Abus de biens sociaux et fraude fiscale : 18 mois ferme de condamnation requis contre Dieudonné
Le parquet de Paris a finalement rendu son verdict ce mercredi 3 avril. Il a requis trois ans de prison dont 18 mois avec sursis à l'encontre de l’humoriste et polémiste Dieudonné M'Bala M'Bala.

Dossier classique ou complot ?
Le procès de Dieudonné a débuté au tribunal correctionnel de Paris, ce mardi 26 mars.
L’humoriste avait su, une fois de plus, susciter des polémiques en faisant une entrée très remarquée à son premier jour d’audience. Vêtu d’un bermuda, d’un chapeau en forme d’ananas et de lunettes de soleil, il avait exécuté sa fameuse « quenelle » et s’était permis des selfies avec des fans présents pour le soutenir. Il s’était dit confiant et innocent de tout ce qui lui était reproché.
Dieudonné Mbala Mbala comparaissait aux cotés de sa compagne Noémie Montagne, gérante des Productions de la Plume, pour abus de biens sociaux aux dépens de leur société et fraude à la TVA. Contre l’artiste seul, pesaient des accusations graves de blanchiment de fraude fiscale et d’organisation frauduleuse de son insolvabilité.
Selon les calculs effectués par les magistrats, l’homme de 53 ans aurait entre 2009 et 2014, dissimulé 1,2 million d'euros au fisc, recettes de ses spectacles. Rappelons qu’une perquisition à son domicile en 2014 avait permis de découvrir, chez le couple, la somme de 675.000 euros et de 15.200 dollars en liquide. Puis, des transferts d’argent de plus de 565.000 euros faits envoyés au Cameroun, en Suisse, en Belgique, aux Emirats Arabes unis et à l’intérieur de la France par ses proches et lui-même avaient aussi été retracés.
Dieudonné, réputé pour ses multiples sorties à scandale et ses condamnations pour injures, diffamation, antisémitisme et provocations à la haine avait choisi, avec sa co-accusée, d’exercer leur droit au silence lors des audiences.
Les avocats de la défense, eux, ont émis la thèse selon laquelle leurs deux clients seraient victimes d’un procès politique. Pour eux, cette énième condamnation serait le fruit de « l’époque Manuel Valls ». Celui-ci, ministre de l'Intérieur, avait usé de tous les moyens possibles pour interdire les spectacles de l'humoriste qu’il jugeait antisémite. Me Sanjay Mirabeau, avocat de Dieudonné M'Bala, réagit et se désole devant les magistrats du tribunal : « Dans 95% des cas, la loi est bien appliquée. Cet homme-là (indexant son client) fait partie des 5% des cas qu'on ne juge pas comme les autres. Vous n'avez d'ailleurs pas le choix, vous allez le condamner ! », écrit Le Figaro.
Les avocats de l’humoriste et de Noémie Montagne ont estimé que l’enquête était bâclée car étant une « commande politique ». Ils ont négocié le report du procès afin qu’un complément d'information soit ordonné.
L’accusation a dénoncé une stratégie de mise en scène. Pour elle, Dieudonné "n'est pas un artiste bohème déconnecté" des chiffres. Il aurait bel et bien usé de manœuvres pour cacher cet argent au fisc.
« Il n’y a rien d’anormal de la part de Bercy à s’intéresser à un homme qui a lancé un appel aux dons à ses fans et qui, par ailleurs, n’a fait aucune déclaration de revenus en 2011 (…) Manifestement, on cherche à politiser un dossier qui est somme toute relativement classique. », s’est indigné l’un des deux procureurs selon une source du Figaro.
« Même s’il n’y a de pire sourd que celui qui ne veut entendre, il ne s’agit pas d’un procès politique », a poursuivi l’accusation.
3 ans de prison pour Dieudonné
Au terme du procès, le parquet de Paris a requis ce mercredi 3 avril, à l’encontre de l’ancien acolyte d’Elie Semoun, une peine de trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Les procureurs ont aussi requis contre le polémiste, une amende de 285 000 euros et l’interdiction de gérer une société pendant cinq ans.
Contre Noémie Montagne, sa compagne et dirigeante de droit de la société, le parquet a requis 18 mois avec sursis et la même interdiction de gérer. 400 000 euros d’amende ont été requis contre les Productions de la plume pour avoir dissimulé des recettes.
« Les faits sont têtus et pour nous, la culpabilité des prévenus ne fait aucun doute », a déclaré l’un des magistrats en charge du réquisitoire, selon Libération.
Le fisc, partie civile, a demandé enfin le paiement des centaines de milliers d’euros d’ « impôts fraudés » par l’humoriste polémiste, qui seraient le cas échéant, fixés par le tribunal administratif. 100.000 euros ont été exigés en réparation du blanchiment de fraude fiscale.
22 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON