A-t-on le droit d’être contre le Mariage pour tous ?
Voilà dix ans que le Mariage pour tous est institué en France. Les rares députés qui avaient voté contre se sont en majorité repentis… et ont rejoint la Macronie. Mais quelques très rares élus résistent encore et toujours, avec des arguments sérieux qui semblent ne pas intéresser grand-monde.
Comme pour beaucoup de choses, y compris la voiture électrique ou l’écriture inclusive, il semble qu’il y ait deux France, comme il y a deux Amériques, etc. J’écoutais récemment une conférence de Jean-François Braunstein sur Les dangers du wokisme (1) où l’on voit que des aberrations conceptuelles s’insinuent dans la société, largement à partir des milieux universitaires, sous forme d’une véritable religion où plus aucun débat rationnel n’est possible ni même toléré ; et par exemple, la théorie du Genre fait partie de ces domaines où les invectives priment sur l’échange argumenté. Or, tout cela a perfusé jusque dans l’officialisation du Mariage pour tous, où des esprits « éclairés » ont imposé une idéologie à laquelle, soyons-en certains, les gens adhèrent à contre-cœur… s’ils y adhèrent. Il y a dix ans, malgré 700 000 signatures hostiles au Mariage pour Tous dûment comptabilisées par le CESE, François Hollande obtenait le vote de la loi. Ce genre de déni de démocratie (analogue au refus du Referendum d’Initiative Populaire récemment recalé par le Conseil Constitutionnel) finit toujours par laisser des traces. Dix ans après, ce que la plupart des média essayent de nous faire tenir pour admis ne l’est pas autant qu’ils le prétendent.
Liberté de conscience
Tout récemment, Donatien Gomis, footballeur du club de Ligue 2 En avant Guingamp, n’a pas souhaité participer à la journée nationale contre l’homophobie et porter le maillot aux couleurs de l’arc-en-ciel. Il faut préciser deux choses : le maillot est ensuite vendu aux enchères au profit de diverses associations dont le joueur n’approuve pas forcément la démarche. On reproche à ce footballeur et à quelques autres de se « rendre complices des comportements homophobes… même s’ils n’en ont pas conscience ». Autrement dit : ta liberté de conscience n’a aucune importance car tu te fais le complice objectif des homophobes.
Retour aux envoyeurs. Car c’est précisément parce qu’on vous interdit de penser autrement que la doxa LGBTQI etc. (il va bientôt falloir un clavier chinois pour rendre compte de toutes les tendances sexuelles qui, évidemment, sont toutes tolérables, ou presque) que le sujet est radicalisé. Ou bien vous êtes d’accord avec le libre choix d’orientations sexuelles multiples (autrefois censurées, aujourd’hui encensées), ou bien vous êtes homophobe, transphobe, biphobe, etc. Ne pas être pour, c’est être « phobe ». Les athées doivent-ils être christianophobes ou islamophobes ? Les chrétiens doivent-ils être islamophobes et athéophobes ? Les musulmans doivent-ils haïr les athées et les chrétiens ? Etc.
En clair : Dois-je détester tous ceux, toutes celles, toutes « cyel » dont je ne partage pas les convictions et les comportements ? En réalité, notre société de tolérance comporte quelques points de fixation où elle ne tolère aucunement qu’on soit contre. Et cela se situe aujourd’hui essentiellement sur le terrain des mœurs.
Discernement
En haut lieu, la cause est entendue. Des repentis (dont le sieur Darmanin, connu pour son raffinement avec les dames) ont reconnu n’avoir pas vu qu’il fallait suivre « les évolutions de la société ». Certains de ceux-là, qui étaient de droite, ont rejoint la Macronie, ce qui est tout à fait éloquent. Il ne reste qu’une poignée de gens capables de ne pas avoir des convictions qui évoluent au gré du vent ou desdites « évolutions de la société », comme Charles de Courson qui n’a pas perdu de vue la question anthropologique fondamentale : un enfant a-t-il le droit d’avoir un père et une mère ? Car, quand un couple homosexuel (hommes ou femmes) fait famille, il est obligé de passer par un géniteur ou une génitrice annexe (et marginalisé/e) pour avoir un enfant. On nous ressortira encore le coup de l’adoption, et on oubliera que tous les psy affirmaient le caractère indispensable d’un pôle masculin et d’un pôle féminin dans la structuration de l’enfant. Tout cela a été absorbé par le processus qui a conduit au Mariage pour tous. Peut-être les psy étaient-il trop dogmatiques ; mais peut-être avaient-ils raison de l’être, soutenus qu’ils étaient par la réalité encore incontournable de la biologie. Il est écrit que le xxie siècle est le siècle où l’humanité aura prétendu s’affranchir du simple fait qu’un enfant est fait par un homme et une femme, avec tout ce que cela entraîne naturellement. Mais il se peut que j’aie dit un gros mot, puisque la culture est là pour corriger les impératifs dictatoriaux de la nature. Les transhumanistes, très actifs dans le courant woke, ne cherchent-ils pas à délivrer l’espèce humaine de ses contraintes biologiques, y compris en matière de reproduction ?
Invasion médiatique
En tous cas, qu’on ne nous dise pas que la société ne s’occupe pas des sexualités autres que monogame hétérosexuelle : on nous les sert matin, midi et soir aux infos. Et surtout, on ne laisse aucune place à ceux qui veulent s’opposer à ces « évolutions de la société ». Or, le discernement consiste non pas forcément à « être de son temps » mais, précisément, à voir pourquoi il faut parfois ne pas être de son temps, parfois être le prophète isolé dont tout le monde se moque – et se moque même parfois en pressentant ou en sachant qu’il a raison.
L’avenir dira, dans dix ou vingt ans, ce qu’auront produit les « évolutions de la société », que ce soit sur la moralité collective ou que ce soit, surtout, sur les enfants dont un parent aura été mis en retrait, voire purement et simplement effacé.
Enfin, pour être clair, nous récusons toute persécution contre les homosexuels et autres variantes. Mais nous revendiquons le droit de penser que l’hétérosexualité n’est pas une sexualité qui serait à mettre exactement sur le même plan que toutes les autres, a fortiori dans sa dimension de fidélité et de construction familiale. D’ailleurs, je renvoie chacun à sa vie personnelle, à ses enfants s’il en a, à ce qu’on leur souhaite, à ce qu’on ne leur souhaite pas. Dans les discussions de salon, tout le monde fait semblant de penser pareil. Mais on ne tarde pas à découvrir dans les conversations plus intimes que la réalité des convictions profondes est tout à fait différente… quand elle n’est pas exactement inverse.
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/qu-est-ce-que-l-homophobie-178410
https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/mariage-gay-339-999-manifestants-133010
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/mariage-pour-tous-reactionnaire-ou-130113
https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/valeurs-inverties-125432
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