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Accueil du site > Actualités > Société > Agriculture raisonnée et Agriculture de précision

Agriculture raisonnée et Agriculture de précision

 Nous possédons un référentiel* qui édicte la démarche d’une « agriculture raisonnée » ; les pays du nord de l’Europe et les Etats-Unis s’intéressent eux à « l’agriculture de précision »**. Ces deux modes d’agriculture sont-ils les mêmes ? Une courte analyse montre très vite que, bien que semblables dans leurs objectifs, les manières de concevoir la production agricole y sont dans un état d’esprit différent.

  Enonçons d’abord quels sont ces objectifs.

  Ceux de l’agriculture de précision sont triples :
« Premièrement, optimiser l’usage des ressources disponibles pour accroître le profit et ce qui est soutenable dans les pratiques agricoles. Deuxièmement, réduire les impacts négatifs sur l’environnement. Troisièmement, améliorer la qualité du travail de l’entourage et les aspects sociaux des agriculteurs, des éleveurs et des professions qui en relèvent ».
 
  L’agriculture raisonnée doit, selon son référentiel,

- renforcer les impacts positifs des pratiques agricoles sur l’environnement et en réduire les effets négatifs, sans mettre en cause la rentabilité économique des exploitations.

- mettre en œuvre les moyens techniques dans une approche globale de l’exploitation (prise en compte du contexte économique, social et environnemental).
 
  Qu’est-ce qui sépare ces deux procédures :

- L’agriculture de précision met en première ligne le profit de l’exploitation, pour atteindre cet objectif, l’exploitant doit optimiser son travail. « … Il faut appliquer le bon traitement à la bonne place et au bon moment ».
L’agriculture de précision était au début une agriculture intensive qui voulait utiliser toutes les ressources modernes de la technologie : photographie aérienne, cartographie des parcelles pour optimiser l’apport des engrais, guidage des outils au laser, logiciels de gestion etc. Ceci n’était accessible qu’à des entreprises aux moyens importants et à des exploitants de niveau technique élevé. Les autres objectifs, ajoutés plus tard, ont raccroché à l’agriculture de précision des exigences nouvelles relatives à la protection de l’environnement et au progrès social des agriculteurs. Il n’en reste pas moins que celui qui veut faire de l’agriculture de précision doit garder à l’esprit que le profit ne peut-être déclassé, il est le premier but de toute entreprise.

- L’agriculture raisonnée, elle, n’est pas productiviste, la rentabilité de l’exploitation n’est que sous entendue. Elle doit prendre en charge la protection de l’environnement et accroître le bien être social des acteurs de l’entreprise. Peut-elle être rentable alors si ses produits n’obtiennent pas une plus-value sur le marché du fait de ces nouvelles exigences ? Elle nécessite ainsi, pour survivre, de bénéficier d’un label avec toutes ses pesanteurs : référentiel, commissions de surveillance et de contrôle, information de l’acheteur. Labélisée, elle va se trouver en concurrence avec l’agriculture biologique.
 
  Pour les pays adeptes de l’agriculture de précision, l’agriculture est une activité qui doit comme toute activité de production intégrer les progrès techniques et les exigences nouvelles de la société. L’agriculture raisonnée française est, au contraire, une forme d’agriculture nouvelle à mi chemin entre l’agriculture intensive et l’agriculture biologique qui nécessite un encadrement technocratique et dont l’avenir reste incertain.


* http://www.agrisalon.com/AR080102.pdf
**R. Gebbers et al, Science, 5967, p. 828, 12 février 2010

Via le site Bloghardi

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3 réactions à cet article    


  • Chabinpolitain 8 mai 2010 17:57

    Je suis curieux de savoir à combien vous émargez pour ce papier...
    Vous vous moquez simplement du monde en osant émettre la prédiction qu’une fois labellisée la production en « raisonné » fera concurrence au « bio » !!!
    C’est une duperie, un mensonge de haute volée ou de l’aveuglement obtus !
    L’agriculture raisonnée n’est rien de plus que celle pratiquée par toute personne respectant les doses préconisées en matière de pesticides, le respect du délai avant récolte, des espacements et des alternances des traitements.
    Il n’est donc aucunement question d’absence de pesticide !
    Vous déraisonnez !


    • asterix asterix 8 mai 2010 19:20

      Ajoutez-y la suppression des intermédiaires qui n’apportent aucune valeur ajoutée, sinon dans leur propre portefeuille. L’agriculteur raisonné ou raisonnable gagnera plus et le citoyen payera moins cher ses navets, son vin rouge et ses carottes.


      • Spip Spip 9 mai 2010 12:03

        Tout à fait d’accord avec Chabinpolitain

        Ou en est le « label » de l’agriculture raisonnée ? S’il existe, quel organisme indépendant contrôlera son respect ?

        La « pesanteur » que vous évoquez en dit assez sur ce que vous en pensez (si les mots ont un sens) Quand à « rentabilité... sous entendue » la notion même de sous entendu est un fourre-tout qui n’a rien à faire dans une définition précise - Talleyrand disait « si cela va sans dire, cela va mieux en le disant » et c’était un expert en entourloupettes...

        La concurrence avec le bio n’a pas lieu d’être. L’un a un projet global, l’autre n’est qu’un rhabillage de l’intensive, sous la pression des résultats négatifs produits par ses excès.

        Bref, la version agricole du greenwashing.

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