Adam Smith meurt définitivement
1989 sonnait la fin de la guerre froide et la victoire de l’occident sur le communisme, il faut dire pour être historiquement juste, contre la dictature de la de pensée unique stalinienne qui s’est appuyée sur une analyse philosophique du capitalisme développée par karl Marx. Mais il est entré dans la vulgarisation du langage d’utiliser pour désigner cette dictature, le mot communisme qui de fait invalide les analyses Marxistes dont la péjoration adjectivale de son nom, sous entend toujours cet état de fait et y est quasiment aliéné.
Pourtant personne ne se doutait à ce moment là, dans l’euphorie occidentale à laquelle j’appartenais qu’il allait entraîner avec lui l’axiome d’ADAM SMITH, que je rappelle ci-dessous.
« Chaque individu met sans cesse tous ses efforts à chercher, pour tout le capital dont il peut disposer, l’emploi le plus avantageux : il est bien vrai que c’est son propre bénéfice qu’il a en vue, et non celui de la société ; mais les soins, qu’il se donne pour trouver son avantage personnel, le conduisent naturellement, ou plutôt nécessairement, à préférer précisément ce genre d’emploi même qui se trouve être le plus avantageux à la société… », « A la vérité, son intention en général n’est pas en cela de servir l’intérêt public, et il ne sait même pas jusqu’à quel point il peut être utile à la société…. », « Il ne pense qu’à son propre gain en cela, comme dans beaucoup d’autre cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions ; et ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus mal pour la société, que cette fin n’entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler. » (A. Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations.)
Adam Smith est naturellement pardonnable, à son siècle tout devait être vu comme inépuisable et non polluant. Mais les enfants de Smith le sont moins, car c’est en toute connaissance de cause qu’ils continuent à agir en ce sens en pensant que l’intérêt individuel concourt inévitablement à celui de la société, comme si c’était un bien de respirer du monoxyde de carbone, ne plus trouver d’eau potable, et ne répondre à l’exclusion que par la répression.
Aujourd’hui nous avons d’autres moyens que ceux dont il disposait afin de mesurer notre activité polluante et incidente. Nous pouvons donc nous rendre compte que si cet axiome avait tout son sens à son époque, il ne l’a plus aujourd’hui, si nous le cantonnons au seul domaine de la production de biens, et continuons à nous y référer aveuglément en ce sens. C’est d’une certaine manière aller au suicide à long terme, non parce qu’il en est ainsi par une quelconque fatalité ou « main invisible », mais seulement pour être resté dans une utilisation étriquée de notre intelligence, en référence à un passé qui n’est plus, et auquel économiquement nous nous accrochons comme à un Dieu, parce qu’il flatte notre ego dont il est né.
Pourtant Kenneth Arrow a démontré que la somme des intérêts personnels ne fait pas l’intérêt collectif, (théorie connue sous le nom de « théorème d’impossibilité ») lorsqu’il a démontré que les choix collectifs ne peuvent se déduire des préférences individuelles par une procédure démocratique, mais l’avidité au gain bloque l’intellect.
Ainsi donc sans plus aucune bride que constituait le communisme, et réciproquement, le capitalisme assuré de la véracité de son axiomatique théorie extraite de l’observation de nos comportements ne connait plus de limite. Il n’a plus à se montrer visage couvert, il n’y a plus de mur, la loi du marché qui a déjà emporté les socialistes peut se déverser en un raz de marée pour submerger le monde par une consommation à outrance dans les pays riches et ceux en développement.
Cela aura duré 20 ans, vingt petites années que l’histoire ne retiendra peut-être pas. Vingt années durant lesquelles les vainqueurs vont se gaver jusqu’à s’en faire éclater la panse. La crise d’aujourd’hui.
Certes la rapidité de la survenance de cette crise est due aux moyens technologiques existants, mais surtout à la suffisance d’une élite condescendante qui ne craignait plus de clamer que son mérite, n’avait plus de prix et justifiait leur avaricieux partage de la richesse.
Démentant de fait cette partie de l’axiome de Smith, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler, cette élite ne connait plus d’autres voies que celle d’une croissance que l’on sait aujourd’hui suicidaire, pour avoir par tous les moyens fait taire ceux qui pouvaient lui apporter le débat si salutaire, jusqu’à en « criminaliser » les actes de révoltes, et appeler le client à la curée du citoyen.
Vingt ans, au bout de vingt ans il faut que ce soit la collectivité pour laquelle ils n’ont que mépris qui vienne les sortir du gouffre. Mais n’imaginez pas qu’ils en auront une quelconque reconnaissance, déjà ils considèrent que c’est l’État qui intervient, c’est à dire eux, car il y a longtemps qu’ils se le sont appropriés à vouloir en faire aujourd’hui une entreprise comme je l’ai écrit.
Reconnaitront-il l’échec, certainement pas, déjà Mr Lamy à donné le ton, ce n’est pas le commerce qui est responsable de la crise, bien voyons, l’accession à la propriété des subprimes, c’est parce que le commerce leur rapportait trop d’argent qu’ils ont du s’endetter. Ce n’est surtout pas le commerce qui est responsable du développement du crédit, j’ai dû avoir des illusions publicitaires. Mais soyez rassurés jeudi c’est dans cet ordre d’idée que s’inscrira le discours de notre président pour justifier de poursuivre ce qui nous perd. (heureusement que les banques françaises ont une réglementation plus stricte nous nous en sortons mieux).
Donc rien à attendre du coté des puissants.
Mais il y a quelque chose qu’avait oublié Mr Adam Smith, c’est que chez l’homme plus que la tête, comme le raconte l’histoire connu, c’est le « trou de balle » qui commande, et donc un individus qui excrète dans son seul intérêt ne pourra pas tenir le compte juste de la somme des déchets individuels de ses appétits égoïstes sous lesquels il fera périr plus que sa collectivité.
Ainsi donc plus que la crise de la suffisance avarice des puissants qui s’est nouée autour des crédits hypothécaires comme seul iceberg, c’est la conscience de la production de nos déchets qui met un terme à l’insuffisante axiomatique de ADAM SMITH.
La conscience du peuple n’en est pas encore pleine et entière, car cela touche plus la raison qui s’en fait une représentation là où la pollution est réelle, sans parvenir à entrainer la modification de comportements collectifs, si ceux-ci ne sont pas repris par la nouvelle élite qui se constitue.
Malheureusement notre président n’en fera pas parti
En revanche je modifierai un peu cet axiome de la manière suivante : « chaque individu met ses efforts à chercher, pour tout son capital, dont il peut disposer, l’emploi le plus avantageux à développer son intelligence tout au long de son existence ; il est bien vrai que c’est son propre bénéfice qu’il a en vue et non celui de la société ; mais les soins qu’il se donne pour trouver son avantage personnel en cela le conduisent naturellement à préférer ce genre d’emploi même, qui se trouve être le plus avantageux pour la société dont avec, il peut se faire une représentation profitable à tous et y insérer sa singularité »
Je pense qu’un jour, après nos enfants, nous rémunérerons les hommes pour apprendre, peut-être alors iront-ils apprendre ce qu’ils ignorent, mais dans notre monde c’est encore l’épaisseur du portefeuille qui confère l’intelligence.
Enfin un être qui ne reçoit rien de l’extérieur meurt parce qu’il ne peut plus échanger, pareil pour une société uni dimensionnelle, c’est en cela que la pensée unique est destructrice, et il en est de même pour notre monde. Si s’ouvrir pour recevoir, est vivre , vers quoi l’espèce va donc pouvoir se retourner pour recevoir ?
Vers ce que nous avons entrepris depuis déjà bien longtemps, vers le monde infinitésimal, celui qui échappe à nos « 10% de fonctionnalité de l’intelligence », celui qui nous permettra peut-être de remplacer l’épuisement des ressources minières et conserver le confort auquel nous ne voulons pas renoncer, et que nous promettons aux autres, et qui sera peut-être le régulateur de notre espèce.
Ce ne sera peut-être pas seulement de la matière comme celle à laquelle nous sommes habitués, mais quoi que ce soit, cela ne se fera pas sans nous, et dépendra aussi de nous. Si nous avons la charge d’inventer le monde de demain, il n’apparaîtra pas sur un écran de télévision dans le billet gagnant d’un loto ou dans une prière à un dieu.
Il naîtra de notre intelligence à répondre aux événement environnementaux, parce que nous ne consacrerons pas tout notre temps courbés sur un métier, en balade dans un super marché, suspendu devant un écran de télévision etc.
Mais, en consacrant un peu de notre temps au développement de notre intelligence, là ou réside notre futur, si cela entre dans l’agencement aléatoire et dynamique des événements, sans se laisser aveugler par des Smith que certains croyaient indestructibles.
29 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON