On sait, ou on se doute tous qu’être traversé à longueur de temps par des ondes de toutes fréquences risque de causer quelques problèmes sur des organismes d’un équilibre aussi fragile que le corps humain. Une expression est même née pour désigner cela : la
pollution électromagnétique.
Même un simple écran d’ordinateur ou de télévision émet suffisamment d’ondes (des radiation électro magnétiques pulsées, très précisément) pour faire diminuer les défenses immunitaires et influencer l’humeur (agressivité, troubles du sommeil, manque de concentration par exemple).
Par exemple, la
sclérose en plaques interroge beaucoup les médecins : on pensait que cette maladie était provoquée par un virus, mais on s’aperçoit petit à petit depuis une quarantaine d’années que les ondes électromagnétiques la favorisent, tout comme certains produits toxiques utilisés dans les vaccins (depuis
la campagne de vaccination contre l’hépatite B, le nombre de scléroses en plaques est passé de 20.000 à 80.000, en l’espace de deux ans seulement). De fait, c’est une maladie qui n’existe presque pas dans les pays sous développés, mais qui augmente fortement dans les pays industrialisés.
Des syndicats d’infirmières en France, en Angleterre ou à Hong Kong attirent l’attention des gens sur le rapport bénéfice risques du vaccin H1N1, dans la mesure où le risque de sclérose en plaques (et de syndrome du Guillain Barré) est réel à cause des adjuvants
[2] utilisés dans ces vaccins. Des médecins, comme le docteur Maschi, dénoncent également les risques et l’absence d’études sur ces mêmes risques. Faut-il préciser que, comme Vercoutère, Maschi a été radié de l’ordre des médecins non pas en raison d’une faute mais en raison de sa dissidence par rapport à l’orthodoxie médicale.
Quelques infos passées – presque - inaperçues (ou quand les études scientifiques se suivent et ne se ressemblent pas)
C’est seulement à partir de 1993 avec le procès intenté par David Reynard
pour le cancer du cerveau de sa femme, qu’on a commencé à s’inquiéter des risques sanitaires liés à l’utilisation du portable. Reynard poursuit donc l’industrie du GSM pour le décès de sa femme, qui aurait selon lui eu un cancer à cause d’une utilisation intensive de son téléphone portable. L’affaire est
médiatisée et les utilisateurs commencent à se poser des questions (d’autant plus qu’on s’aperçoit avec stupeur qu’aucune étude n’a été réalisée sur le long terme pour voir s’il y avait des risques sur la santé). Mais au final, comme souvent, le tribunal a conclu par un non lieu à cause du manque de preuves scientifiques.
La réaction de l’industrie a été de faire passer ses scientifiques dans les médias afin de répéter qu’on peut utiliser son portable sans aucun risque, et de financer à hauteur de 28 millions de dollars une étude sur cinq ans
[3], menée par le Dr Carlo. D’après le patron du syndicat du portable US
[4], Tom Wheeler, c’était surtout pour «
rassurer » les utilisateurs et «
balayer » les «
accusations non prouvées » des études critiques. Pas de bol, elle montre
[5] que le portable entraîne une «
rupture de la barrière sang-cerveau »
[6] (qui empêche certains éléments comme les protéines d’entrer dans le cerveau et de l’endommager), «
des dommages génétiques »
[7], et que le risque de tumeur du cerveau est doublé. Au bout de six ans, ils s’aperçoivent que son utilisation augmente également le risque de tumeur neuro-acoustique (une tumeur bénigne du nerf acoustique).
Dès 2000, une étude menée par Madeleine Bastide de l’université de Montpellier prouve la nocivité des ondes TTM sur des embryons de poulet. Le groupe de poulets exposé aux ondes de téléphone portable (plus puissantes à l’époque qu’aujourd’hui il est vrai) en communication permanente, 24h sur 24, durant les 23 jours de vie d’un embryon, avait une
mortalité six fois plus importante que le groupe témoin qui n’a pas été exposé à ces ondes : 6 embryons exposés sur 10 sont morts, contre 1 sur 10 pour les autres. L’étude a aussi montré la nocivité des très basses fréquences qu’on estimait jusque là inoffensives. 75% des embryons exposés seulement à ces très basses fréquences sont morts. Cela prouve simplement que les ondes TTM ont une influence sur les organismes vivants. Sur des souris, organismes beaucoup plus évolués et plus proches des humains, une exposition par périodes de 15 jours aux très basses fréquences a induit une diminution de 60% de la production d’ACTH, une hormone qui régule le stress. Conclusion : les ondes TTM ont un impact sur la régulation du stress des souris, via une action sur la production des hormones ACTH. L’industrie du téléphone locale, Bouygues en tête, a remis en cause la méthodologie et financé une nouvelle étude avec l’INRA, qui a donné les mêmes résultats.
En 2005, le Dr Adlkofer qui a mené l’étude Reflex sur les ondes TTM,
écrit à l’International Commission for Non-Ionising Radiation Protection (
ICNIRP, l’organisme chargé de fixer les seuils d’exposition à ces ondes) que celui-ci a pris un temps « irresponsable » pour diffuser les résultats de ses travaux «
dans la mesure où ceux-ci ne sont pas en conformité avec leur opinion générale ». Travaux qui concluent que «
les champs électromagnétiques (CEM) tant de basses et que de hautes fréquences peuvent non seulement altérer la fonction des gènes, mais également dans certains cas endommager des gènes, dans certains – mais évidemment pas dans tous – systèmes cellulaires humains isolés » ce qui veut dire provoquer des cancers. Adlkofer en vient donc logiquement à demander à «
prendre le principe de précaution plus au sérieux que ce qui est fait aujourd’hui par les responsables politiques et industriels ».
Les premiers résultats de la grande
étude Interphone lancée par l’OMS en 2000 sortent fin 2007, et montrent un risque de tumeur du cerveau, du côté où on met le portable, augmenté par
l’exposition prolongée aux ondes des téléphones mobiles. Menée dans 13 pays durant 3 ans, mais à moitié financée par l’industrie du téléphone mobile
[9] l’étude s’est penchée sur l’évolution de différents types de cancers. Les résultats définitifs, attendus pour novembre 2008, se font toujours attendre, mais comme le gouvernement prépare le terrain en évoquant les risques pour les enfants, il est possible que cette étude finisse par être publiée prochainement (les résultats partiels sont désormais indisponibles sur le net). Mais récemment, l’info comme quoi le téléphone portable
protègerait de certaines tumeurs a commencé à circuler, ainsi qu’une autre, selon laquelle les usagers
depuis plus de 10 ans ont plus souvent certains cancers.,
Toujours en 2007, le Bioinitiative Report fait le point sur 1.500 études publiées au sujet des ondes TTM.
Ces études montrent que l’exposition à ces ondes a un impact sur l’ADN, sur la création de protéines de stress, sur les fonctions immunitaires, sur la neurologie et le comportement, sur certaines tumeurs du cerveau, sur certaines
leucémies touchant les enfants, sur la maladie d’Alzheimer et le cancer du sein, sur la production de mélatonine (une hormone qui régule les rythmes biologiques)…
Prenons par exemple les leucémies qu’on trouve fréquemment chez les enfants de 2 à 5 ans, une maladie qui a fortement augmenté ces dernières années et qui est beaucoup plus rare dans les pays en développement.
L’étude dit qu’il y a «
une augmentation continue des risques [de contracter une de ces leucémies]
avec l’augmentation des niveaux d’exposition aux champs magnétiques ».
En 2008, l’Université Catholique de Louvain, pourtant largement financée par des multinationales,
publie une étude[11] qui montre une mortalité deux fois plus élevée chez les rats exposés aux ondes électromagnétiques dégagées par les téléphones portables et les Wi-fi. L’hypothèse avancée par le docteur Dirk Adang qui menait les travaux était un dérèglement du système immunitaire. La même étude montre que tous les êtres vivants exposés à ces ondes voient leur taux de différents globules blancs augmenter, ce qui montre une agression du système immunitaire. Etrangement, on a beaucoup parlé de cette étude en juin 2008 alors que moins de 20 rats sur 124 avaient été autopsiés, et depuis plus rien. Même
les tomates sont stressées par les téléphones portables dès les 10 premières minutes d’exposition, d’après une autre étude menée à Clermont Ferrand.
Un
recueil d’études reprend les résultats de travaux menés par l’industrie ainsi que d’autres menés par des chercheurs indépendants. Evidemment les résultats varient considérablement. On y conclut ainsi que «
les études indépendantes de l’industrie montrent de manière consistante qu’il y a un risque « significatif » de tumeurs du cerveau lié à l’utilisation du portable » ou que les limites de l’exposition aux champs électromagnétiques admises par l’industrie et utilisées par les gouvernements sont basées sur le présupposé erroné selon lequel les radiations électromagnétiques des téléphones n’ont pas d’effets biologiques.
Une autre étude du Dr Henry Lay explique que « les études sur l’exposition aux fréquences électromagnétiques financées par l’industrie ont trouvé des effets liés à l’expositions à ces ondes électromagnétiques dans 28% des cas, et les études indépendantes en ont trouvé dans 63% des cas ». De fait, son étude a été critiquée largement par Motorola, qui a financé sa propre étude, en changeant quelques paramètres, pour contredire la sienne.
Mais, de manière surprenante, il affirme que les études Interphone montrent que si on utilise le potable moins de 10 ans, ça protège l’utilisateur des tumeurs du cerveau.
On constate que les études pointant les dangers des ondes TTM existent, bien qu’elles ne soient pas, la plupart du temps, réalisées sur la durée faute de crédits. En effet, dès que des résultats peu favorables pour l’industrie sont publiés, les universités qui mènent ces recherches voient leurs crédits annulés ou fortement diminués. Aujourd’hui,
on ne manque pas d’études et de données scientifiques sur ces ondes TTM. Normal : quand une étude défavorable sort, l’industrie en finance une autre plus agréable. Du coup, les pouvoirs publics, sous l’influence des lobbies, ne font rien ou si peu.
On a prouvé maintes choses, comme les conséquences des ondes TTM
sur le système immunitaire, ils augmentent les risques de cancer, ont un impact sur l’ADN et les neurones, sur le taux de mercure etc. Mais, disent les autorités et l’industrie en chœur, on n’a pas prouvé d’incidences sur la santé car de nombreuses études n’en ont pas trouvé.
Quand l’industrie fait sa loi
Le plus cynique dans tout cela, c’est l’acharnement avec lequel les autorités continuent à dire d’une part qu’on ne connaît pas les risques, d’autre part que les gens doivent utiliser leur téléphone avec précaution. De deux choses l’une : ou bien on ne sait pas quels sont les risques, et il serait temps de s’en inquiéter en finançant des études universitaires et indépendantes, ou bien on ne veut surtout pas le savoir. Quant à inciter les gens, comme
l’a fait Mme Bachelot, à «
utiliser le mobile d’une manière raisonnable », il faut être clair : même en n’ayant pas de portable, on est
traversé à longueur de temps par des ondes de fréquences et puissances diverses et variées dont on n’a aucun moyen de se prémunir. Et je ne parle pas des personnes très sensibles, ni de ceux qui vivent à côté d’antennes.
Mais en réalité il ne faut pas s’en étonner. Il suffit de prendre en compte l’ampleur du lobbying dans ce domaine, à tous les niveaux, du local jusqu’à l’international. Pendant longtemps, les seules études disponibles sur les conséquences de l’utilisation des téléphones portables ont été fournies par l’industrie du téléphone, et les études universitaires indépendantes ont toutes manqué de financements. Et puis, il faut mesurer l’omniprésence des scientifiques qui collaborent avec les multinationales du téléphone mobile dans les instances de contrôle sanitaire et autres pour comprendre le laxisme qui demeure toujours en la matière.
Au Canada, où on parle aussi de limiter le téléphone portable chez les enfants, un quotidien de Toronto a révélé un cas de conflit d’intérêts typique du lobbying, c’est-à-dire les liens entre
deux fonctionnaires « de haut rang » chargés de définir les normes en matière de téléphones portables et un cabinet de lobbying qui travaille pour l’industrie des télécommunications auprès du gouvernement, justement. Ils faisaient partie du Comité de la Santé de la CWTA (Canadian Wireless Telecommunications Association).
Chez nous, Bouygues a recruté dans son
Conseil Scientifique André Aurengo qui est aussi chef du service de médecine nucléaire à la Pitié Salpêtrière et un membre de l’Académie de médecine
qui est très mitigé quant aux risques12du portable mais un grand défenseur de Bouygues (il est aussi
administrateur d’EDF), ou encore Bernard Veyret qui est aussi directeur de recherches au CNRS
13 au laboratoire de physique des interactions onde-matière, a été membre du groupe interministériel des radiofréquences, a fait partie
de l’ICNIRP[14] –un organisme « indépendant » chargé de donner son avis sur les normes en vigueur- depuis 2000, a fondé en 1989
l’European Bioelectromagnetics Association (EBEA) qui
organise des congrès financés notamment par Motorola, Nokia, Ericsson, Siemens et a pour membres France Télécom, l’anglaise Vodafone ou Deutsche Telekom, etc. car le CV officiel est long.
De fait, l’ancien coordinateur de l’OMS pour le Programme International des Champs Magnétiques lancé en 1996 pour étudier l’impact des lignes haute tension portables etc (activité qu’il a
repris dès sa sortie de fonction à l’OMS), Michael Repacholi, s’est acharné pendant des années à nier la nocivité de ces ondes TTM. L’homme a déjà travaillé pour des compagnies de téléphones mobiles pour défendre l’implantation de nouvelles antennes relais. Certains observateurs ont noté ses changements de position intempestifs, d’autres que le programme des champs magnétiques de l’OMS est en partie financé par le
lobby bruxellois des fabricants de portables ou par leur autre grand lobbie,
GSM World.
Du côté de l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale, c’est son directeur scientifique, le professeur Denis Zmirou
15] qui
déclarait après avoir démissionné en 2005 que l’afsse n’a pas les moyens d’agir, et d’ailleurs ce n’est même pas dans sa stratégie puisqu’elle ne fait que coordonner le travail des labos et centres de recherche. Il écrit ainsi dans Le Monde que «
Ce système ne peut aujourd’hui répondre au volume et à la complexité croissante des sujets à traiter ni préparer les administrations à porter les analyses et propositions françaises devant les instances européennes, où les acteurs politiques et économiques intéressés disposent d’une expertise documentée et argumentée. »
Il y a également eu obstruction de la part de l’industrie pour que les informations disponibles n’arrivent pas sur la place publique. Quand la CTIA parlait par exemple au début des années 90 des «
centaines d’études » qui prouvent l’innocuité du portable, c’était simplement un mensonge. Pour les industriels, puisque le portable ne dégage pas de chaleur, il n’entraîne aucun dégât
16. C’est ainsi qu’après avoir répété cela dans les médias, ils ont été obligés de financer ces études qui, bien évidemment, ne se sont pas avérées très positives pour l’industrie.
Ainsi, l’étude Wireless Technology Research de 1993 menée à la demande des industriels –et à la grande surprise des scientifiques qui travaillaient habituellement pour ladite industrie- par le Dr Carlo, dont on a parlé plus haut, a été bloquée quand le scientifique, après 6 ans d’études est venu leur expliquer les résultats peu favorables qu’il a obtenus.
Ca n’a pas plu à Wheeler, de la CTIA, ni aux deux gros communicants -Jody Powell qui a bossé pour le président Carter, et Ron Nessen qui avait bossé pour Gerald Ford avant de diriger la com’ de la CTIA- présents à la réunion de préparation d’une première conférence de presse où Carlo est venu annoncer les premiers résultats, pas encore nuisibles à l’industrie.
La CTIA décide d’affirmer l’innocuité des portables, déformant les propos de Carlo et aussi de la Food and Drug Administration, qui disaient que bien qu’on n’ait pas prouvé la nocivité, on n’a pas non plus prouvé l’innocuité. LA CTIA prépare même une communication de crise pour aider les entreprises membres à se «
préparer en cas de survenue d’une crise pour l’industrie, au moment où elle se produira », signe qu’on se doutait que les choses allaient se gâter. En 1999 en effet, après six ans de recherche, Carlo
écrit à AT&T et annonce certains résultats peu engageants, tels que la modification de l’ADN soumis à ces radiations, «
le risque de rare neuro-tumeurs épithéliales sur l’extérieur du cerveau avait plus que doublé chez les utilisateurs de téléphone cellulaire » ou «
une certaine corrélation entre les tumeurs du cerveau se produisant du côté droit de la tête et l’utilisation du téléphone du côté droit de la tête ». Il dénonce en outre la passivité de l’industrie malgré les résultats inquiétants de différentes études : «
De façon alarmante, les indications sont que quelques secteurs de l’industrie ont ignoré les résultats scientifiques suggérant des effets potentiels sur la santé à plusieurs reprises, et ont faussement réclamé que les téléphones sans fil soient sûrs pour tous les consommateurs y compris les enfants, et ont créé ultérieurement une illusion de responsabilité en appelant et en supportant toujours plus de recherche. Les mesures les plus importantes de protection des consommateurs sont inexistantes »
Les nombreuses études montrant qu’il y a bien un lien entre l’exposition aux ondes TTM et le développement de certaines pathologies sont souvent passées sous silence par les grands médias faiseurs d’opinion ou bien elles sont contestées par l’industrie. Par contre, les études montrant qu’il n’y a aucun risque, elles, sont largement médiatisées.
Ca n’a pas manqué avec la dernière en date, celle de l’Affset (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, qui conclut que «
Les données issues de la recherche expérimentale disponibles n’indiquent pas d’effets sanitaires à court terme ni à long terme de l’exposition aux radiofréquences ». Seul petit bémol : «
Des interrogations demeurent pour les effets à long terme, même si aucun mécanisme biologique analysé ne plaide en faveur de cette hypothèse ».
Ce rapport a été réalisé, tout comme Biointiative Report, sur la base d’une analyse d’études déjà réalisées. D’après Le Figaro, pour ce qui est des effets biologiques et cliniques, « le rapport soutient d’abord que l’observation d’un effet biologique, a fortiori en conditions expérimentales, ne signifie pas forcément qu’il entraîne un dommage, et encore moins qu’il se traduise par un effet sur la santé ». Sur les 182 études réalisées chez l’animal, 82 mettent en évidence des effets biologiques des radiofréquences, mais seulement 11 % de ces travaux utilisent une méthodologie incontestable. En revanche, 100 études, dont 69 % sont incontestables, ne trouvent pas de risque ».
Rien de grave, donc : ce n’est pas parce qu’on voit que l’organisme régit à ces ondes qu’il y a un effet sur la santé ! De plus, 89% des études sont contestables (évidemment parmi celles qui s’interrogent sur l’innocuité de ondes TTM) Nous voilà rassurés.
Ce qui serait amusant si ce n’était si grave, c’est la conclusion du rapport, comme quoi « la demande de réduction des niveaux d’exposition liés aux antennes-relais ne repose sur aucune justification scientifique ». Le Figaro poursuit en expliquant que « Les experts recommandent de peser avec soin les conséquences d’une telle réduction, notamment en termes de multiplication du nombre des antennes et d’augmentation parallèle possible de l’exposition de la tête aux radiofréquences émises par les téléphones mobiles ». Paradoxal, quand-même, de dire que limiter les émissions d’ondes est stupide, tout en précisant qu’une multiplication des antennes augmenterait l’exposition de la tête à ces ondes –qui ne sont pas nocives rappelons-le. Le rapport finit quand même par préconiser une diminution des niveaux d’exposition à ces ondes, puisqu’on ne connaît pas les risques à terme.
On sent bien là un des axes de rhétorique utilisés par les lobbyistes et par l’industrie, à savoir qu’à force de critiquer les antennes relais et les seuils d’émission, les pauvres opérateurs doivent augmenter le nombre de ces antennes ce qui coûte cher et retombe sur la facture des clients. Ladite étude de l’Afsset a donc eu le droit à des titres tels que « Le rapport qui rassure » chez Europe 1 ou le Figaro. Les opérateurs sont contents : l’Afsset fait foi en matière sanitaire, et ils pourront se référer à ce fameux rapport pour justifier leurs actions.
Mais revenons sur cette Afsset, ex Afsse, et sa mutation quelque peu décriée. Après le dr Zmirou
17 qui en démissionne faute de moyens pour mener des expériences sérieuses, c’est son vice-président, André Aschieri, qui a pourtant travaillé à sa création, qui se déclare en 2007 et au Sénat «
déçu par l’évolution de l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale », créée à l’origine pour s’occuper de la question de l’amiante.
Devant les sénateurs, Aschieri a ainsi expliqué, selon le Sénat, «
que les téléphones portables allaient poser un problème de santé publique. Il a rappelé à cet égard que l’AFSSE avait d’ailleurs rencontré des difficultés lors de son étude sur ce thème dans la mesure où son conseil scientifique comprenait des chercheurs liés aux opérateurs téléphoniques et où la communication avait été mauvaise sur ce dossier. Cela a bien illustré le démarrage très difficile de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) marqué à la fois par une mauvaise communication, un rapport attaqué et un conflit entre son directeur scientifique, le Pr. Denis ZMIROU, et sa directrice générale, Mme Michèle FROMENT-VEDRINE. Mais il est vrai que le Pr. Denis ZMIROU s’était trompé sur le choix des toxicologues à consulter pour la téléphonie mobile ». Aschieri a encore précisé que
« les objectifs à atteindre par l’AFSSET étaient l’indépendance, la transparence et la compétence et que, pour les atteindre il fallait rassembler des connaissances et séparer les pouvoirs. Or, c’est le contraire qui est souvent observé. » (mis en gras dans le texte du Sénat).
Autre suggestion d’Aschieri : rendre les rapports publics, ce qui n’est certes pas une mauvaise idée, ne serait-ce que pour rassurer l’opinion n’est-ce pas. Car
malgré les cas de maladies étranges, ou d’augmentation des cancers etc. à côté des antennes, par exemple, rien ne bouge.
Quant à la prévention, les opérateurs ont eu la bonne idée de prendre l’initiative en menant des campagnes avec les pouvoirs publics. La dernière en date, lancée à la mi août par l’Afom
18 (l’Association Française des Opérateurs Mobiles), visait à sensibiliser «
aux usages responsables du téléphone portable », comme si cela suffisait à éviter les ondes qui passent partout dans l’air. Ladite campagne est menée « en partenariat » avec les Ministère du Développement Durable, de l’Education Nationale, le Secrétariat d’Etat à la Famille, Sécurité Routière et Association Prévention Routière, mais surtout,
précise le communiqué, «
Elle est soutenue par les principaux fabricants de mobiles : Nokia, Samsung, HTC et LG. La campagne durera 1 mois, du 17 août au 11 septembre, sur Europe 1 et RMC, à raison de 4 à 5 spots quotidiens (de 35 secondes), soit au total près de 200 passages ». Où l’on parle du recyclage des téléphones, du danger du portable au volant, on explique
« aux jeunes » qu’il faut «
éteindre le mobile en cours » aux parents de contrôler «
certains sites sensibles » et aux opérateurs qu’ils doivent éviter d’installer des antennes près des crèches, écoles etc. Bref, on est loin des vraies préoccupations liées au portable.
La –vaste- question des normes
Les insomnies, troubles cardiaques, céphalées etc. décrits par de nombreux riverains d’antennes relais seraient causés par les hyperfréquences pulsées d’ondes TTM. Mais, certains cancers aussi.
Afin de mener l’information en matière de normes d’émission, les opérateurs et autres industriels intéressés ont
crée Cenelec, une fédération européenne qui pond des rapports pour influencer les pouvoirs publics. Et les « pouvoirs publics », en l’occurrence la Commission européenne, ne se prive pas de cette fructueuse collaboration avec ce lobbie industriel : en 2003 par exemple, elle mandate Cenelec, le CEN et l’Etsi pour pondre un rapport pour évaluer quelle norme européenne ferait foi à la place de toutes les normes nationales, afin bien sûr d’ « éliminer ces entraves ».
Le mandat est clair : «
Le CEN19, le CENELEC et l’ETSI20 sont invités à mettre en oeuvre un programme de travail de normalisation destiné à soutenir le marché intérieur des secteurs de services ». On observera qu’il n’est pas question de demander leur avis à des associations écologistes ou de consommateurs, ni à des universitaires qui ont mené des travaux sur la question. Ca, ce seront les lobbies qui s’en chargeront.
Pour l’OMS (comme pour les industriels
et opérateurs de téléphone sans fil, d’ailleurs) «
Compte tenu des très faibles niveaux d’exposition et des résultats des travaux de recherche obtenus à ce jour, il n’existe aucun élément scientifique probant confirmant d’éventuels effets nocifs des stations de base et des réseaux sans fil pour la santé. ». Même refrain du côté du
ministère français de la Santé, «
Plusieurs groupes d’experts indépendants mandatés par l’OMS, par la Commission Européenne, ou par le gouvernement français se sont penchés sur les effets sur la santé des champs électromagnétiques (…)
et ont conclu qu’en l’état actuel des connaissances scientifiques, et compte tenu des faibles niveaux d’exposition aux champs électromagnétiques autour des stations relais, l’hypothèse d’un risque pour la santé des populations vivant à proximité de ces stations ne pouvait être retenue. » et «
aucune preuve scientifique ne permet de démontrer que l’utilisation des téléphones mobiles présente un risque pour la santé ». Tout dépend des études qu’on prend en compte.
Ca, c’est le point de vue de l’OMS, qui ressemble à celui de moult et moult autorités sanitaires nationales et internationales. Pourtant, il y a
toute une gamme de normes d’émission. Entre la Suisse et la France, par exemple, la norme de champ électrique pour un téléphone de 900 MHz va de 6 V/m à 41,2V/m.
Les normes maximales en vigueur pour les champs électriques et pour la puissance des téléphones ont été fixées par l’ICNIRP au niveau mondial et par le CENELEC en Europe. Elles varient selon les fréquences utilisées, comme en France, où les normes sont plus élevées qu’ailleurs : 29,1 V/m (à 450 Mhz) 41,2 V/m (à 900 Mhz) 58,2 V/m (à 1800 Mhz) 61 V/m (au-delà de 2000 Mhz, pour les téléphones UMTS), 28 V/m pour la radio FM, 31 V/m pour la télévision. En Suisse, le
seuil maximal est de
4 V/m pour 900MHz21, en Italie de 6 V/m.
En Belgique, plus précisément en Wallonie, il était question en mars 2009 d’abaisser cette norme de 20 à 3V/m
22, mais grâce au lobbying des intéressés, via le GOF, le GSM Oparator’s Forum (expliquant notamment que la qualité des transmissions allait diminuer), les décrets avaient six mois pour être publiés. Nous sommes le 15 octobre,et personne n’en a réentendu parler. Et en dehors de Bruxelles, la norme ne devrait pas s’appliquer aux antennes déjà installées. 3 V/m, c’est beaucoup moins qu’en France, pourtant
certains trouvent que
c’est encore trop élevé au regard des dernières études, et demande à ce qu’elle soit abaissée à 0,6 V/m.
En Europe, comme par hasard, on recommande plutôt les normes élevées, comme en France.
De fait, les lobbyistes des opérateurs cherchent, comme c’est de plus en plus souvent le cas, à intervenir dès le début des processus normatif et législatif. Car, comme
le dit l’une d’elles –qui a par ailleurs écrit un bouquin intitulé «
Les normes, instrument de la stratégie marketing des entreprises »- dans un jargon marketing, «
la participation aux travaux normatifs permet de mettre en œuvre des stratégies pro-actives de management de l’environnement ». Si pour beaucoup cela ne veut rien dire, précisons qu’il s’agit simplement de participer aux groupes de travail organisés par les pouvoirs publics pour élaborer les normes sanitaires, afin que celles-ci ne soient pas trop contraignantes pour l’industrie.
C’est un peu enfoncer une porte ouverte, mais en France Bouygues et Orange, via France Telecom, sont suffisamment proches du pouvoir pour peser d’une manière ou d’une autre sur certaines décisions. On l’a vu quand
Sarko s’est dit « réticent » pour faire venir un troisième opérateur, ou quand il a consulté les opérateurs pour sa réforme d’Internet.
En ce qui concerne les antennes relais, l’Académie de médecine a remis en cause des jugements rendus peu avant qui avaient
empêché Bouygues et SFR d’installer des antennes relais un peu partout.
L’Académie a ainsi estimé, en gros, qu’il ne fallait pas exagérer avec le principe de précaution et que ces décisions nient «
l’expertise scientifique et ouvre donc la porte à des dérives ».
De fait, on nous répète qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter puisque les ondes émises par les appareils sont en dessous des normes, en particulier les ondes émises par les antennes relais. Lesdites normes, cependant, sont basées sur des études qui commencent à dater. Et puis, on s’aperçoit rapidement qu’il y a de très nombreuses normes en vigueur, ce qui pose question quant à la pertinence des bases scientifiques utilisées par certains.
Les intérêts en jeu sont importants, au vu de l’ampleur du marché du téléphone portable, Wi-Fi, Bluetooth et autres, et il serait temps d’avoir des certitudes sur les conséquences de la présence de toutes ces ondes. Une bonne idée serait de limiter la portée des émissions et donc leur puissance, mais il faudrait financer la recherche dans ce sens plus que ce n’est le cas actuellement.
Vidéos : interview de Marc Varcoutère au sujet des ondes TTM.
[1] Dans cette catégorie d’ondes, les scientifiques incluent les ondes Wi-fi, Bluetooth, UMTS, DECT (les téléphones avec une base fixe), WIMAX.
[2] Notamment le AS03 utilisé pour la première fois à grande échelle par Glaxo Smith Kline, un mélange de squalène et de polysorbate censé augmenter les effets du vaccin.
[3] C’est la Wireless Technology Research
[4] La CTIA, International Association for the Wireless Telecommunication Industry, “
dedicated to expand the wireless frontier”
[5] Alors qu’il n’y a aucun matériel scientifique ni d’appareils de mesure des radiations adéquats de disponibles sur le sujet à l’époque, aucune étude sérieuse n’ayant été réalisée.
[6] Il semble que cela soit surtout le cas lorsque les fréquences sont très faibles, comme quand un portable est éteint, du moins chez des rats où les chercheurs ont observé une augmentation de l’absorption d’albumine par le cerveau. Or, cela augmente les
risques de maladies neuro dégénératives comme Alzheimer.
[7] "We found that cell phone radiation caused leakage in the blood–brain barrier, it caused genetic damage in the form of disruption of normal DNA repair, and it caused more than a doubling of the risk of rare neuroepithelial tumors", a déclaré le Dr Carlo
[8] Troubles de l’apprentissage, de la concentration et du comportement chez les enfants (enfants hyperactifs, par exemple), troubles de la tension artérielle, troubles cardiaques, infarctus et accidents vasculaires cérébraux (A.V.C., apoplexie), maladies à dégénérescence neurologique (maladie d’Alzheimer, par ex.) et épilepsies, maladies cancéreuses telles des leucémies et des tumeurs du cerveau,
[10] «
There is now evidence that high levels of peripheral amyloid beta are a risk factor for AD and medium to high MF exposure can increase peripheral amyloid beta. High brain levels of amyloid beta are also a risk factor for AD and medium to high MF exposure to brain cells likely also increases these cells’production of amyloid beta »
[11] L’expérience a été
menée sur 18 mois, ce qui en faisait l’étude qui portait sur la plus longue durée, près de 15 ans après la diffusion à grande échelle des portables. Trois groupes de rats ont été exposés à différentes puissances d’ondes électromagnétiques deux heures par jour, et un autre groupe était témoin : «
Un rat vit en moyenne 2 ans et demi, explique le chercheur. Cela signifie que j’ai exposé ces mammifères pendant 70 % de leur vie à des niveaux conformes aux standards internationaux en vigueur. Soit, une moyenne de 27 volts par mètre à raison de deux heures par jour, sept jours sur sept », expliquait Dirk Adang.
[12] L’Académie de médecine a ainsi considéré que les premiers résultats de l’étude Interphone étaient « rassurants » parce que six travaux différents ne montraient pas d’augmentation du risque de certains cancers chez ceux qui ont utilisé un portable moins de 10 ans.
[14] International Commission on Non-Ionizing Radiation protection, mise en place par l’Association internationale de radioprotection pour
[16] Mais on sait aujourd’hui qu’il y a un «
choc thermique », et une augmentation de la synthèse de protéines.
[17] Auteur d’un rapport évidemment
controversé en 2001,
qui a conclu qu’on ne peut pas écarter d’éventuels risques sanitaires («
bien qu’il y ait peu d’arguments scientifiques pour l’étayer, l’hypothèse d’effets sanitaires non thermiques associés aux champs RF de faible niveau ne peut être exclue »), mais que «
non fondées scientifiquement, de nouvelles valeurs limites d’exposition seraient arbitraires, illusoires, et sans doute disparates selon les constructeurs ou les pays, accroissant la confusion et les craintes du public ». Au final, il recommande aux usagers des «
mesures d’évitement prudent ».
[19] Comité Européen de Normalisation.
[20] L’European Telecommunications Standards Institute regroupant les industriels, qui élabore des normes pour les technologies de l’information et de la communication.
Parmi ses membres on retrouve Cenelec, le CEm, Alcatel, Bouygues, Deutsche Telekom, Orange, Portugal telecom, Sagem, Samsung, SFR, Siemens, Telefonica, Vodafone etc.
[21] et 6 V/m pour 1800 MHz
[22] A Bruxelles, seulement 8% des antennes relais dépassaient encore 3 V/m.