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Accueil du site > Actualités > Société > Ah t’es blogueuse ? C’est super…

Ah t’es blogueuse ? C’est super…

Quand j’étais petit je faisais super gaffe à ne pas sortir avec la fille la plus langue de pute du bahut. Question de précaution. Naturellement discret, je n’avais pas spécialement envie que le lycée soit au courant que je tournais la langue dans le mauvais sens ou que je n’avais jamais réussi à lui dégrafer son soutien gorge. Je ne suis pas manuel, c’est comme ça. De toute façon, j’étais assez tranquille vu que la cheftaine de la cour n’a jamais eu le moindre désir de me proposer d’intenses parties de langues en l’air. Elle me préférait de loin le grattouilleur de guitare qui se la pétait avec ses 3 accords minables.

Bon, je suis grand maintenant et depuis j’ai appris la guitare, deux airs de piano et rangé mon Eau Précieuse au rayon des souvenirs. Je peux désormais affronter la vie moderne et toutes les prom queen de la création parce que mon rang social me permet d’accéder aux soirées VIP (nonobstant l’achat d’une carte du même nom au coût plus que prohibitif) et à Attractive World, le Meetic qui se la pète en te proposant des top modèles russes et des femmes d’affaires en tailleur gris super excitantes sur leur photo. Certes j’ai bouffé des pâtes pendant deux mois après l’acquisition du précieux Sésame VIP et j’ai un peu menti sur mon pedigree (pal ! désolé, c’est plus fort que moi) mais c’est de bonne guerre.  Après tout, j’aspire à doubler mon salaire dans les 7 ans qui viennent alors autant anticiper. Et puis quoi ? J’allais croire que les working girls avec les serre-tête en velours que je reluquais sur les photos (chopées) gagnaient vraiment 150K€ par an ? Ah ah, je ne suis pas le dindon de cette farce tout de même.

Je pénètre donc dans le Saint des Saints, la boite hype que tous les collègues consultants à plus de 1500/jour, ces aristos du power point, m’ont plus que fermement recommandée.

« J’ai serré dès le premier soir, c’est une tuerie cet endroit » (Thomas, trentenaire à mèche que je ne recommanderais pas, même à ma voisine célib et en manque)

« Bon OK il faut cracher 15 euros la conso en plus mais après tout si tu vas au Meurice, c’est le prix du café. Et puis les meufs sont d’enfer. » (Alexandre, trentenaire à mèche mais dans l’autre sens, copain de beuverie du premier et dont je n’ai pas l’état des lieux des exploits)

Mon assiette de pâtes engloutie entre deux whiskies (sucres lents et avance sur cuite), j’hésite devant le miroir. Houlà… Je n’ai pas mis un peu trop d’Eau de toilette ? Douche. Re-miroir. Cravate ou pas cravate ? Unie ? Serrée ? J’essaie avec. Ce sera sans. Je zappe la chemise Hawaï et mise sur le blanc. Pour moi le blanc, c’est comme pour les murs d’un appartement, c’est toujours sobre et de bon ton. J’hésite aussi sur le boutonnage. Un bouton ou deux en free style ? Un seul suffira, mon bronzage s’est délavé depuis les vacances. Costume gris anthracite, sobre, genre je suis consultant senior (j’ai dû me changer parce qu’en réalité je bosse en jean dans une start up) et j’attaque le cerbère de l’entrée avec l ‘assurance du type qui a bien payé son ticket de transport devant un contrôleur. Il me regarde de la tête aux pieds. « Soyez un peu moins jour il me dit. » La prochaine fois je n’oublie pas mon bonnet de nuit, juré. Vestiaire. Ambiance show case. Je me colle au bar, poste d’observation idéal pour qui veut se la jouer rencontre-comme-dans-une-série-américaine. Sauf que le bar, c’est bien pour observer mais tu y es comme dans un phare. Seul. Tic et Tac, mes deux parrains ne sont même pas là pour me rassurer. Une heure à lancer des œillades sans succès plus tard, je dois me résoudre à aborder une fille. Pas trop blonde, pas trop provocante sur le plan mammaire, je joue la sécurité. Et l’assurance pour l’heure suivante semble se trouver contre le mur du fond. Elle est jolie sans être tapageuse, pourvue d’un charme discret et observe l’assistance. Phare de recul. Elle finit par croiser mon regard. Appel de phares ? J’aurais dû me méfier. Je ne me suis pas méfié. Elle est drôle dès les premiers mots. Naturelle. J’adore ses expressions, sa vivacité d’esprit. Elle est spontanée. Le charme opère. J’hésite à poser la question. OK elle bosse en indépendante. Et… elle écrit.

« Mais, on peut lire ce que tu écris quelque part ? je demande » Elle sourit.

« Mais on peut lire ce qu’elle écrit quelque part ? je demande à un type qui lui a fait une bise deux minutes avant en m’éloignant vers la salle de méditation. » Le type sourit aussi. Et me donne un pseudo.

Ah mais c’est pas vrai, la 3G ne passe pas dans les chiottes de cette p… de boite à la c…

« Excuse-moi je reviens tout de suite, je crois que j’ai oublié un truc dans ma voiture. Tu ne bouges pas hein ! »

C’est vrai qu’elle est nulle cette excuse parce que si on fait un bout de chemin ensemble (je veux dire pour la raccompagner) elle verra forcément que je suis en scooter. Et puis chercher quoi ? Des capotes ? Un spray pour l’haleine ? Ah voilà… Bella Tarte (c’est son pseudo de blogueuse). Punaise, elle a 7 800 followers sur Twitter, 1 254 amis et plus de 11 000 like sur FB. Influente. C’est comme ça qu’on dit. Je lis. Tient, ça parle de cul. C’est drôle. Très drôle même. Ah ah c’est super bien vu le coup du Threesome à Carcassonne ! Jamais essayé mais c’est criant de vérité. Oh là là… Elle explique comment il ne faut pas pincer les seins des filles. Là c’est moins drôle. J’apprends en direct que je fais tout comme il faut pas. Dommage elle avait des seins exactement comme je les adore. Ouh là… Elle fréquente les Clubs échangistes. Mais non, suis-je niais, c’est de la fiction. Elle imagine. Enfin là tout de même ça sent le vécu.

« Bon excuse-moi je ne retrouvais plus ma voiture (et du coup je me condamne irrémédiablement à ne pas la ramener chez elle). Mais au fait tu écris de la fiction ? Des essais ? Ah ? De l’auto-fiction ? Hum. Non non, c’était juste pour savoir. »

Et c’est à ce moment que ta vie future défile devant tes yeux. Comme avant de mourir mais en inversé. Je l’imagine dans l’escalier avec l’arête d’une marche qui lui lamine le dos (sujet), je n’ose pas toucher ses seins (précaution). Puis je me dis que le sujet a déjà été abordé alors je lui touche les seins (mais pas trop. Mais un peu quand même parce que je n’ai pas tout compris dans le texte. S’il fallait masser, palper, pincer ou pas. Et quand ?). Après je l’embrasse après avoir bien dégluti trois ou quatre fois et englouti 5 pastilles de menthe (tant pis elle aura l’impression de se laver les dents mais elle ne pourra pas écrire que je sentais la vespasienne mal nettoyée). Ma vie future continue à défiler. On entre chez elle. Je dis un petit mot gentil histoire de faire mon fayot et je trousse sa robe. Je vais lui faire un gros coup de lèche motte. Attends c’était comment dans son billet sur le cunni ? Mince. Je ne me souviens plus comment elle a dit qu’il fallait faire avec la bouche. C’était une lettre de l’alphabet mais je ne sais plus laquelle. J’hésite entre le O et le W… Mes pensées se brouillent. Cette fille a dû se taper un millier de mecs au bas mot pour écrire tout ça. Et moi… Euh... Moins. Bon OK, beaucoup moins. Je déglutis à nouveau, je remonte et l’embrasse en la tripotant frénétiquement et dans un désordre assumé (nouveau sujet). Je pense trop. Et quand on pense trop on oublie l’essentiel. Bander. Je ne bande pas (sujet marronnier). Et déjà sa petite voix me dit que ce n’est pas grave, que ça arrive à tout le monde, que c’est l’émotion… Je coupe court. Mais bien sûr que c’est l’émotion, j’aimerais bien t’y voir si tu attaquais la face Nord de l’Everest avec un sherpa à tes côtés qui prend note de tout ce que tu fais. Forcément comme un amateur. Arrêt sur image de ma vie future.

« Bon, en tout cas c’était super sympa de t’avoir rencontrée. Je peux trouver tes livres quelque part ? je faux-cule »

Retour maison, frustration. Me logue sur Attractive World. Au moins dans le virtuel, tu n’as pas besoin de bouffer des pastilles de menthe toutes les 30 secondes, tu te fous des auréoles sous tes bras et même de savoir que la fille (si c’en est une) qui est au bout de la ligne ressemble à sa photo ou pas. Je ratisse large ce soir. Vu le nombre de râteaux, le terme est idoine. Et puis me revient son billet sur « un gars, une fille, chacun cherche son tchat ». Je me sens d’un coup très nul et terriblement prévisible. J’éteins tout. Je me la prends, me la mets derrière l’oreille et me dis qu’après tout j’aurais pu rencontrer une fille adepte de sex tapes non anonymes qui m’auraient poursuivies toute ma chienne de vie. Pendant ce temps là, ma femme ronfle de l’autre côté du lit.


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11 réactions à cet article    


  • Kalki Kalki 8 septembre 2011 13:07

    Ah tu est une machine ? moi aussi , c’est drole le destin


    • kheops kheops 8 septembre 2011 15:35

      Rôôôôhhhhhhhhh, la chute ! « ma femme ronfle de l’autre côté du lit » Eh bé !!!!!

      Sinon, article très drôle ! et par pur opportunisme, je mets ici le lien vers mon blog !

      http://ahvousecrivez.blogspot.com/

      Alors pas de méprise, je ne cherche personne en vue de relations extra-conjugales et d’ailleurs je ne fréquente pas le genre de club hype dont tu parles. Etant donné que tu es au régime pâtes depuis, je m’abstiendrai de payer ce sésame qui coûte visiblement la... peau des fesses !!!

      Bonne lecture de mes textes et les coms sont les bienvenus !


      • Rudolph 8 septembre 2011 17:46

        Pas mal le coup du : « je trompe ma femme et c’est assumé ».
        Autant on a le droit d’être paumé dans la vie, autant ce degré d’irresponsabilité m’écoeure. Il y a probablement d’autres plaisirs que celui que vous recherchez, car si vous ne divorcez pas, j’espère que c’est pour de bonnes raisons (enfants etc...). Vous devriez avoir des façons de remonter la pente et de redevenir digne. Et ce n’est d’ailleurs peut-être qu’à ce moment-là que l’on rencontre une femme qui se mérite.
        Pathétique mon post n’est-ce pas, quand on s’adresse à un écumeur de sites de rencontres :) ?


        • Kalki Kalki 8 septembre 2011 18:48

          vous voulez dire que vous croyez avoir un avenir, un travail , une famille, un futur , une femme parfaite intelligente et qui vous accepterez aimer pour toujours

          vous avez fumé quoi ca ?

          il n’y a pas d’intelligence sur cet planete, juste des singes


        • Rudolph 8 septembre 2011 19:00

          C’est toi le singe, à n’en pas douter !



        • Alicia fFrance aliciabx 9 septembre 2011 11:32

          Voici ce qu’une blogueuse non influente pense :

          DSK et la France des mâles élevéshttp://leplus.nouvelobs.com/contribution/190206 ;dsk-et-la-france-des-males-eleves.html
          Qui n’a pas été retenu par AG et ses auteurs, et pour cause...
          Mais rien à voir avec vous, biens sûr...

          • Félicien Arcuel Félicien Arcuel 9 septembre 2011 11:56

            Je crois que je vais devoir faire comme avec mes enfants... Eh oh ! C’est une blague. Une fiction. Et puis vous savez bien que maman ne ronfle pas smiley


            • kheops kheops 9 septembre 2011 15:42

              Oui, je l’avais bien pris comme tel et j’ai d’ailleurs utilisé le terme de « chute », comme dans les nouvelles. Et je le redis, le texte est bien écrit et très drôle...


            • Jafar Spitilik Jafar Spitilik 9 septembre 2011 16:16

              Oui, je l’avais compris aussi... Je ne faisais qu’apporter un peu de vécu et de concret pour t’aider à parfaire le profil psychologique de ton héroïne... afin de développer l’histoire, si l’envie t’en prenait, car elle le mérite vraiment.

              Et ton auto-dérision serait d’autant plus piquante que le portrait de la femme serait outrancier et monstrueux - d’où mon outrance (qui ne fait rire que moi visiblement...) Dans le genre « vagina dentata qui montre les crocs », si tu vois ce que je veux dire...

              Par ailleurs, si je puis me permettre, en toute amitié et à mon humble avis, tu abuses un peu des parenthèses et des apartés de toutes sortes, ce qui tend à nuire à la fluidité du récit et à la, par ailleurs, parfaite clarté de ton style.

              Je dis ça, je dis rien...

               smiley


            • Félicien Arcuel Félicien Arcuel 10 septembre 2011 01:20

              @kheops @jafar (merci pour les parenthèses, ceci dit entre parenthèses, c’est un péché mignon assumé pour cette histoire mais je note) je ne doute pas que certains avaient compris mais si je relis certains autres commentaires, visiblement, pas tous

               smiley

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