Affaire Tariq Ramadan : L’islamologue charismatique va être entendu par la justice suisse en France
Après de nombreuses tergiversations et un recours déposé pour déni de justice, c’est en fin de compte les magistrats suisses qui se déplaceront en France pour interroger Tariq Ramadan. Le théologien charismatique est accusé de viol par quatre plaignantes dont trois en France et une jeune femme en Suisse.
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« Même dans les moments de fougue et de domination, un non c'était un non »
Henda Ayari, la fondatrice de l’association Libératrices, qui aide à la défense des femmes et à la prévention contre la radicalisation islamiste avait ouvert les hostilités en 2017. Suite au mouvement populaire #balancetonporc, la féministe avait porté plainte en France contre le très respecté Tariq Ramadan pour viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement et intimidation. Elle bouleversait ainsi la solide réputation du professeur d’Oxford, entrainant par la même occasion de multiples témoignages accablants en France, aux États-Unis et en Suisse. Des jeunes filles témoignent pour des abus commis dans les années 1980 à 1990. Au moment des aveux, les faits sont malheureusement proscrits.
La figure influente et controversée de l'islam européen est finalement mise en examen pour « viol » et « viol sur personne vulnérable ». Placé en détention provisoire le 2 février 2018, Tariq Ramadan nie les faits reprochés. Il finira par avouer qu’il y avait bien eu des actes sexuels entre les plaignantes et lui, des « relations extraconjugales de domination consenties » : « Même dans les moments de fougue et de domination, un non c'était un non », expliquait-il sur France 24.
Un recours déposé pour déni de justice
Le 3 Juillet dernier, les avocats de Brigitte, la plaignante genevoise qui accuse le théologien de l’avoir violée et séquestrée dans un hôtel de Genève, dans la nuit du 28 au 29 octobre 2008, avaient déposé un recours auprès de la Chambre pénale pour déni de justice. Me Robert Assaël et Me Alec Reymond avaient fustigé les lenteurs de la justice helvétique, dénonçant dans les médias « une situation inacceptable », un « déni de justice » ainsi qu’un autre fait curieux : Tarik Ramadan n’avait toujours pas été entendu par le procureur suisse dans l’affaire. Il n’avait pas non plus été confronté à son accusatrice. Quatre des audiences convoquées en février et mars dernier étaient toutes annulées en janvier sans explication valable. Simple mauvaise collaboration entre les justices suisse et française ? Toujours est-il que les magistrats évoquaient une violation de la convention européenne des droits de l’homme.
Les auditions suisses sont finalement prévues en France
L’instruction genevoise a été ouverte le 7 septembre 2018 à l’encontre de Tariq Ramadan. Une commission rogatoire avait été adressée dans les règles aux autorités judiciaires françaises, afin de pouvoir interroger l’islamologue qui avait été placé eu moment des faits, en détention provisoire à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes.
Souffrant d'une sclérose en plaques, Tarik Ramadan était remis en liberté conditionnelle. L’homme de 56 ans est soumis à un contrôle judiciaire très strict et à une interdiction formelle de quitter le territoire français. Il avait dû remettre son passeport et verser une caution de 300 000 euros. Selon le magazine Marianne, ces mesures drastiques sont dûes au fait que les juges craignaient un « risque de soustraction de l’intéressé à la justice française ». La situation empêchant son audition, le procureur suisse avait donc été obligé d’annuler les auditions fixées en février et mars 2019.
L’éventualité d’un contrôle judiciaire non respecté avait été réfutée par Emmanuel Marsigny, avocat de Tariq Ramadan : « Une convocation lui a été adressée par un expert à une adresse inexacte » indique-t-il en précisant que son client avait rendu son passeport à la justice qui en ignorait l’existence.
Désormais, il revient aux juges français de fixer une date pour les auditions et les confrontations. « Une première confrontation avec la femme qui l’accuse devrait aussi avoir lieu », annonce France-Info.
Rappelons que l’accusé aurait demandé la levée de ses mises en examen en France, après l'abondante correspondance sexuelle révélée entre lui et deux des présumées victimes. Cette demande prématurée avait été rejetée.
En attendant le prochain dénouement, l’islamologue ne semble pas vouloir se mettre dans l’ombre : Il s’était présenté en mars à une réunion publique sur les violences faite aux femmes au quotidien, organisée par la Mairie de Saint-Denis. L'arrivée de l'islamologue jugée sur les lieux, jugée provocante, avait créé l'émoi. Prié de quitter la salle, il s'était imposé. Plusieurs femmes invitées avaient préféré rentrer chez elles.
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