en évidence la vulnérabilité des nourrissons et femmes enceintes.
Pour les autres polluants, retenons tout simplement que les pesticides sont suspectés de favoriser l’apparition de cancer et de malformations à la naissance en cas d’exposition prolongée.
Et pour ceux qui auraient encore des doutes sur la politique de l’eau menée, rappelons que
Pour Bruxelles la législation sur les nitrates et les actions prévues en France « manquent de précision et présentent de nombreuses lacunes : les périodes d'interdiction sont inappropriées et les restrictions concernant l'épandage des effluents d'élevage [lisier] et des fertilisants sont insuffisantes".
Après plusieurs avertissements adressés à
En savoir plus :
• Que Choisir, Mars 2012
• Le Canard Enchaîné du 29 Février
(1)(2)(3)(4) : Que choisir, La ressource en danger, Mars 2012
Crédit photo : Greg Riegler Photography
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