Par Michel MENGNEAU
Ce n’est pas que je sois particulièrement attaché aux traditions, et encore moins à celles qu’ont perpétuées les religions, néanmoins le Dimanche est pour moi un jour sacré, celui du repos hebdomadaire. Bien qu’il tire son étymologie du « jour du seigneur » des romains que les chrétiens reprirent en s’inspirant de la Bible où étaient préconisés un jour de sabbat et de repos, et comme, semble-t-il, le gars de Nazareth, le fils du charpentier, aurait ressuscité un dimanche, ça tombait bien de faire un temps d’arrêt ce jour là afin de consacrer cette prétendue bonne nouvelle.
Les athées qui sont très conciliants, par essence encore plus tolérants, n’ayant pas vu d’opposition à ce que ce jour soit chômé, c’est donc ainsi perpétué la tradition. C’est les athées d’ailleurs qui ont eu raison car pourquoi pas ce jour là plutôt qu’un autre, les chrétiens étant contents et ça n’emmerdait personne, pourvu qu’on se repose était alors le slogan !
Ca, c’était avant, quand le travail était au service de l’œuvre, on disait d’ailleurs un ouvrier, et le travail une monnaie d’échange. C’était avant que le véritable sens de travail devienne comme son étymologie : une torture. C’était avant que le travail ne soit plus qu’au service du capital, ce qui par extension a amené l’exploitation de l’homme par l’homme.
Sarkozy, l’un des chantres de ce principe philosophique de mauvais aloi, qui veut qu’une classe dirigeante, une oligarchie pour être plus précis, face la pluie et le beau temps, décide unilatéralement ce qui est bon pour l’humain sous prétexte que cela favorise les profits, nous conduisant inéluctablement à un esclavagisme moderne, s’inspirant de ce principe a décidé du haut de sa grandeur mégalomaniaque que l’on allait aussi travailler le dimanche.
Je ne reviendrais pas sur les raisons bassement matérialistes invoquées par les exploiteurs pour défendre cette iniquité, mais ferais simplement constater en appuyant sur l’aspect humaniste que c’est la notion même de travail qui est remise en cause. Le travail ne devrait être qu’un accessoire d’échange alors qu’il est devenu une priorité productiviste au service, non plus de l’homme, voire même de l’humanité, mais au service d’une poignée de nantis encore plus avides. On ne parle plus de civilisation de bien-être, mais de civilisation de l’entreprise. L’humain appartient maintenant à l’entreprise et ce n’est plus malheureusement comme cela devrait être : l’entreprise au service de l’humain.
Il y avait un chanteur que j’ai beaucoup admiré, eut l’occasion de rencontrer et de m’entretenir avec lors de l’un de ses voyage en France, Felix Leclerc, qui, tout visionnaire qu’il était, nous avait déjà gratifié d’une chanson très évocatrice à la gloire du Dimanche…
Ceux qui disent que les dimanches
Sont jours d’ennui, d’espoir qui flanche
N’ont donc jamais mal dans le dos
Pour n’avoir pas besoin d’repos.
C’est jours de s’maine qu’on paie les comptes
Qu’on se lèv’tôt et qu’on a honte
De n’avancer qu’à pas de chat
Dans un métier qu’on n’aime pas.
Mais c’est un dimanche que s’arrêtent
Ceux qui ont pain et amitié,
Ceux qui n’ont rien regardent couler
Le son des cloches sur les toits.
C’est jours de s’maine que les enfants
Dans des cahiers apprennent, apprennent
Combien vieillir c’est dégoûtant
Mais c’est dimanche que Ti-Jean
Va voir Marie, sa souveraine,
En complet bleu, c’est le seul temps
Qu’il tourne dos à la semaine.
C’est jours de s’maine que l’on enterre
Ses morts, ses rêves et ses folies.
C’est jours de s’maine que les bandits
Pillent les banques et tuent leurs frères.
C’est jours de s’maine qu’on pousse portes
Qu’on offre bras, talent
Qu’on s’fait bafouer et qu’on rapporte
Plaies aux épaules, plaies en dedans.
Mais c’est dimanche qu’on s’arrête
Comme dans le creux vert d’une baie
Et qu’on enlève son collier
Pour oublier qu’on est des bêtes.
http://www-v3.deezer.com/music/playlist/f-leclerc-les-dimanches-28390240