Pollution de l’air des villes : l’inaction au pouvoir
Malgré les enjeux importants qu’elle représente pour la santé des français, la pollution de l’air dans les villes ne fait l’objet d’aucune mesure sérieuse. Bilan de l’inaction au pays d’excellence du diesel…

Dans la feuille de route pour la transition écologique, datée de septembre 2012, les Ministères concernés écrivent (page 13) : « La qualité de l’air extérieur, et en particulier la pollution aux particules fines, est un enjeu important de santé publique. Selon la Commission européenne et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’exposition chronique aux particules fines d’origine anthropique serait à l’origine d’environ 42 000 décès prématurés chaque année en France. En juin 2012, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé les particules fines diesel cancérogènes certains (Groupe 1) pour l'homme. La mauvaise qualité de l’air, intérieur ou extérieur, aurait un coût pour la collectivité compris entre 10 et 40 milliards d’euros par an. La France doit engager rapidement des actions d’amélioration de la qualité de l’air, y compris du fait du contentieux communautaire en cours. »
Ce n’est pas une découverte. En 2004, par exemple, l’AFSSET a édité une plaquette sur ce problème de santé publique. Le Conseil National de l’Air a également mis en garde en 2011 contre les particules fines et les oxydes d'azote qui tuent prématurément « près de 40 000 personnes dans notre pays », annuellement et qui contribuent à l'« augmentation significative de l'asthme chez les enfants, de l'augmentation des maladies cardio-vasculaires et des cancers ». Rappelons au passage qu’un diesel équipé de filtre à particules en émet beaucoup moins (surtout quand il est neuf) qu’un diesel ancien, mais il émet alors beaucoup plus d’oxydes d’azote, toxiques également pour le système respiratoire. Rendre « propre » le diesel ne sera décidément pas facile !
Qu’a fait le précédent gouvernement ?
- Il a lancé, dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, les Zones d’Action Prioritaire pour l’Air (ZAPA). Dispositif timide qui prévoyait principalement, dans les communes volontaires, d’interdire la circulation des véhicules les plus polluants. Les élus locaux n’ont jamais semblé très pressés de mettre les ZAPA en application.
- En contradiction, ce gouvernement a réduit le budget du Plan Particules de 3,8 M€ en 2011 à 230000€ en 2012. Autant dire que la Plan Particules est passé à la trappe…
Et que fait le nouveau gouvernement ?
- Il a commencé par annuler les ZAPA, considérant que l’interdiction de circulation était « socialement injuste ». On notera au passage que laisser mourir les gens à cause de la pollution ne pose pas de problème de justice, tandis que restreindre la liberté de circuler en voiture en ville est inacceptable… Pour compenser, Delphine Batho a proposé en février un plan d’urgence de 38 mesures dont on n’a plus entendu parler ensuite.
- Suite à la publication des rapports de l’OMS et du CIRC mi-2012, le gouvernement a été pressé de prendre des dispositions contre l’hégémonie du diesel (Voir par exemple http://appeldesmedecinsdeparis.overblog.com/). Après de nombreuses tergiversations, la décision a été rendue en septembre 2013 : pas de rééquilibrage de la fiscalité entre essence et gazole ni de réduction des autres privilèges du diesel (détaxations professionnelles), les asthmatiques attendront !
Qui s’attaquera enfin à la pollution de l’air des villes en France ? Comment peut-on encore faire confiance aux pouvoirs publics ? Il ne reste plus qu’à espérer que l’Europe maintienne sa pression et applique enfin les amendes dont elle nous menace depuis plusieurs années. Dès 2014, probablement, si nous persistons à ne rien faire…
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