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Accueil du site > Actualités > Santé > Sanofi, GSK, Servier : guerre des labos sur fond de Mediator (...)

Sanofi, GSK, Servier : guerre des labos sur fond de Mediator !

Plusieurs internautes (sous l'impulsion de Servier ?) ont semble-t-il réveillé une grosse bête passée jusqu'ici inaperçue dans les médias. L'affaire Mediator n'a pas fini de dévoiler les conflits d'intérêts de Big Pharma.

Profitons de ce règlement de compte entre firmes pharmaceutiques pour appréhender le côté politico-financier de l'affaire Mediator et risquons-nous à déméler cette immense pelote de laine.

Le web a été très prolixe autour du Club Hippocrate.

Lire notre article sur le sujet : Ces élus qui se font subventionner par les firmes pharmaceutiques ....

Rappelons que ce club créé par le député PS Gérard Bapt et réunissant une centaine de députés et sénateurs est financé par la firme GSK pour "discuter" autour des grandes thématiques de la santé en toute indépendance bien sûr.

Dernièrement, des internautes ont publié sur Le Post des articles que le journal Le Monde, propriétaire du site, a maladroitement tenté de censurer impliquant l'ancien directeur de cabinet de Xavier Bertrand, Michel Bettan, maintenant chez Euro RSCG, dans une sombre histoire de financements des politiques par l'industrie pharmaceutique via le CSRP. Plus récemment, un certain Maillot a publié un article impliquant cette fois-ci une star du domaine : Daniel Vial. L'hyper-lobbyiste de la pharmacie organisait les rencontres de Lourmarin sous l'égide de la société "Pharmaceutiques", réunissant hommes politiques et patrons de firmes. Des rencontres vraisemblablement bien "sympathiques" selon l'auteur.

L'article a du déranger en haut lieu. Il a également été immédiatement censuré puis vraisemblablement reposté par l'auteur. Bienvenue dans le web 2.0 !

Lors de l'audition de Noël Renaudin, François Autain s'est interrogé sur le rôle de Daniel Vial. Mme Hermange, rapporteur de la mission a précisé qu'il serait auditionné. Simple oubli ? Manque de temps ? Les sénateurs n'ont pas auditionné Daniel Vial. En pleine chasse aux conflits d'intérêts, cet oubli est incroyable ! Dommage !

Selon Maillot, Sanofi et GsK auraient agi pour souffler sur les braises du Mediator et planter Servier.

Même si elle est probablement téléguidée, la thèse n'est pas idiote, loin s'en faut.

Explications.

Le rôle de GSK dans l'affaire du Mediator a été maintes fois évoqué. Même s'il commence à dater un peu, l'article de Sandra Drill résume bien la situation.

Interrogeons-nous sur quelques acteurs de second plan, mais essentiels, de l'affaire du Mediator.

1. Les liens du Professeur Bergmann, vice-Président de la Commission d'AMM, avec Sanofi et GSK

Le Professeur Bergmann a fait partie cette année des plus grands détracteurs de Servier. Il a déjà eu droit à un article de notre part consécutif à un article du Canard pour avoir tenté de dissimuler ses conflits d'intérêts. La leçon a porté ses fruits puisqu'il met à jour sa fiche de déclaration d'intérêts presque tous les jours. Cette année, ses principaux "partenaires" sont GSK et Sanofi.

Dommage que les montants des rémunérations personnelles ne figurent pas sur cette fiche.

2. Les liens du Professeur Philippe Lechat avec Sanofi

Le Professeur Philippe Lechat, tout comme son confrère Bergmann, s'est fait épingler ou plus exactement clouer par François Autain.

ci-dessous quelques extraits, mais nous invitons le lecteur à se reporter au texte intégral, véritable bijou en la matière.

"M. François Autain, président. - J'ai consulté vos déclarations publiques d'intérêts à l'Afssaps, sur le site Internet de cet organisme, et j'ai constaté qu'elles étaient lacunaires, voire contradictoires ou parfois absentes." (...) vous n'avez pas déclaré vos liens d'intérêts avec Sanofi-Aventis. Ces déclarations d'intérêts remontent à 2008 et 2010." (...)

"M. Philippe Lechat. - J'ai mené cette étude avant mon arrivée à la direction de l'évaluation, à l'Afssaps. Elle portait sur un produit élaboré par Sanofi-Aventis, l'Enoxaparine, intitulé Lovenox sur le marché. Cette étude n'était pas promue par ce laboratoire mais par la Société française de cardiologie. J'ai donc déclaré ce lien d'intérêts à l'Afssaps mais je n'ai pas effectué de déclaration à l'Agence européenne car l'on y déclare uniquement les liens avec des promoteurs industriels."

"M. François Autain, président. - Il me semble que vous jouez sur les mots. Qui finance la Société française de cardiologie ? Le laboratoire Sanofi-Aventis, et parfois les laboratoires Servier, contribuent à ce financement."

"M. François Autain, président. - Néanmoins, vous auriez dû déclarer ces liens d'intérêts. Dans la foulée, vous avez été chargé d'une mission en tant que corapporteur sur la crise des héparines. Auriez-vous obtenu cette nomination si vos liens d'intérêts avec Sanofi-Aventis, même par l'intermédiaire de la Société française de cardiologie, avaient été connus ? Ces liens n'ont-ils pas obéré les résultats de cette mission ?"

M. Philippe Lechat. - Aucunement. Les deux problèmes sont complètement différents. Je me suis occupé de l'affaire des héparines parce que je connaissais bien le dossier, ayant travaillé sur ce sujet. Le laboratoire Sanofi-Aventis est le principal producteur des héparines, au niveau mondial.

La conclusion de François Autain se passe de tout commentaire :

M. François Autain, président. - Vous estimez donc que l'homme qui travaille pour Sanofi-Aventis n'est pas le même que l'homme appelé à travailler pour la puissance publique. Dans ce cas, je vous admire, Monsieur le Professeur.

Or, c'est le Professeur Lechat, entaché de conflits d'intérêts avec Sanofi, qui a spontanément demandé un an après le retrait du Mediator d'évaluer le nombre de décès imputable à ce médicament. Pour mener cette étude, il a choisi un expert dont l'indépendance soulève aujourd'hui quelques questions : Catherine Hill, la tante de l'avocat des victimes Me Charles-Joseph Oudin.

3. Daniel Vial, Bernard Kouchner, Claude Evin, Didier Tabuteau et Aquilino Morelle

Si l'on en croit l'excellent site internet Pharmacritique, Bernard Kouchner et Claude Evin étaient des habitués des université d'été de "Pharmaceutiques" à Lourmarin, haut-lieu du lobby pharmaceutique à la française, organisées par Daniel Vial, un (très) proche de Chris Viehbacher, patron de Sanofi et ancien patron de GSK.

De notre côté, nous avons eu confirmation que Vial était en charge de financements auprès de Didier Tabuteau du temps où il était directeur de cabinet de Bernard Kouchner et claude Evin. A cette époque il savait déjà bien s'entourer puisqu'il avait comme conseiller technique un certain Aquilino Morelle que l'on retrouvera des années plus tard comme rédacteur du rapport de l'IGAS sur le Mediator.

Lire l'enquête de Gilles Chinon sur les liens entre Tabuteau et Morelle : Mediator : pourquoi les médecins finiront quand même par payer ...

Le même Aquilino Morelle qui a rejoint de 2003 à 2005 EuroRSCG, l'agence de communication historique de Sanofi, dans laquelle s'est réfugié récemment Michel Bettan. Vous suivez toujours ?

4. Conclusion

L'hypermédiatisation d'un scandale autour d'un vieux médicament retiré depuis un an nous a souvent laissé perplexe. Cette affaire a permis de mettre en évidence l'extrême implication de des firmes pharmaceutiques dans la sphère politique, au détriment du patient.

A-t-elle été initiée par un ou plusieurs concurrents de Servier ? C'est probable.

Si nous devions nous prononcer, nous opterions pour Sanofi qui pourrait gagner à l'issue des procès une main mise sur la fondation de Servier au moment où son pipeline se tarit à vue d'oeil.

Le rôle de GSK dans cette affaire reste néanmoins troublant. Peut-être ont-ils simplement sauté sur l'occasion d'affaiblir un concurrent gênant.

Nous ne pensons pas que les procès qui arrivent permettront de faire jaillir la vérité. Big Pharma est trop impliquée dans tous les rouages du système comme l'a montré la non-audtion de Daniel Vial par les commissions d'enquêtes parlementaires.

Au risque de nous répéter, il est temps de rendre obligatoire sous peine d'inéligibilité définitive, la déclaration des conflits d'intérêts directs et indirects de la sphère politique.

Faites-le au moins pour les patients !

Références

Ces élus qui se font subventionner par les firmes pharmaceutiques ...

Censures, Pressions politiques... Vers un Karachi du médicament ?

Politiques sous influence. Du lobby pharmaceutique au lobbying à l’Assemblée nationale et à l’Elysée. Extraits vidéo.

Pour autoriser un médicament, va voir Vittecoq et Bergmann, ce sont des copains !

Affaire Mediator : GlaxoSmithKline est partout !

Audition de MM. Daniel Vittecoq, président, et Jean-François Bergmann, vice-président, de la commission d'autorisation de mise sur le marché de l'Afssaps

Audition de M. Philippe Lechat, directeur de l'évaluation des médicaments et des produits biologiques à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps)

Aquilino Morelle - site du Parti Socialiste

Le directeur de cabinet de Xavier Bertrand à l'UMP rejoint Euro RSCG


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3 réactions à cet article    


  • anty 11 octobre 2011 13:58

    Sympa
    le petit chat qui dort


    • Robert GIL ROBERT GIL 11 octobre 2011 14:09

      Premier problème : les études cliniques qui permettent de savoir si un nouveau médicament est plus efficace qu’un placebo (ou un médicament déjà sur le marché) sont toujours réalisées sous la seule responsabilité des firmes pharmaceutiques…

      Deuxième problème : les commissions officielles qui vérifient et jugent des résultats de ces études sont composées de médecins et de chercheurs qui ont tous des contrats avec l’industrie pharmaceutique…

      Troisième problème : le prix des nouveaux médicaments ne dépend absolument pas de leurs avantages pour les patients mais d’une décision prise in fine par le ministre lui-même. Là encore, ce système permet toutes les corruptions…

      Quatrième problème : la formation permanente des médecins (et, de plus en plus, leur formation initiale) est presque totalement sous le contrôle des laboratoires pharmaceutiques…

      Lire :

      http://2ccr.unblog.fr/2011/09/29/mediator-en-finir-avec-un-syteme-meurtrier/


      • Maillot 11 octobre 2011 20:33

        Les articles sur Daniel Vial ayant tendance à se faire facilement censurer, je vous annonce que je viens de mettre en ligne un nouvel article sur Le Post à l’adresse : http://www.lepost.fr/article/2011/10/11/2611586_lourmarin-un-paradis-provencal-finance-par-la-securite-sociale.html

        Le texte (sans les images) :

        Paradoxalement, la chasse aux conflits d’intérêts en pleine tourmente Servier / Mediator a détourné l’attention des véritables structures organisées du Grand Lobby pharmaceutique en France. Suite de l’article sur Daniel Vial.

        La célèbre revue Architectural Digest a publié un article en 2009 sur la demeure d’exception à Lourmarin du plus grand lobbyiste de la pharmacie française, Daniel Vial. Lourmarin est incontestablement un des plus beaux villages de France situé au coeur d’une Provence belle et généreuse.

        L’article explique dans quelles circonstances Daniel Vial, simple fils de paysan et diplômé de l’école des attachés de presse, a racheté cette somptueuse propriété à Roger Vadim et comment il a oeuvré parfois contre l’administration pour restaurer et réaménager cette demeure. Des fouilles archéologiques ont même du être menées révélant la présence d’un village carolingien autour de la propriété.

        Comme Vial l’explique si bien, "pendant des siècles l’église n’était pas simplement un lieu de prière, mais également un endroit où il faisait bon manger, dormir et faire des affaires. Les moines tenaient même une auberge pour les pèlerins, qui étaient taxés en échange de protection et de nourriture. Ils contrôlaient la politique, l’économie et même l’esprit des gens". [traduction libre]

        Quel endroit plus approprié pour un lobbyiste pour réunir dans un cadre de travail digne de ce nom les grands patrons de l’industrie pharmaceutique avec la sphère politique ? Et après une journée de labeur, quoi de plus agréable que de reposer les esprits fatigués en se laissant aller à des parties fines entre amis ?

        Comme je le signalais précédemment, le discret Daniel Vial a réussi à passer entre les fines mailles de la chasse aux conflits d’intérêts lancée à grand bruit par Xavier Bertrand qui n’avait pourtant épargné personne : experts, politiques, hautes administrations, presse médicale, ...

        Comment cet hyper-lobyiste a-t-il pu devenir subitement totalement invisible ? On ne touche tout simplement pas à Daniel Vial car il a mouillé tout le monde ! De gauche comme de droite, qui n’est pas passé par Lourmarin ? De Michèle Barzach à Xavier Bertrand, ou Roselyne Bachelot, de Claude Evin à Didier Tabuteau et même Claude Le Pen, Lucien Abenhaim, Yves Bur, Jean-Marie Leguen, Noël Renaudin ou le très médiatique Gérard Bapt. Personne n’a intérêt à ce que l’agent principal de financement entre les firmes pharmaceutiques et toute la classe politique se mette à table, d’où cet unique et formidable consensus gauche-droite ! Heureusement, quelques films tournés à Lourmarin qui feraient passer DSK pour un moine trappiste impubère aident à garantir le silence de chacun. On ne touche pas à Daniel Vial !

        Certaines langues vipérines ne manquent pas de dénoncer les fuites faramineuses de l’argent de la sécurité sociale (et donc du contribuable  !) vers les poches des industries du médicament. Qu’elles se rassurent ! Cet argent finit par revenir dans les mains, certaines mains, de la fonction publique moins évidemment le petit pourcentage habituel pour le discret intermédiaire lobbyiste qui a maintenant un toit à entretenir.

        Ce qui se passe à Lourmarin reste donc à Lourmarin, à l’exception des quelques compte-rendus officiels publiés chaque année en octobre dans la revue « Pharmaceutiques ».

        A lire sur le sujet

        Back to the Beginning In France’s Lubéron Region, a Childhood Memory is Made Into a Home Restoration Architecture and Interior Design by Anthony Ingrao, Architectural Digest, Janvier 2009

        Mediator et lobby : pourquoi le Sénat a-t-il oublié d’auditionner le lobbyiste Daniel Vial ?, Le Post, 10/10/2011

        Et enfin quelques photos de Lourmarin

        Les Nuages de Lourmarin, Pharmaceutiques, Octobre 2006 (voir en dernière page)

        Lourmarin : ambiance studieuse sur fond de crise

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