Afghans : une mobilisation mais quelle solution ?
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Il faisait froid hier. Très froid. Hier c’était dimanche. Mais pas pour les 150 Afghans rassemblés depuis quelques mois dans le 10ème arrondissement. On dit qu’à Paris ils sont 500 venus de Kaboul, de Kandahar, de ce pays riche en pétrole et en gaz... Pour eux, pas de dimanche. Les jours sont courts en hiver, mais ils trouvent le temps long. Je les ai vu, hier, ces Afghans. De jeunes hommes, majoritairement.
Certains ont fui la « jungle » de Sangatte. Tous ont parcouru des milliers de kilomètres. Aujourd’hui ils ont la sensation de faire du sur-place ou, pire, de revenir au point de départ. Certains commencent à parler français. Ils ne ressemblent pas à des clochards qui se laisseraient aller. Ils sont propres, fiers et dignes. Leur regard est franc. Ils sont déterminés. Ils sont jeunes. Ils parlent autour du feu.
La fermeture de la jungle de Calais a été une belle réussite. Ça oui. On a juste déplacé le problème. Le « problème » Afghan. En général quand un tel problème se présente c’est qu’on a tout fait pour évacuer les solutions. Pas de solution donc, mais que des problèmes. On prend la question à l’envers. Ce pays qui vieillit n’a que des problèmes et plus de solutions. C’est toujours la même chose. Mon grand-père était italien. On le traitait de macaroni. Maintenant l’entreprise qu’il a fondé est l’une des plus prospères de sa région.
On a tué en France des ouvriers italiens. Des ouvriers ont tué des ouvriers parce qu’ils pensaient que ça serait la solution à leur problème. Quand ils n’y pensent pas, de bonnes âmes leur indiquent la marche à suivre. Pogroms, massacres et ratonnades.
Le problème : le chômage. La solution, je ne suis pas un spécialiste, mais elle n’est pas à chercher du côtés des immigrés italiens, portugais, espagnols, kabyles, arabes, maliens, afghans, toutes ces strates qui font ce que nous sommes. « Étranges étrangers/Vous êtes de la ville/ vous êtes de sa vie/même si mal en vivez/ même si vous mourez » (Jacques Prévert).
Entre le feu du brasier et l’eau glacée du canal, un grand cercle s’est formé. Des dizaines de Parisiens se sont joints aux Afghans. Ils étaient réunis suite à un appel relayé notamment sur Facebook par un collectif qui ne demande pas la Lune, mais une solution pour que ces Afghans vivent normalement, c’est-à-dire, aussi, que tous les hommes vivent normalement.
Nous sommes tous venus d’ailleurs. Nous sommes tous des étrangers.
NB : Ce n’est pas la guerre partout en Afghanistan me dit un lecteur. Certes. Comme en France, en 39-45, il y avait la zone occupée et la zone libre... Quant à l’éducation, je vous conseille l’excellent documentaire de Paul Moreira, "Afghanistan, sur la piste des dollars".
Mercredi 13 janvier, projection/débat du film « In this world », avec des responsables d’ONG et des Afghans qui témoignent. Au Comptoir des mots (80 quai de Jemmapes, 75010 Paris).
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