Sida : des avancées en demi-teinte sur le vaccin
La nouvelle avait été accueillie ici et ailleurs avec beaucoup d’optimisme. On avait enfin trouvé une ébauche de vaccin contre le sida. C’était le mois dernier et l’euphorie est retombée. Des chercheurs de diverses institutions étasuniennes et thaïlandaises avaient livré, le 25 septembre, les premières conclusions d’un essai de vaccination contre le VIH. Les volontaires qui ont reçu une combinaison de deux vaccins (stratégie du “prime boost”1) avaient un risque d’infection diminué de 31 % par rapport à ceux à qui avait été administré un placebo.
Déjà, les spécialistes de la maladie avaient tempéré les espoirs nés de ces recherches, à l’image du directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), cité par Le Monde :
“C’est un pas important. Il reste cependant modeste et insuffisant. Nous n’avons pas encore un vaccin contre le sida.”
Les spécialistes du sida sont réunis depuis lundi à Paris pour la conférence “Aids vaccine 2009″. Les résultats détaillés de l’étude américano-thaïlandaise y ont été présentés, puis immédiatement publiés dans le New Englang journal of medicine.
L’analyse des résultats montre que ces recherches ont ouvert une brèche, mais les avancées qui en découlent restent modestes. En particulier sur trois points font débat :
- Seule une minorité des volontaires étaient issus de populations à risque – homosexuels ou consommateurs de drogue injectable notamment. De précédents essais portaient uniquement sur ces populations, ce qui rend, de fait, les comparaisons difficiles.
- Bien que les tests aient duré trois ans, les résultats suggèrent que l’effet le plus significatif s’est ressenti lors de la première année.
- Enfin, ces recherches ne permettent pas de savoir si la stratégie prime-boost est efficace ou si la diminution des risques d’infection n’est due qu’à un seul des deux vaccins combinés (l’Alvac de par Sanofi Pasteur et l’Aidsvax B/E de VaxGen).
Pour Raphael Dolin, qui a signé l’éditorial du New England journal of medicine, “les effets possibles du vaccin sont modestes. Ils indiquent que la stratégie de vaccination étudiée ne peut constituer une mesure de santé publique dans la lutte contre l’infection du VIH-1, comme le reconnaissent les auteurs eux-mêmes. Il précise surtout que les recherches doivent être poursuivies et accentuées dans la voie ouverte par Supachai Rerks-Ngarm et ses collègues.
Redoubler d’efforts dans la recherche a un coût. Les essais en question ont coûté environ 150 millions de dollars. L’Anrs, explique son directeur cité cette fois par l’Agence France presse, “peut consacrer 4,5 millions d’euros par an à son programme vaccinal”. En attendant, il reste la prévention qui passe par le dépistage afin qu’il y ait le moins possible de “séropositifs qui s’ignorent”.
Photo : alpha du centaure
1 La stratégie du “prime boost” est “une nouvelle stratégie vaccinale qui consiste à faire des immunisations répétées avec différents vecteurs portant le même antigène pour induire une forte réponse immunitaire”(définition de l’Institut Pasteur).
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