Peut-on vraiment comparer non-vaccinés et vaccinés ?
Malgré le fait que l’immense majorité des victimes du COVID étaient des personnes âgées, 14 % des 80 ans et plus ne se sont pas faits vacciner. Mise à part celles des adolescents ou des enfants, aucune tranche d’âge n’est aussi peu vaccinée. En comparaison, concernant la tranche d’âge précédente, celle entre 70 et 79 ans, ce taux est de 2 %. Avec 7 fois plus de non-vaccinés, ne serions-nous pas en présence d’un biais ?
Imaginez que vous soyez un architecte chargé de la conservation d’un ensemble de monuments historiques. Parmi ces chefs-d’œuvre certains sont infectés par la mérule et ainsi ils menacent de s’écrouler à tout instant. En parallèle, un second danger apparaît : la montée des eaux. Concernant ce nouveau problème, votre hiérarchie vous interdit de construire des digues, sous prétexte que la solution serait pire que le mal. Par contre, elle vous suggère d’utiliser une nouvelle technique qui consiste à soulever les bâtiments avec des grues pour remblayer dessous. Depuis quelques mois, l’entreprise qui a mis au point cette technique a conduit des essais démontrant qu’elle fonctionne 19 fois sur 20. Mais malgré tout, les contrats qu’elle fait signer à ses clients l’exonèrent de toute responsabilité. Que décidez-vous ?
Maintenant, je vous propose de vous mettre dans la peau d’un médecin durant l’hiver 2021. Votre patientèle est composée d’individus de divers âges et plus ou moins en forme. Certains sont même condamnés à plus ou moins brève échéance. Aux cas les plus graves, vous leur aviez même annoncé qu’il ne leur restait que 6 mois à vivre.
Depuis près d’un an, le coronavirus rôde et vous êtes un peu effrayé par ce que vous avez vu, par ce que vos confrères vous racontent et aussi, comme tout le monde, par ce que vous voyez à la télévision. Malgré tout, vous êtes de formation scientifique et votre esprit pragmatique qui vous a tant servi durant vos études vous invite à rester calme, à appliquer ce qu’on vous a enseigné et d’ailleurs à pratiquer votre métier comme vous l’avez toujours fait, c’est à dire en faisant la part des choses face à la réalité du terrain. Ainsi, il ne vous échappe pas qu’après un an de circulation du virus et deux ou trois vagues subies, 5 % de l’ensemble des français ont été touchés par le virus et pour les 80 ans et plus, ce taux est de 6,5 %. Et même en observant le nombre de contaminations quotidiennes au cœur de l’hiver, vous obtenez des chiffres du même acabit. Sans pinailler inutilement sur les calculs, au train où vont les choses, vous vous rendez bien compte qu’il faudra 5 à 10 ans avant que la moitié de vos patients, même les plus fragiles, soient touchés par le virus.
Replacez-vous dans le contexte de l’hiver dernier : nos dirigeants clament haut et fort que le vaccin n’a rien d’obligatoire. Sachant qu’en tant que médecin, vous savez qu’aucune vaccination n’est sans risque et que vous avez déjà des retours inquiétants sur les effets secondaires, sans forcément évoquer une hécatombe ; sachant l’absence de recul sur cette technologie, sachant tout ce qu’il y a à savoir sur l’histoire de Pfizer ainsi que ses concurrents et enfin, ressassant votre frustration de vous être vu interdire de soigner vos patients COVID depuis le début de cette crise, que décidez-vous ?
… Que décidez-vous pour vos patients à qui vous aviez annoncé qu’il ne leur restait que 6 mois à vivre ? Que décidez-vous pour ceux sur le fil du rasoir ? Que décidez-vous pour les centenaires dont l’espérance de vie statistique se compte en mois ? (2,46 ans à 100 ans, selon la table de mortalité*)
Il est donc probable qu’entre la masse des médecins qui ont piqué à tout va et ceux qui, à l’opposé, ont refusé tout en bloc, certains médecins aient fait un arbitrage entre vaccination et état de santé de leurs patients. D’ailleurs, c’est ce qui transparaît clairement dans les statistiques concernant les taux de vaccination par tranches d’âge.
Malgré le fait que l’immense majorité des victimes du COVID étaient des personnes âgées, 14 % des 80 ans et plus ne se sont pas faits vacciner. Mise à part celles des adolescents ou des enfants, aucune tranche d’âge n’est aussi peu vaccinée. En comparaison, concernant la tranche d’âge précédente, celle entre 70 et 79 ans, ce taux est de 2 %. Avec 7 fois plus de non-vaccinés, ne sommes-nous pas de tout évidence en présence d’un biais ?
On peut chercher d’autres explications à cette anomalie statistique, telles que :
- Plus on vieillit, plus on est complotiste.
C'est bien connu, on s'embête tellement dans les EHPAD, qu'on passe son temps à surfer sur le web et à y faire des mauvaises rencontres. Par contre, avant d'atterrir en EHPAD, entre les tournées chez les petit-enfants et les croisières Costa, on n'a pas vraiment le temps de comploter.
- Ce ne sont pas eux les complotistes mais leur entourage.
L'idée d'une influence de la famille pourrait tenir la route si les générations suivantes étaient tout aussi peu vaccinées. Par ailleurs, chacun sait la difficulté pour retourner l'opinion de quelqu'un qui a passé trop de temps devant son téléviseur en 2020. Et les plus âgés y ont passé leurs journées.
- Les plus vieux ont eu des difficultés à rejoindre un centre de vaccination, puis par la suite un médecin, un pharmacien, un kiné...
J'ai lu des articles qui avançaient cette explication. Mais rassurez-vous, nos dirigeants n'y ont pas plus cru que moi car je n'ai jamais entendu parlé d'équipes de vaccination qui sillonnaient les campagnes françaises à la rencontre des non-vaccinés isolés dans leurs déserts médicaux.
- Les plus de 80 ans sont les seuls à avoir connu La Guerre et à être capables de reconnaître le mal totalitaire quand il pointe le bout de son nez
La sagesse guide les anciens, néanmoins quand ils se sont fait piquer, on était encore loin d’émettre l’idée d’une quelconque obligation. Le discours était même parfaitement opposé. Il n’y avait pas encore grand-monde pour faire le lien entre politique sanitaire et politique fascisante. L’ambiance était plutôt à sauver sa peau face au virus.
Libre à vous de choisir l’explication ou les explications qui vous conviennent le mieux. Mais si par hasard, vous adhérez à l’idée que le milieu médical ait pu moins vacciner les gens les plus fragiles, demandez-vous :
Peut-on comparer la population des non-vaccinés à celle des vaccinés ?
Nous savons qu’en France, chez les 80 ans et plus, il y a 580 000 non vaccinés ( 4,16 millions X 13,9 % = 0,58 millions). Par ailleurs, l’espérance de vie pour l’ensemble de cette tranche d’âge calculée à partir de la table de mortalité* est de 7,25 ans. On peut en déduire que celle des non-vaccinés, les 14 % qui quitteront en premier notre monde est de 1 an. En effet, tout les ans, cette classe d’âge perd près de 14 % de son effectif (1 an / 7,25 ans = 13,8%). C’est à dire que ces gens-là décèdent de manière uniformément étalée durant les 2 années qui suivent la décision de ne pas les vacciner. Ainsi, cela fait 580 000 personnes qui vont décéder dans les 2 ans, soit 290 000 par an ou 796/jour. Sachant qu’en ce moment (tout comme en moyenne depuis qu’on a commencé à vacciner) 10 % du total des décès sont « en lien » avec la COVID (200/jour), on pourrait en déduire que par la décision arbitraire de médecins, 80 décès COVID/jour sont passés du camp des vaccinés vers le camp des non-vaccinés.
En ce moment, quotidiennement dans nos hôpitaux, 120 personnes de 80 ans et plus décèdent en lien avec la COVID. On sait qu’il s’agit de 84 % de non vaccinés, 16 % étant vaccinés. Donc chaque jour 100 non-vaccinés et 20 vaccinés de 80 ans et plus décèdent. Cependant, en retranchant 80 décès du groupe des non-vaccinés pour les placer dans celui des vaccinés, on aurait finalement un rapport de 20 non-vaccinés pour 100 vaccinés.
Pour les puristes du raisonnement, on peut corriger le fait que si on fait basculer 80 personnes dans un sens, il convient d’en faire basculer 80 dans l’autre, mais avec une espérance de vie de 8,3 ans (14%+86 % x 8,3 = 7,28, à savoir l’espérance de vie pour l’ensemble de cette tranche d’âge calculée à partir de la table de mortalité*). Ainsi, on corrige dans l’autre sens de 80 x 1 / 8,3 = 10 personnes. Avec notre hypothèse de départ, le rapport serait donc de 30 non-vaccinés pour 90 vaccinés. Avec notre hypothèse de départ, on devrait donc concéder une légère efficacité à la vaccination (90/120 = 75% < 86%).
Mais cela reste une hypothèse et il appartient à chacun de se faire une opinion quant à la durée de vie restante des non-vaccinés de plus de 80 ans. Personne n’était présent dans le cabinet de nos médecins quand ils ont décidé en âme et conscience de conseiller la vaccination à leurs patients. En conséquence, ce paramètre d’espérance de vie des non-vaccinés restera difficilement quantifiable. Et même si vous n’adhérez pas entièrement à mes conjectures, il me semble difficile de ne pas voir la précarité des conclusions qu’on tire à partir du dénombrement des non-vaccinés dans nos hôpitaux. Aussi, avec un tel doute, comment peut-on conclure à l’engorgement des services COVID par la faute des non-vaccinés ?
Comment peut-on juger de l’efficacité des vaccins ?
Comment peut-on exonérer nos dirigeants de la charge de la preuve que nos médecins n’ont pas trié leurs patients au moment de leur conseiller la vaccination ?
Et comment nos députés peuvent-ils voter le pass vaccinal et ensuite raconter sur Twitter, comme je l’ai lu ces derniers jours, qu’ils ont fait ce choix parce que 8 COVID hospitalisés sur 10 sont des non-vaccinés ?
Pour ceux qui s’interrogeraient sur les autres classes d’âges, je répondrais que ce n’est pas parce que le taux de vaccination est plus élevé que le même phénomène ne s’est pas produit. Même si les jeunes avec comorbidités sont beaucoup moins nombreux que chez les plus âgés, ce sont aussi eux qui décèdent en cas d’infection.
Et pour ceux qui me feraient remarquer que les effets de ce phénomène s’estompent avec le temps, je ne les contredirais pas mais je soulignerais que c’est ainsi jusqu’à la prochaine vague d’injections. Parce qu’à chaque rendez-vous avec son médecin pour recevoir sa nouvelle dose, celui-ci va devoir faire le même genre de choix que l’hiver dernier. Ainsi, les catégories ayant reçu le plus de doses de rappel seront toujours mathématiquement favorisées au détriment des autres. On observe déjà cela avec une belle gradation de courbes d’hospitalisations en fonction des statuts vaccinaux (non vaccinés, partiellement vaccinés, vaccinés, vaccinés (rappel) et bientôt vaccinés (2 rappels), etc... ). Bien sûr, on peut toujours adhérer au concept d’efficacité décroissante des vaccins. Mais on peut aussi admettre que la présente explication n’est pas moins valable.
Pour finir, si comme moi, vous comprenez qu’il y a en France des centaines de milliers de personnes, pour la plupart âgées, qui n’ont pas vraiment choisi d’être non-vaccinées et peut-être des millions si on considère l’ensemble la population, vous pouvez vous demander : quelle morale peut pousser des élus à vouloir les « emmerder jusqu’au bout » ? Comment imaginer les priver de leur citoyenneté et de leur accès aux soins ?
Et même si une seule personne subissait cette persécution, une personne « vulnérable » au sens juridique, comme les plus âgés et dont les jours sont comptés, comment accepter cela ? Peut-on mettre son calvaire en balance avec l’hypothétique possibilité qu’elle infecte d’autres personnes ? Quant à la place qu’elle occupera à l’hôpital, n’était-elle pas déjà prévue ?
* https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/mortalite-cause-deces/table-mortalite/
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