AMAP : une demande dans les classes aisées
S’alimenter sainement avec des produits issus directement de l’agriculture est une tendance particulièrement dans l’air du temps mais elle semble ne concerner qu’une population éduquée et se recrutant plus volontiers chez les quadras.
Les AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) sont un mode de plus en plus répandu d’approvisionnement des ménages en fruits et légumes frais, souvent cultivés en agriculture biologique. Ces relations directes entre agriculteurs et consommateurs créent à nouveau du lien social et permettent de redécouvrir les vertus d’une alimentation liée aux saisons. Mode d’alimentation, les AMAP ont aussi des vertus éducatives et citoyennes. Elles ont le vent en poupe aujourd’hui. L’AMAP de Sèvres (Hauts-de-Seine), la « sardine verte » est victime de son succès.
De nombreux foyers ont demandé à y adhérer et la situation est devenue rapidement saturée. Les initiateurs de la « sardine verte » ont encouragé les habitants des villes environnantes : Chaville, Meudon, Issy-les-Moulineaux, etc., à fonder leur propre AMAP. À Chaville, en moins de deux semaines, plus de trente familles se sont déclarées intéressées pour faire partie d’une AMAP. C’est ainsi qu’a été fondée « Ah ma pomme ! » qui débutera ses activités les premiers jours de décembre. Il semble que si les fondateurs de l’AMAP de Chaville poursuivaient un recrutement très actif, eux aussi, ils seraient rapidement débordés. En effet, au-delà d’une trentaine de familles, ce type d’association devient difficile à gérer et perd de son caractère convivial. Il faut, en outre, trouver, en région parisienne, un local capable d’accueillir les adhérents lorsqu’ils viennent chercher leurs fruits et légumes. La sagesse veut donc qu’on multiplie les associations plutôt que de monter « des usines à gaz ».
Dans les objectifs que se sont fixés les créateurs du mouvement AMAP, figure en bonne place la volonté de permettre à des familles à faible revenu de pouvoir accéder à ces produits alimentaires. La composition du groupe chavillois révèle une grande homogénéité d’origine sociale : profs, cadres, professions intellectuelles, etc. La classe d’âge est aussi révélatrice, la plupart des futurs adhérents ont au moins quarante ans. La question reste donc entière de savoir comment intéresser d’autres catégories sociales et surtout comment financer leur accès à cette nourriture de qualité, qui reste néanmoins onéreuse. On m’objectera que les prix pratiqués par les AMAP sont du même ordre que ceux qu’on rencontre sur les marchés ou dans la distribution. Mais objectivement, les fruits et légumes sont chers, et correspondent à des modes de consommation traditionnels. Encore plus dans le cadre d’une AMAP. Il faut accepter le rythme des saisons et ne pas vouloir de raisins à Noël ou de cerises à Pâques. Il faut accepter également la nature brute des produits avec de la terre, des fanes, voire d’éventuelles limaces ! Il est évident que si le prix est un frein, ce n’est pas le seul.
Il revient donc aux AMAP de se faire connaître et de faire des efforts pédagogiques vis-à-vis des populations qui rejettent ce mode d’alimentation. Notamment auprès des plus jeunes familles au mode de vie très urbain donc facilement attirées par les offres de l’industrie agroalimentaire pour des plats tout préparés, dans lesquels il est difficile de retracer l’origine agricole des composants.
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